Menu
Libération
SPM

Des scientifiques ont enfin compris pourquoi les femmes ont mal pendant leurs règles

Une étude américaine menée sur près de 3 000 femmes met en évidence le rôle d'une protéine dans l'apparition du syndrome prémenstruel, qui provoque chez environ huit femmes réglées sur dix douleurs abdominales, migraines, nausées, sautes d’humeur et autres joyeusetés.
par Juliette Deborde
publié le 21 juin 2016 à 18h23

Les règles, ça fait mal, mais on n'a jamais vraiment su – ou cherché à savoir – pourquoi. Environ huit femmes réglées sur dix sont affectées par le syndrome prémenstruel (dit SPM, ou PMS chez les Anglo-Saxons), et doivent affronter douleurs abdominales, migraines, nausées, sautes d'humeur et autres joyeusetés dans les jours qui précèdent leurs règles. Les raisons biologiques de ces manifestations restaient jusqu'alors peu connues, mais une étude, publiée dans le Journal of Women's Health il y a quelques jours, pourrait changer la donne.

L'étude scientifique, menée sur 3 302 femmes et qualifiée de «révolutionnaire» par le quotidien britannique The Independent, suggère que ces symptômes sont provoqués par une inflammation aiguë, liée à la présence d'une protéine, la protéine C réactive, connue sous le nom de CRP. Cette protéine, synthétisée par le foie, apparaît dans le sang en cas d'inflammation de l'organisme, et son taux est généralement mesuré pour évaluer les risques de maladies cardiovasculaires, d'AVC et de crise cardiaque. Or, selon les chercheurs de l'université de Californie à Davis, à l'origine de l'étude, les femmes qui souffrent de syndrome prémenstruel ont de hauts niveaux de cette protéine dans le sang.

Des conséquences dans le traitement et la prévention du SPM

«Les troubles de l'humeur, les crampes abdominales, dorsales et à la poitrine, les fringales et la prise de poids, les sensations de ballonnements» (bref, tous les symptômes, à l'exception des maux de tête), apparaissent «sensiblement et positivement» liés à des hauts niveaux de cette protéine, écrivent les chercheurs, qui ajoutent que des études plus approfondies sont nécessaires pour déterminer le rôle exact de la protéine pour chaque symptôme.

Les auteurs de l'étude espèrent que leurs conclusions permettront d'aider le corps médical à mieux accompagner les femmes (et les hommes transgenres) sujets au SPM, en leur prescrivant des médicaments anti-inflammatoires plus adaptés, et en leur recommandant d'éviter certains comportements pouvant favoriser le déclenchement de l'inflammation, comme le tabagisme, le surpoids et l'obésité.

Cette étude fait figure d'exception, le sujet des règles douloureuses suscitant habituellement peu d'intérêt des chercheurs. En février dernier, le docteur John Guillebaud, qui enseigne à l'University College London, avait relancé le débat, rappelle the Independent, en affirmant que les douleurs ressenties pendant les règles pouvaient être aussi violentes que celles ressenties lors d'une crise cardiaque, et qu'il fallait se saisir de ce sujet, trop longtemps négligé par la recherche médicale.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique