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Musulmans et homosexuels, envers et contre tout

portfolio Interpellée par le sort réservé aux homosexuels dans la plupart des Etats de culture musulmane, la photographe allemande Lia Darjes a, de 2013 à 2015, recueilli les témoignages de musulmans gay.

Publié le 21 juin 2016 à 19h53, modifié le 23 juin 2016 à 15h19
  • Cherine, Samira, Joey, Jason… Ils vivent aux Etats-Unis, au Canada, en France et sont de confession musulmane. Par choix, par tradition familiale. Comment vivent-ils leur homosexualité ? La photographe allemande Lia Darjes a recueilli leurs témoignages. Jason, à Los Angeles. « Il y a deux ans, quand je me suis converti à l'islam, je ne me suis pas posé la question de l'homosexualité. Puis j'ai cherché à savoir ce que le Coran et l'islam en disaient. Tout était vraiment très négatif. Ça m’a perturbé. Homosexuel, pas marié, je péchais doublement… »

    Cherine, Samira, Joey, Jason… Ils vivent aux Etats-Unis, au Canada, en France et sont de confession musulmane. Par choix, par tradition familiale. Comment vivent-ils leur homosexualité ? La photographe allemande Lia Darjes a recueilli leurs témoignages. Jason, à Los Angeles. « Il y a deux ans, quand je me suis converti à l'islam, je ne me suis pas posé la question de l'homosexualité. Puis j'ai cherché à savoir ce que le Coran et l'islam en disaient. Tout était vraiment très négatif. Ça m’a perturbé. Homosexuel, pas marié, je péchais doublement… » Lia Darjes/Picturetank

  • Cherine, à Los Angeles .  « Je suis une femme transsexuelle et transgenre. Je vais avoir 38 ans. J'ai grandi aux Etats-Unis dans une famille d'origine égyptienne. Culturellement, je me définis comme musulmane mais je n'ai plus la foi, même si j'ai toujours le sentiment d'appartenir à la communauté musulmane. Quand je vois ces gens qui se disent musulmans mais qui font le mal, comme à New York en 2001 ou à Paris récemment, je ne veux pas être associée avec des individus qui commettent de tels actes. Mon statut de transgenre n’y est pour rien. Je veux être un modèle. »

    Cherine, à Los Angeles .  « Je suis une femme transsexuelle et transgenre. Je vais avoir 38 ans. J'ai grandi aux Etats-Unis dans une famille d'origine égyptienne. Culturellement, je me définis comme musulmane mais je n'ai plus la foi, même si j'ai toujours le sentiment d'appartenir à la communauté musulmane. Quand je vois ces gens qui se disent musulmans mais qui font le mal, comme à New York en 2001 ou à Paris récemment, je ne veux pas être associée avec des individus qui commettent de tels actes. Mon statut de transgenre n’y est pour rien. Je veux être un modèle. » Lia Darjes/Picturetank

  • A Londres, après une prière  dans un parc à l’occasion de l’aïd.

    A Londres, après une prière  dans un parc à l’occasion de l’aïd. Lia Darjes / Picturetank

  • Samira, à Toronto.  « Je viens d’un pays où l’homosexualité est passible de la peine de mort. En 1979, au début de la révolution islamique, ma famille a immigré au Canada, où j’ai grandi dans un univers plutôt laïque. Je n’ai pas vraiment fait de coming-out, je crois que mes parents ont toujours su que j’étais lesbienne. Pourquoi les gens ne peuvent-ils pas comprendre qu’il existe différentes façons d’être musulman ? Pourquoi sont-ils capables de l’accepter pour le christianisme et le judaïsme, et pas pour l’islam ? »

    Samira, à Toronto.  « Je viens d’un pays où l’homosexualité est passible de la peine de mort. En 1979, au début de la révolution islamique, ma famille a immigré au Canada, où j’ai grandi dans un univers plutôt laïque. Je n’ai pas vraiment fait de coming-out, je crois que mes parents ont toujours su que j’étais lesbienne. Pourquoi les gens ne peuvent-ils pas comprendre qu’il existe différentes façons d’être musulman ? Pourquoi sont-ils capables de l’accepter pour le christianisme et le judaïsme, et pas pour l’islam ? » Lia Darjes / Picturetank

  • A Los Angeles, moment de détente dans un groupe gay musulman.

    A Los Angeles, moment de détente dans un groupe gay musulman. Lia Darjes/Picturetank

  • Amin, à Los Angeles.  « Quand on se fait à l'idée qu'on est gay et que la religion – ou l'interprétation qu'on en fait – nous dit qu'on est dans le péché, on s'aperçoit qu'il y a quelque chose qui cloche. Pourquoi un dieu bienveillant, omniscient, créerait-il des hommes comme ça pour ensuite les traiter sans compassion ou nier leur existence ? Il y a quelque chose qui ne va pas. »

    Amin, à Los Angeles.  « Quand on se fait à l'idée qu'on est gay et que la religion – ou l'interprétation qu'on en fait – nous dit qu'on est dans le péché, on s'aperçoit qu'il y a quelque chose qui cloche. Pourquoi un dieu bienveillant, omniscient, créerait-il des hommes comme ça pour ensuite les traiter sans compassion ou nier leur existence ? Il y a quelque chose qui ne va pas. » Lia Darjes/Picturetank

  • Un arbre de photos : la famille et les amis de Ludovic, à Paris. « En 2012, je n'ai pas trouvé en France un seul imam  qui accepte de célébrer les funérailles d’un musulman transsexuel. J’ai alors fondé une mosquée ouverte à tous à Paris. A la fois gay, arabe et musulman, être à la croisée de plusieurs minorités m’a ouvert les yeux sur les discriminations dont celles-ci font les frais. »

