Capture d'écran.

Un reportage Complément d'enquête, sur France 2, a été interdit par la justice en raison des accusations portées à l'encontre d'un patron d'entreprise. Capture d'écran.

France 2

En urgence, la chaîne a dû revoir sa copie. France 2 s'est vu interdire par décision de justice de diffuser ce jeudi soir un reportage évoquant des accusations de harcèlement sexuel visant le patron d'une grande entreprise, à moins que toute référence à ce dernier ne soit supprimée.

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Afin de se conformer à cette décision, la chaîne va diffuser comme prévu le reportage dans l'émission Complément d'enquête mais dans une version anonymisée, a déclaré l'avocat de la chaîne Eric Andrieu. Dans sa décision, la juge des référés [procédure d'urgence] a considéré que la diffusion du numéro tel quel porterait atteinte à la présomption d'innocence et à la vie privée de l'homme visé par les accusations de harcèlement sexuel.

Respect de la "présomption d'innocence"

Les faits sont d'ailleurs fermement contestés par l'intéressé, selon son avocat Olivier Baratelli. Craignant que l'émission ne "donne une exposition médiatique de grande ampleur à ce qu'ils considèrent relever d'une 'tentative de déstabilisation' de la société à travers son dirigeant actuel", il a demandé et obtenu dans un premier temps de pouvoir visionner le reportage litigieux, avant de demander son interdiction.

Dans son ordonnance, la juge du tribunal de grande instance de Paris considère que "le respect de la présomption d'innocence [...] s'oppose à ce qu'une personne soit, sur un reportage d'une dizaine de minutes, publiquement désignée comme coupable des faits faisant l'objet d'une information judiciaire, avant même qu'elle ait pu s'exprimer devant le juge d'instruction sur les faits qui lui sont reprochés".

Des messages en tant que preuve

Quant à la lecture de messages à connotation sexuelle qu'il aurait adressés à celle qui a porté plainte pour harcèlement sexuel, elle "porte à l'évidence atteinte au respect dû à sa vie privée", estime la juge. France Télévisions avait immédiatement fait appel de cette décision rendue en début d'après-midi, mais selon Me Andrieu, l'huissier qui s'est présenté au siège de l'entreprise où l'on a "refusé de prendre l'assignation".

Sur fond d'affaire Denis Baupin, l'émission promet une enquête sur "un tabou qui était en train de se briser" et donne la parole à des hommes politiques et salarié(e)s d'entreprises qui se disent victimes d'harcèlement sexuel au quotidien.

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