A Rodez, le musée Soulages bat tous les records

Inauguré en mai 2014, le musée Soulages de Rodez ne désemplit pas. Un succès au-delà des espérances, à l’inverse de la tendance générale.

Par Sophie Cachon

Publié le 26 juin 2016 à 16h00

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 02h48

Les petits musées de région le savent bien, faire venir les visiteurs a toujours été un challenge, à donner des sueurs froides aux élus locaux. A Rodez, ce fut le cas. En 2009, quand la communauté d’agglomération du grand Rodez fait réaliser un sondage sur son projet de musée Soulages, c’est la douche froide : 85 % des Ruthénois sont contre. Pas le moment, pas convaincus, trop cher, trop élitiste… bref, les gens ont beau aimer Pierre Soulages, l’artiste natif (en 1919) de la ville, certains doutent qu’un musée consacré à son œuvre puisse attirer les foules sur le long terme.

Mai 2014, le musée Soulages est inauguré en présence du président de la République. Le bâtiment, signé du cabinet d’architectes espagnols RCR, est constitué de cinq parallélépipèdes en Corten, un acier prenant une belle couleur rouille en vieillissant, réunis par des parties vitrées. Posée comme en équilibre sur une pente légère, cette architecture en suspension, superbement intégrée à l’austérité de la pierre locale, plaît d’emblé. A l’intérieur, les espaces immenses où l’on déambule dans la pénombre s’accordent à l’œuvre du maître de l’outre-noir, une prestigieuse collection racontant une vie de création, de ses débuts après-guerre jusqu’aux pièces de ces dernières années, les grands noirs aux textures épaisses.

Découvrir ainsi l’œuvre sur la longueur est un choc. Le public afflue. « Au départ, on misait sur quarante mille entrées, explique Benoit Decron, directeur du musée. Six mois plus tard, on dépassait les deux cent mille visiteurs. » Depuis deux ans, le musée Soulages, parallèlement à la collection permanente, multiplie les expositions consacrées à d’autres artistes que celui-ci – une volonté du peintre, stipulée clairement lors de ses différentes donations, pour ouvrir le regard à l’art du XXe siècle. Et ça marche.

En deux ans, le musée n’a pas désempli, totalisant à ce jour quatre cent dix mille visiteurs et se hissant au premier rang de fréquentation des musées de la région Midi Pyrénées, devant le musée Toulouse-Lautrec d’Albi. Un record aussi pour cette petite ville relativement enclavée, qui a vu son taux de création d’emploi grimper de plus de 32 % depuis l’ouverture de l’établissement et l’arrivée des visiteurs. « Si on refaisait le sondage aujourd’hui, ce serait sûrement l’inverse, car dans les faits, il est plébiscité à plus de 85 % », sourit Christian Teyssèdre, maire de Rodez et président de la communauté d’agglomération. Les élus ont eu des sueurs froides, mais dans ce cas, ça valait le coup.

Picasso au musée Soulages, à Rodez (12), jusqu’au 25 septembre 2016. Catalogue éd. Gallimard (176 p., 29 €). Tél. : 05 65 73 82 60.

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