Brexit : à quoi sert le défilé de personnalités politiques à l'Élysée ?

Le président de la République a écouté les propositions des personnalités de l'opposition et de la majorité. Des entretiens à l'utilité discutable.

(avec AFP)

François Hollande a reçu Nicolas Sarkozy pour entendre les propositions du président de LR après le Brexit britannique.
François Hollande a reçu Nicolas Sarkozy pour entendre les propositions du président de LR après le Brexit britannique. © AFP

Temps de lecture : 5 min


Cambadélis, Sarkozy, Mélenchon, Le Pen... Le défilé des leaders politiques n'a pas cessé ce samedi à l'Élysée où François Hollande effectuait samedi un tour d'horizon de l'ensemble des formations politiques représentées au Parlement pour préparer les initiatives françaises post-Brexit. Une consultation dont on peut se demander quelle en est la finalité. Dès le début de la journée, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, avait ironisé depuis Berlin au sujet des propositions de ses adversaires politiques : « il y en a qui, parce qu'ils sont dans le désarroi, ne savent pas quoi proposer. Ils disent traité, traité, d'autres disent constituanteréférendum ». « C'est plutôt des messages d'impuissance, a-t-il jugé. Il faut proposer des choses concrètes, acceptables par les 27 ».

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Premier interlocuteur du chef de l'État, le patron du PS .Jean-Christophe Cambadélis l'a assuré sur le perron de l'Élysée, à l'issue de leur entretien : après avoir dit adieu à l'Union européenne, la Grande-Bretagne n'est plus en position de « fixer l'agenda de l'Europe ». « Il n'est pas temps de tergiverser », a-t-il poursuivi, manifestement pressé, à l'instar des institutions européennes, de voir Londres quitter le giron de l'Union.

LIRE aussi Brexit : les Britanniques soudain moins pressés que les Européens

« Traité », « référendum » et « constituante »

Les autres invités du chef de l'État ont fait état de leurs propositions pour sortir de la crise. Ainsi de Nicolas Sarkozy qui a, à la sortie, a jugé pour sa part « vital » que la France prenne « une initiative très forte » en faveur d'un nouveau traité européen. Elle serait selon lui le signe que les « peuples d'Europe comprennent qu'ils ont été entendus ».

Le cofondateur du Parti de gauche (PG), Jean-Luc Mélenchon, est sorti quant à lui « consterné » de son entretien avec le chef de l'État, qui était entouré du Premier ministre Manuel Valls et du ministre des Affaires étrangères Jean-Marc-Ayrault. Les propositions de François Hollande n'étaient, a-t-il déploré, « qu'une agitation et des bricolages ». Puis la présidente du Front national Marine Le Pen a profité de l'occasion pour réclamer de nouveau un référendum sur la sortie de la France de l'UE, essuyant une fin de non-recevoir de François Hollande. « Il ne sera tenu compte d'aucun des signaux lancés pourtant depuis déjà de nombreuses années » par les Européens et le peuple français, en a-t-elle conclu, repartant avec « le sentiment d'être venue pour rien ».

Le patron des centristes de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde a estimé que la sortie du Royaume-Uni de l'UE devait être « la plus rapide possible » et que la France devait être « à l'initiative » pour réfléchir à de nouveaux traités. Sylvia Pinel (Radicaux de gauche), David Cormand (EELV), Pierre Laurent (PCF), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), François Bayrou pour le MoDem et Jean-Christophe Lagarde (UDI) ont refermé cette série d'entretiens.

« Sécurisation des frontières »

Les écologistes d'EELV, par la voix du secrétaire national, David Cormand, attendent des « signaux forts », notamment l'interruption des discussions autour du Tafta, le traité de libre-échange négocié entre les États-Unis et l'UE. « Le temps est venu d'une refondation progressiste de l'Europe pour aller vers un nouveau traité de progrès social et écologiste », a renchéri le secrétaire national du PCF Pierre Laurent. Il a proposé une « conférence citoyenne nationale pour animer le débat public national sur les enjeux européens ».

