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La langue anglaise va-t-elle perdre sa place au sein de l'Union européenne?

Jean-Luc Mélenchon, lors d'une allocution après le Brexit, le 24 juin 2016.

Jean-Luc Mélenchon, lors d'une allocution après le Brexit, le 24 juin 2016. - Capture d'écran BFMTV.

A l'issue du référendum du 23 juin, les Britanniques ont choisi de sortir de l'Union européenne. Par conséquent, Jean-Luc Mélenchon et Robert Ménard ont appelé, dans deux genres bien distincts, les institutions européennes à y repenser à deux fois avant de s'exprimer en anglais. Il y a pourtant des raisons pour que la langue de Shakespeare garde sa position.

Et si la langue anglaise perdait de sa superbe en Europe après la décision britannique de quitter l’Union européenne? Certains hommes politiques français, en tout cas, ont d’ores et déjà soulevé la question. Robert Ménard, maire d’extrême droite de Béziers, et Jean-Luc Mélenchon, leader du Parti de Gauche, ont tous deux appelé à tirer les conséquences linguistiques du Brexit…mais sur deux registres bien différents.

24 langues officielles au Parlement européen

L’ancien journaliste Robert Ménard a ainsi déclaré que "l’anglais n’avait plus aucune légitimité à Bruxelles". La formule semble d’autant plus facilement réfutable qu’elle est péremptoire. Bruxelles est le siège des institutions européennes et de certaines séances du parlement européen. Or ledit parlement, par exemple, pratique ce qui est appelé le "multilinguisme intégral": en d’autres termes, tous les documents produits par l'hémicycle et toutes les discussions engagées entre les membres de l'assemblée sont traduits dans toutes les langues officielles reconnues par l’institution.

Il existe aujourd’hui 24 langues officielles sur les bancs des hémicycles de Strasbourg et de Bruxelles. Pour qu’une langue européenne acquiert ce statut, il lui faut être une des langues officielles d’un Etat-membre et que celui-ci demande que sa langue soit inscrite au registre.

Or, cela a peut-être échappé à l’édile biterrois mais certains Etats-membres anglophones seront toujours bel et bien membres de l’Union européenne après le départ des Britanniques: l’Irlande et l’île de Malte. A ce titre au moins, l’anglais sauve "donc sa légitimité à Bruxelles".

L'anglais est une langue de travail de la Commission européenne...et il devrait le rester

La revendication portée par Jean-Luc Mélenchon cible un point différent. Le tweet du candidat à la présidentielle est ainsi libellé.

L’ancien ministre du gouvernement Jospin commet une approximation. L’anglais n’est pas une langue de travail du Parlement européen dans la mesure où le multilinguisme intégral prévaut (bien qu’il soit précisé ici qu’il arrive que ce principe soit assoupli lors de certains travaux préparatoires des députés européens). En revanche, il a bien ce statut pour certaines institutions, comme la Commission européenne. Et il devrait le demeurer, selon toutes vraisemblances.

En effet, si le français, l’anglais et l’allemand sont des langues de travail c’est pour partie en raison du poids des nations où l’idiome est pratiqué. Mais il ne s’agit pas de l’unique explication. La tradition historique importe aussi aux yeux des institutions et la langue de Shakespeare et de Milton a quelques arguments à faire valoir de ce côté-là.

Enfin, cette dernière a l’avantage d’être pratique, ce que les organisme bruxellois disposant de langues de travail n’ignorent pas. En 2012, la Commission européenne rédigeait un rapport dans lequel il était établi que 38% des européens provenant de pays non-anglophones parlaient anglais. Une statistique qui fait de l’anglais la langue la plus parlée de l’Union européenne. 

R.V