    Un arbre de photos : la famille et les amis de Ludovic, à Paris. « En 2012, je n'ai pas trouvé en France un seul imam  qui accepte de célébrer les funérailles d’un musulman transsexuel. J’ai alors fondé une mosquée ouverte à tous à Paris. A la fois gay, arabe et musulman, être à la croisée de plusieurs minorités m’a ouvert les yeux sur les discriminations dont celles-ci font les frais. » Lia Darjes/Picturetank

  • El-Farouk et son mari Troy, à Toronto (cofondateurs de la mosquée Toronto Unity). « La religion sert d’instrument pour signifier, entre autres, aux gens qu’ils sont dans le péché. Quand vous êtes gay et que vous grandissez dans une famille juive, chrétienne ou musulmane conquise à ce genre d’interprétation, la violence spirituelle consiste à vous bourrer le crâne avec l’idée que vous avez un défaut terrible, irrémédiable. C’est pourquoi les gays finissent souvent par perdre la foi. Je suis aujourd’hui à un stade plutôt heureux de mon parcours, mais le chemin n’a pas toujours été facile. »

    El-Farouk et son mari Troy, à Toronto (cofondateurs de la mosquée Toronto Unity). « La religion sert d’instrument pour signifier, entre autres, aux gens qu’ils sont dans le péché. Quand vous êtes gay et que vous grandissez dans une famille juive, chrétienne ou musulmane conquise à ce genre d’interprétation, la violence spirituelle consiste à vous bourrer le crâne avec l’idée que vous avez un défaut terrible, irrémédiable. C’est pourquoi les gays finissent souvent par perdre la foi. Je suis aujourd’hui à un stade plutôt heureux de mon parcours, mais le chemin n’a pas toujours été facile. » Lia Darjes/Picturetank

  • Daayie, imam à Washington. « En tant qu'imam ouvert et homosexuel, je comprends les souffrances des gays musulmans. Je me suis converti il y a 34 ans. L'islam n'est pas uniquement une religion ou une croyance, c'est aussi un projet de vie qui dépend de la culture environnante. A partir du moment ou Allah démontre que la création est un lieu d'une grande diversité, la question est : la respectons-nous ? »

    Daayie, imam à Washington. « En tant qu'imam ouvert et homosexuel, je comprends les souffrances des gays musulmans. Je me suis converti il y a 34 ans. L'islam n'est pas uniquement une religion ou une croyance, c'est aussi un projet de vie qui dépend de la culture environnante. A partir du moment ou Allah démontre que la création est un lieu d'une grande diversité, la question est : la respectons-nous ? » Lia Darjes / Picturetank

  • Saadiya, à Toronto. « Être homosexuelle et musulmane, pour moi, cela veut dire que je peux être celle que Dieu a voulu que je sois : une femme instruite et compatissante qui aime son prochain. J’ai longtemps pensé que c’était une chose négative, mais plus j’en ai appris sur moi-même, plus j’en ai appris sur la communauté LGBT, et plus j’ai compris que nous sommes comme tout le monde. Nous avons les mêmes besoins que les autres. Nous avons les mêmes droitsque tout le monde. »

    Saadiya, à Toronto. « Être homosexuelle et musulmane, pour moi, cela veut dire que je peux être celle que Dieu a voulu que je sois : une femme instruite et compatissante qui aime son prochain. J’ai longtemps pensé que c’était une chose négative, mais plus j’en ai appris sur moi-même, plus j’en ai appris sur la communauté LGBT, et plus j’ai compris que nous sommes comme tout le monde. Nous avons les mêmes besoins que les autres. Nous avons les mêmes droitsque tout le monde. » Lia Darjes/Picturetank

  • Joey, à Los Angeles. « En tant que musulman, j'ai le sentiment que c'est un fait, que c'est ainsi que j'ai été créé.  Que mes frères et mes sœurs ont tort de me dire que je suis une abomination. Parce que c'est ma nature, c'est ainsi qu'Allah m'a créé. Malgré tout, il y a toujours une petite voix au fond de moi qui me dit : “Je suis haram !” (interdit). »

    Joey, à Los Angeles. « En tant que musulman, j'ai le sentiment que c'est un fait, que c'est ainsi que j'ai été créé.  Que mes frères et mes sœurs ont tort de me dire que je suis une abomination. Parce que c'est ma nature, c'est ainsi qu'Allah m'a créé. Malgré tout, il y a toujours une petite voix au fond de moi qui me dit : “Je suis haram !” (interdit). » Lia Darjes /Picturetank

  • Sara, à New York. « J’ai  29 ans, je suis artiste et auteure. Etre homosexuelle dans une communauté musulmane, cela ne m’a jamais posé problème. Le problème, c'est plutôt l’islamophobie à laquelle je suis confrontée dans certains lieux gays où les gens croient parfois qu'il n'est pas possible d'être à la fois homosexuelle et musulmane. »

    Sara, à New York. « J’ai  29 ans, je suis artiste et auteure. Etre homosexuelle dans une communauté musulmane, cela ne m’a jamais posé problème. Le problème, c'est plutôt l’islamophobie à laquelle je suis confrontée dans certains lieux gays où les gens croient parfois qu'il n'est pas possible d'être à la fois homosexuelle et musulmane. » Lia Darjes/Picturetank

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Cherine, Samira, Joey, Jason… Ils vivent aux Etats-Unis, au Canada, en France et sont de confession musulmane. Par choix, par tradition familiale. Comment vivent-ils leur homosexualité, interdite dans la lecture rigoriste du Coran ? La photographe allemande Lia Darjes a recueilli leurs témoignages.

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