Le président du MoDem, François Bayrou, a demandé à François Hollande « que la position de la France soit nette », concernant « la nouvelle organisation » et « le fait qu'il faut que la Grande-Bretagne entre dans le processus des nouveaux rapports et de la sortie ». Souhaitant que la France soit « active » et « apparaisse au sein de l'ensemble européen comme ayant une vision », François Bayrou a notamment proposé d'avancer vers « l'harmonisation sociale et fiscale », la « sécurisation des frontières », et appelé à remettre les citoyens au coeur des décisions politiques prises dans les instances européennes.

« J'avais rendez-vous avec le président de la République et j'ai été reçu par l'assistant de Mme Merkel », a de son côté raillé le souverainiste Nicolas Dupont Aignan, président de Debout la France, après avoir remis à François Hollande son « traité alternatif pour une Europe des nations et de la coopération » et avoir reçu une « fin de non-recevoir absolue ».

« Se concentrer sur l'essentiel »

Le chef de l'État sera lundi à Berlin pour y retrouver la chancelière allemande Angela Merkel et Matteo Renzi. Puis il participera mardi et mercredi à un sommet européen post-Brexit. Depuis vendredi, François Hollande a multiplié les entretiens avec les dirigeants étrangers, appelant à un « sursaut européen » après le choc du Brexit. Recevant samedi matin le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, il a appelé à une sortie « en bon ordre » de la Grande-Bretagne de l'UE, le Brexit soulevant selon lui « une interrogation pour toute la planète ». François Hollande s'était montré cependant encore plus tranchant la veille, souhaitant que cette sortie soit « rapidement appliquée ». Dans une allocution solennelle, François Hollande avait appelé vendredi à un « sursaut » européen pour parer le « choix douloureux » des Britanniques, tentant de placer la France au coeur d'un renouveau européen. Paris, avait-il assuré, sera « à l'initiative » pour faire face à une situation qu'il regrette « profondément » et qui met « gravement l'Europe à l'épreuve ».

« L'Europe ne peut plus faire comme avant », avait-il encore souligné, appelant désormais à « se concentrer sur l'essentiel », une feuille de route dont les têtes de chapitre seraient « l'investissement pour la croissance et pour l'emploi », l'« harmonisation fiscale et sociale » ainsi que « le renforcement de la zone euro et de sa gouvernance démocratique ».

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Commentaires (87)

  • couax

    Alors qu'eux memes ne représentent plus rien
    imaginons que des allogènes nous expliquent qu'un referendum devrait mis en oeuvre pour sortir Hollande...

  • guyh

    Je l'avais dit dans un commentaire aussi, c'est l'exacte vérité et j'ajoutais aussi que ce n'était pas pour lui déplaire, car elle se voir débarrassé de son principal adversaire, qui nous replonge dans un passé pas si lointain que cela, où une fois de plus le Royaume Uni s'était retrouvé seul pour s'opposer à l'hégémonie du Chancelier du III e Reich, un certain Adolf Hitler... En face ce sont les mêmes capitulards !

  • Senior en colère

    LA DESINDUSTRIALISATION

    Le BREXIT... Une comédie... L'Angleterre refuse les dictats allemands, elle retire ses billes ! Elle n'oublie pas qu'il n'y a pas si longtemps les allemands avaient voulu leur faire la peau
    Elle reprend toute son indépendance, l'Angleterre veut faire comme elle veut, avec qui elle veut et quand elle veut.
    L'Angleterre a décidé de reindustrialiser son territoire, de réfléchir aux alliances, de refaire son armée, sa Marine son aviation. Son nucléaire, le spatial etc. '.
    Courageux, ils ne veulent pas disparaître sans se battre.

    LA DESINDUSTRIALISATION, L'ENNEMI SILENCIEUX.