Brexit : l'appel commun des maires de Londres et de Paris

Anne Hidalgo et Sadiq Kahn publient dans notre journal et le « Financial Times » une tribune commune. Leur credo : avec la sortie britannique de l'Europe, les deux villes doivent se rapprocher encore plus.

    L'idée d'une tribune —que notre journal publie conjointement ce matin avec le quotidien britannique « Financial Times » — est venue de Paris. Dans les jours qui précèdent le Brexit, le cabinet d'Anne Hidalgo juge nécessaire — quel que soit le résultat du référendum — de lancer une initiative commune avec le nouveau maire de Londres, Sadiq Kahn, élu en mai. La Française a beaucoup plus d'atomes crochus avec ce jeune travailliste issu de l'immigration qu'avec son prédécesseur, le conservateur Boris Johnson... qui a dirigé la campagne pour la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.

    Inquiet sur l'issue du référendum et déjà absorbé par ses suites possibles, le cabinet du maire de Londres accueille avec enthousiasme l'initiative de Paris mais préfère repousser au lendemain du vote. Depuis vendredi, la sortie du Royaume-Uni de l'Europe communautaire a provoqué un énorme choc dont les conséquences sont encore loin d'être connues.

    Pas de concurrence sauvage

    Au milieu de ce séisme, Londres se distingue du reste de l'Angleterre par son vote favorable à 60 % au maintien dans l'Union. Cela n'en rend que plus impératif, selon Anne Hidalgo, de réaffirmer la solidarité et la force des liens entre les deux grandes métropoles européennes. L'initiative prend donc la forme d'un appel commun des maires des deux capitales à « travailler ensemble plus étroitement que jamais », publié dans deux grands quotidiens de part et d'autre de la Manche.

    Il n'échappera à personne que ce plaidoyer vibrant en faveur des villes-monde, « contrepoids puissants face à la léthargie des Etats-nations et à l'influence des lobbys », prend le contre-pied des déclarations récentes de Valérie Pécresse. La présidente (les Républicains) de la région Ile-de-France a en effet ouvert les hostilités avec Londres en appelant haut et fort les entreprises qui voudraient quitter la capitale anglaise à s'installer dans Paris-région. Sans négliger les possibles retombées pour la capitale française, la socialiste Anne Hidalgo — auprès de qui des présidents de firmes internationales se sont renseignés ces dernières semaines en vue de s'installer à Paris — ne veut pas rentrer dans une concurrence sauvage avec Londres. Entre elle et Pécresse, deux philosophies de gouvernance s'opposent désormais clairement. Peut-être le début d'une longue bataille au sein de la région capitale.