Info France Bleu 107.1 | Patrick Balkany de nouveau dans le viseur de la chambre régionale des comptes
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La gestion du député maire de Levallois est de nouveau étrillée par la chambre régionale des comptes dans un rapport que France Bleu 107.1 a pu se procurer. Des proches de Patrick Balkany semblent avoir profité des largesses de la SEMARELP, une société satellite de la commune.
Après avoir étrillé la gestion de la ville de Levallois en février dernier, les juges de la chambre régionale des comptes d'Ile-de-France n'en ont pas fini avec Patrick Balkany. Le rapport qu'ils viennent de rendre sur la gestion de la SEMARELP, qui sera rendu public lundi prochain mais que nous avons pu consulter, pointe une nouvelle fois les dérives du "système Balkany". Cette société satellite de la ville de Levallois (détenue à 80% par la commune) est son bras armé en matière de politique immobilière. Et si l'on en croit les juges, les millions d'euros qu'elle brasse (dans la ville la plus dense en Europe !) servent aussi manifestement à soigner les proches du député-maire (LR) de Levallois.
Des dirigeants grassement payés
Jusqu'à 30 000 euros par mois ! C'est ce qu'a pu toucher dans ses meilleures périodes Jean-Pierre Aubry, le directeur général de la SEMARELP. De 2009 à 2014, ses revenus se sont élevés à près de deux millions d'euros bruts. Un niveau de rémunération très inhabituel pour ce genre de poste, mais qui peut s'expliquer par la proximité de cet homme avec Patrick Balkany. Cet ancien gardien de gymnase est devenu au fil du temps son homme de confiance, au point d'être mis en examen avec lui dans l'affaire de corruption et de fraude fiscale présumées qui lui vaut quelques tracas. Une mise en examen qui a d'ailleurs poussé Jean-Pierre Aubry à démissionner de la SEMARELP en 2014, non sans toucher une prime exceptionnelle de 48 000 euros ! Son adjoint d'alors, Michel Perez, qui l'a depuis remplacé, n'a pas eu à se plaindre non plus. Il touchait à peine moins que son patron. Grâce à leurs fonctions, les deux hommes ont également pu participer à des opérations immobilières dans des conditions très avantageuses qui ont suscité quelques interrogations chez les juges. Dans un précédent rapport, la chambre avait ainsi expliqué Jean-Pierre Aubry et Michel Perez avaient permis à certains de leurs proches d'obtenir des appartements à prix "d'ami"...
D'autres cadres de la SEMARELP gagnent également très bien leur vie pour des fonctions parfois mal définies comme ce directeur de la sécurité dont la société a eu beaucoup de mal à justifier les missions. La directrice de la communication, avec des émoluments supérieurs à 6000 euros par mois, touche nettement plus que la moyenne du marché. Enfin, les juges s'interrogent sur le cas de cet ancien directeur des marchés publics, licencié par la SEMARELP en 2014, et qui revient dans la société en tant que prestataire de service. L'entreprise qu'il a créé entretemps s'est vue confier la mission de... gérer les marchés publics !
Des élus particulièrement choyés
Les 10 élus du conseil municipal qui siègent au conseil d'administration n'ont pas été oubliés. Pour des fonctions qui sont loin de les occuper à plein temps, tous touchent des jetons de présence dont l'inflation a attiré l'attention de la chambre régionale des comptes. Les administrateurs se sont augmenté de 130% en 2014, alors même que le résultat de la SEMARELP était déficitaire. Isabelle Balkany, qui a succédé à son mari, peut ainsi toucher jusqu'à 5 000 euros par mois en tant que présidente, voiture de fonction incluse. Pour d'autres élus du conseil municipal, siéger à la SEMARELP représente un intéressant complément de revenus, de 1 000 à 2 000 euros mensuels. Sans compter les avantages associés : un adjoint au maire de Levallois s'est ainsi fait rembourser 43 000 euros de frais en 4 ans, pour l'essentiel sans justification.
Des entreprises favorisées ?
La chambre a également relevé les relations douteuses que la SEMARELP entretient avec quelques entreprises, souvent les mêmes, bénéficiaires des marchés qui accompagnent la frénésie immobilière qui s'est emparée de Levallois depuis que Patrick Balkany en est devenu le maire. Les juges s'étonnent de voir ces entreprises remporter des contrats grâce à des offres moins disantes... dont la facture explose au fil de la réalisation du marché. Certains contrats ont ainsi fait l'objet de 13 avenants pour finir 30% au dessus du prix annoncé. Le rapport s'étonne également d'appels d'offres passés en plein mois d'août qui pourraient avoir favorisé une entreprise. Ou de constater que les dirigeants de la SEMARELP mangeaient au Martinez, à Cannes, avec les dirigeants d'un cabinet d'architecte avant même que ceux-ci n'aient officiellement remporté un marché.
Des tours jamais construites... qui laissent un trou
Enfin, le rapport revient sur l'opération avortée de construction de deux tours jumelles de 150m à Levallois. Porté par le milliardaire saoudien Mohamed bin Issa Al-Jaber, ce projet devait rapporter 118 millions d'euros à la commune lors de sa présentation en 2008. Finalement, les tour ne verront jamais le jour, et le manque à gagner pour la ville de Levallois pourrait s'élever à 100 millions d'euros. Mohamed bin Issa Al-Jaber est par ailleurs soupçonné d'avoir versé une commission occulte dans le cadre de ce projet. Il a été mis en examen pour corruption active, dans le cadre de l'énorme dossier d'instruction qui vise Patrick Balkany. L'homme d'affaires a également été condamné en 2011 à payer 20 millions d'euros à la SEMARELP pour n'avoir pas tenu ses engagements. Etrangement, la SEM a renoncé à cette créance.
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