Qui est Jean-Marc Morandini, l'animateur le plus controversé du PAF?

Qui est Jean-Marc Morandini, l'animateur le plus controversé du PAF?

Gamma-Rapho via Getty Images

L'arrivée de Jean-Marc Morandini sur iTélé, où il doit animer une émission d'information, fait des vagues. Sur Twitter, des internautes "prient" pour les journalistes de la chaîne, d'autres se demandent si Arthur ou Steevy Boulay ne vont pas suivre. Pourquoi Jean-Marc Morandini, 50 ans, qui sera sur NRJ12, Europe 1 et iTélé à la rentrée, est-il tant détesté?

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Tout remonte aux années 90 et à l'émission Tout est possible, sur TF1.

Tout est possible, "comme un porno"

Le programme, inédit en France, présente des "destins hors du commun". Exemples: Lolo Ferrari ou un aveugle qui découvre sa femme après avoir retrouvé la vue.

C'est le début de la trash tv, qui débouchera, quelque dix ans plus tard, sur C'est mon choix ou les premières émissions de télé-réalité, comme Loft Story. En 1996, Libérationparle de "crasse", de "dégoûtanterie" et compare Tout est possible à un "film porno".

Malgré des audiences record, l'émission s'interrompt en 1997. Jean-Marc Morandini ne reviendra à la télévision qu'en 2005.

Il profite de l'intervalle pour faire de la radio. Il flaire, surtout, l'immense potentiel d'Internet.

Morandini "pas sensible à la notion de source"

En 2000, Morandini crée le portail ToutEstNet.com, disparu depuis, et lance un blog, à son nom, jeanmarcmorandini.com, en 2005. La ligne éditoriale est d'abord axée sur les médias et les people, avant de devenir plus fourre-tout avec le temps: aujourd'hui, on y parle politique, société, santé...

Le blog de Jean-Marc Morandini ne tarde pas à faire parler de lui, notamment au travers de plusieurs scandales.

En 2009, il est condamné à payer 5000 euros d'amende pour avoir menti sur ses chiffres Médiamétrie. Il a affirmé être "le premier blog de France", alors qu'un autre site d'actualité des médias, Ozap (aujourd'hui Puremédias), a de meilleures audiences. Il plaide l'erreur "involontaire".

La même année, le blog plagie le site Jeune Afrique et est épinglé pour son savoir faire en matière de copier/coller.

Trois ans plus tard, Morandini est encore accusé d'avoir reproduit des articles du journal Le Point, signés Emmanuel Berretta, sans les citer. "Jean-Marc Morandini se servait sans vergogne dans nos informations pour les reprendre, parfois intégralement, sur son site Internet, alimentant ainsi à peu de frais son petit business, explique le journaliste en 2012. Après plusieurs avertissements de notre part, Jean-Marc Morandini s'est entêté à pomper, pomper, pomper tel un Shadok seul sur sa planète." Morandini est condamné à verser 50 000 euros de dommages et intérêts à l'hebdomadaire.

Le jugement est cassé par la cour de Cassation, à la date du 4 février 2014.

Interrogé par GQ en 2015, l'intéressé confie naïvement ne pas être "sensible à la notion de source": "Je n'étais pas un as du Net, je ne voyais pas le problème. J'ai fini par réaliser que les gens y tenaient vraiment..."

Des émissions accusées de bidonnage

Jean-Marc Morandini accumule les controverses à la télévision.

En 2009, l'une de ses émissions, consacrée à Michael Jackson, est accusée de "bidonnage": le CSA le rappelle à l'ordre pour un faux duplex en direct de Los Angeles. "Une connerie", admet encore une fois Jean-Marc Morandini, qui parle d'erreur d'incrustation.

En 2013, pour son émission de faits-divers, Crimes, diffusée sur NRJ12, deux journalistes se déguisent en policier, insignes compris. Il souhaitent tourner des images d'illustration sans en avoir l'autorisation. Ils sont interpellés et entendus par la police.

La "rançon de la gloire"?

Rédacteur en chef de son site, Kévin Vatant travaille avec Jean-Marc Morandini depuis 10 ans. Pour lui, son patron "est un journaliste de terrain à la base. Il est parti dans des pays en guerre. Tout est possible, ça fait partie de son parcours, oui, mais il a une quotidienne sur Europe 1, pendant laquelle il parle de tous les sujets. C'est un vrai journaliste."

Un vrai journaliste qui revendique son indépendance: "Ma liberté de parole est totale, assure-t-il à Télérama en 2007. Mais de toute façon, à la télévision comme sur cette station (Europe 1, ndlr), je n'ai jamais reçu le moindre coup de fil..."

Une indépendance toute relative? Jean-Marc Morandini est un proche de Vincent Bolloré, pour qui il a travaillé à de multiples reprises. Il a tenu une chronique dans Direct Soir en 2006 et a animé plusieurs émissions sur Direct 8. Le journal comme la chaîne appartiennent à Vincent Bolloré.

Ces critiques, Kévin Vatant les balaient d'un revers de main, jugeant qu'il s'agit là tout simplement de "la rançon de la gloire": "Quand vous voyez quelqu'un qui cartonne, en France, comme Cyril Hanouna, on dit du mal de vous. C'est dans la logique des choses, malheureusement."

Selon lui, malgré les histoires de pillages et des chiffres gonflés, l'image du blog de Jean-Marc Morandini n'est pas ternie. Les audiences en seraient la preuve: "Notre site atteint tout de même deux millions de visiteurs unique par mois, ce n'est pas rien."

Morandini, un mauvais caractère assumé

Morandini n'aime pas beaucoup la critique. Comme l'écrit Libération en 1996, il est "chatouilleux sur l'amour propre". Dans le milieu, le mauvais caractère de l'animateur est un secret de polichinelle.

Un expert des médias, joint par L'Express, confirme: "Le monsieur n'aime pas qu'on dise du mal de lui. Quand on dit du bien, il adore, il retweete, mais dès que quelqu'un parle de ses audiences moyennes, il mord."

Jean-Marc Morandini, qui aime beaucoup se mettre en scène, n'hésite pas à se servir de son site ou de son compte Twitter pour répondre à ceux qui l'attaquent. Quand Dominique Rizet, chroniqueur sur BFMTV, critique l'émission Crimes, Morandini sort les crocs: "Rizet, c'est bien le mec qui dit au terroriste qu'il y a des gens au sous sol de l'Hypercasher? Et il fait le malin?"

Un tempérament assumé: "Quand je n'aime pas quelqu'un, je peux le dire sur le site, confie Morandini, toujours à GQ, en 2015. C'est aussi ça qui fait le succès. Et puis, c'est de la télé, ce n'est pas très sérieux tout ça."

Morandini à l'entre deux tours?

Pas sérieux? Jean-Marc Morandini exercera sur iTélé durant l'année de la présidentielle. Après son émission d'information, il est fort probable que les téléspectateurs retrouveront une journaliste moins contestée, Laurence Ferrari, confirmée sur la chaîne à la rentrée prochaine. Un grand écart éditorial.

"C'est à tomber des nues, s'étonne un expert des médias. La chaîne ne renouvelle même pas ses contrats, mais elle embauche Morandini!" Verra-t-on un débat d'entre deux tours avec Jean-Marc Morandini et des invités politiques? Comme sur TF1 dans les années 1990, "tout est possible"...