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Il y a des audiences où l'on cherche du répit dans chaque silence. Où l'on suffoque d'un manque d'air et de pudeur. Mardi après-midi devant les assises des Yvelines, les sous-entendus étaient plus terribles que les mots. La vérité plus odieuse une seconde après l'autre. L'accusé, Thierry D., 52 ans, ancien directeur d'une maison de retraite, est jugé pour tourisme sexuel. Soixante-six victimes dénombrées par les enquêteurs depuis le début des années 2000, en Tunisie, en Égypte, puis au Sri Lanka, où Thierry D. s'invitait dans des maisons pour quelques milliers de roupies. Soit environ trois euros pour libérer ses fantasmes avec de très jeunes enfants et pour s'arroger le droit d'immortaliser ses vices dans des photos et des vidéos échangées sur le Web.
Mardi, à l'audience, il y a ces images – atroces – projetées sur grand écran, et l'informaticien qui les commente d'une voix monotone : « Ça fait partie du top 3 des dossiers que j'aie eu à traiter. » Puis il y a ces visages d'enfants abusés exposés en plan rapproché dans la salle des assises. Délicate attention qui nous permet de tout imaginer sans rien voir. Sur les photos, les gamins sourient ou grimacent. Ils n'ont pas douze ans avec leur gueule d'ange. Enfin, il y a l'accusé. Un visage blanc pâle qui vire régulièrement au vert. Deux petits yeux noirs enfoncés dans leur cavité orbitale qui fixent chaque image sans frémir. Thierry a l'habitude. Ces images, il les regardait entre quatre et cinq fois par semaine, chez lui en France, entre deux « voyages » ou, comme il les appelait, « missions humanitaires ».
« La vérité, c'est qu'il est pédophile »
Depuis son box des accusés, il explique. Longuement. Ne s'interrompant qu'après une heure entière, la voix saccadée et qui dégouline de honte. « Il n'y avait pas une question d'âge particulier, soutient-il. Ça a été quelque chose de très progressif. J'étais dans une forme de recherche de sexualité que je ne connaissais pas. » Thierry D. raconte à quel point il était « fasciné » par le fait que tous ces enfants viennent à lui, sur la plage ou dès sa sortie de l'hôtel. « Ça paraissait tellement facile, ose-t-il. Ils me disaient qu'ils avaient besoin d'écrire une lettre en français. C'était leur argument. » Aux enfants qu'il soumet, Thierry D. inflige des sévices immondes. Son truc à lui, c'est de mettre en fond sonore la musique des Enfoirés pendant qu'il filme ses ébats.
Le procédé est toujours le même : « On va dans une maison, on voit que les propriétaires s'en vont. On ne sait pas quand ils vont revenir... On a une forme de facilité qui trouble le discernement », dit-il. En France, Thierry D. refoule son homosexualité et s'invente une autre vie. Dans la maison de retraite, ses collègues le croient marié et père de famille. « La vérité, c'est qu'il est pédophile. […] C'est un prédateur manipulateur », avance une avocate qui représente une association de victimes. Mardi à l'audience, Thierry D. a dit ne pas se reconnaître dans cette « forme de méchanceté » : « Je me cachais derrière cette idée que s'ils [les enfants, NDLR] ne voulaient pas, ils pouvaient toujours s'en aller. »
« Je n'ai pas ma place dans la société »
Puis, enfin, boudiné dans son pull marron et son pantalon kaki, Thierry D. a craqué. : « J'ai pas ma place dans la société, je sais pas... J'ai l'impression… Qu'il y a quelqu'un d'autre à côté. Je veux bien tout dire, tout reconnaître. Mais cette question du pourquoi, tant que je ne sais pas y répondre… Je voudrais vraiment comprendre ce que je suis. » Et l'accusé d'ajouter : « Les victimes, elles sont là. Tous les jours. Tout le temps. Je ne veux pas de chiffre. Ce chiffre me fait peur. Soixante-six, c'est complètement fou. Il me fait peur. Il me fait peur, ce chiffre. » La réaction, foudroyante, est venue de Me Emmanuel Daoud, un des avocats des parties civiles : « Je tiens à vous dire que si vous vous considérez comme un monstre, je ne vous poserai pas de question. […] Je m'adresse à vous, monsieur, parce que vous êtes un homme. »
Mercredi matin, le parquet a requis 18 ans de prison. Le délibéré est attendu dans la journée.
Lorsqu'on est capable de tenir un raisonnement aussi aberrant que celui d'un vieil homme à propos de la banalité des mères-porteuses, telles des " ouvrières " qui prêtent leurs utérus faute d'argent pour nourrir leur maisonnée, tout acte est envisageable de la part de pervers au raisonnement aussi " supérieur".
Il est des êtres qui sont certains que leur seule personne en vaut des milliers.
On en trouve chez les esclavagistes, les macs, les exploiteurs de travail de petits enfants, ou de leur chair fraîche...
Pour eux ce sont des objets vivants.
Des objets de consommation.
On a pas entendu très brièvement parler d affaires similaires pour certains hommes de gauche friqués ? J hésité à citer des noms de peur d être censurée... En tous cas c était dans les mêmes endroits. Ignoble. Aucune excuse.
La peine est largement insuffisante ! 52 ans + 18 ans - les remises de peine =... Même pas 70 ans et à ces âges là, ils ne sont pas calmés pour autant. Et tant que les suivis ne seront pas plus fermés, surtout s'ils s'installent là-bas ?