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Agriculture : et si on produisait plus avec moins de pesticides et d’engrais

Les travaux en plein champ du Centre d’études biologiques de Chizé (Deux-Sèvres) ont donné cette année des résultats inattendus. Explications.

Par  (Chizé, envoyé spécial)

Publié le 23 juin 2016 à 12h03, modifié le 28 juin 2016 à 06h44

Temps de Lecture 10 min.

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Thibault Morra, chargé de mission, recueille des abeilles et des papillons sur une parcelle intégrée au Centre d’études biologiques de Chizé, dans les Deux-Sèvres.

Ils étaient près de quatre-vingts à avoir fait le déplacement. Quatre-vingts agriculteurs – céréaliers, éleveurs, apiculteurs – rassemblés, samedi 18 juin, au Centre d’études ­biologiques de Chizé (CEBC, CNRS-université de La Rochelle), dans les Deux-Sèvres.

Ils étaient venus assister à la restitution annuelle des résultats du laboratoire. Silence attentif dans la salle de conférences de l’unité de recherche, installée au cœur de la forêt de Chizé. Ecoute attentive mais aussi étonnée, car Vincent Bretagnolle (CNRS) présente cette année un résultat stupéfiant.

Le rendement économique des céréaliers peut être substantiellement augmenté – jusqu’à 200 euros par hectare de blé ! – en divisant par deux la quantité d’herbicides et d’engrais azotés épandus. La première question qui vient à l’esprit est : en les remplaçant par quoi ? « En les remplaçant par rien du tout », ­répond le chercheur.

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Si les agriculteurs se déplacent chaque année aussi nombreux pour assister à la grand-messe du Centre d’études biologiques de Chizé, c’est aussi qu’ils sont, en quelque sorte, coauteurs des résultats présentés. Sans eux, rien ou presque ne serait possible.

« La zone atelier Plaine et Val de Sèvre sur laquelle nous travaillons fait 450 kilomètres carrés, et recouvre plus de 400 exploitations agricoles, plus de 15 000 parcelles, explique Vincent Bretagnolle, le directeur de la zone atelier. Nous pouvons ainsi faire de l’expérimentation à l’échelle d’un territoire, manipuler les paysages pour explorer les relations entre la biodiversité et les activités agricoles, mais nous ne pouvons le faire qu’avec le concours des agriculteurs. »

Les mauvaises herbes aussi aiment l’azote

Cette participation à la recherche est enthousiaste et désintéressée. A chaque fois que les exploitants sont sollicités et qu’un surcroît de travail leur est demandé pour apporter leur concours à une ­expérience, un dédommagement financier leur est proposé. Mais dans l’écrasante majorité des cas, ils le déclinent.

La zone atelier est un vaste damier sur lequel les chercheurs déplacent ainsi des pions : installer une prairie ici, retarder la fauche de la luzerne là, épandre plus d’azote ici et moins d’herbicides ailleurs… Et voir comment environnement et production agricole coréagissent.

Le bric-à-brac du laboratoire, ce sont des sachets de thé enterrés, puis déterrés et pesés pour mesurer la capacité des sols à dégrader la matière organique, des bocaux d’échantillons de retour du terrain, des pièges à insectes bricolés à partir de fond de bouteilles plastiques.

L’expérience phare présentée cette année, testant l’efficacité des herbicides et engrais azotés, est partie d’une idée simple. « Dans un champ de blé, l’agriculteur a deux outils de pilotage principaux : les herbicides et l’azote. Il met de l’azote pour avoir plus de blé et des herbicides pour avoir moins d’adventices [mauvaises herbes] », raconte le chercheur.

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