Loi travail : Gattaz dénonce une usine à gaz qui ne créera pas un emploi

Le président du Medef a rencontré le Premier ministre à Matignon. Il a déploré la complexification du texte, devenenu illisible pour les TPE-PME.

Source AFP

Compte pénibilité, loi travail, Pierre Gattaz juge que ces textes sont devenus incompréhensibles.
Compte pénibilité, loi travail, Pierre Gattaz juge que ces textes sont devenus incompréhensibles. © BERTRAND GUAY

Temps de lecture : 3 min

Il attendait un « électrochoc ». Il a récolté « une énorme déception ». Pierre Gattaz n'a pas mâché ses mots au terme d'une rencontre avec Manuel Valls. Selon le président du Medef, le texte proposé par le gouvernement est devenu un « monument de complexité, absolument illisible pour les TPE-PME » et il ne servira « strictement à rien » en termes d'emploi.

La newsletter Économie

Tous les jeudis à 17h

Recevez le meilleur de l’actualité économique.

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Après le pacte de responsabilité et son impact positif sur les marges, « je pensais que la loi travail définie en janvier aurait permis de faire l'électrochoc nécessaire de confiance et de simplification que les entreprises, les TPE, les PME attendaient », a-t-il dit, en référence à la première version du texte, publiée en février. Cette version a été largement réécrite par Matignon, après les vives critiques des syndicats et des politiques, qui la considéraient comme étant trop favorable pour l'entreprise.

« Plus personne n'y comprend rien »

« Aujourd'hui, nous sommes dans une version 4, je dirais un monument de complexité, absolument illisible pour les TPE-PME. Les mesures intéressantes pour les TPE-PME, notamment les plafonnements des (indemnités aux) prud'hommes, les mesures directes comme le forfait-jour ou l'aménagement du temps de travail qu'on aurait pu imaginer faire directement avec le salarié ont sauté, et on a vu apparaître des tas de complexité dans tous les sens », selon M. Gattaz. « Plus personne n'y comprend rien sur le terrain et c'est une loi qui ne servira strictement à rien pour l'emploi, j'en suis désolé, je l'ai dit au Premier ministre », a lancé le patron des patrons.

Il s'est dit « très déçu, très pessimiste », espérant « qu'il y aura une lueur d'espoir pour éventuellement rajouter quelques mesures fortes, simples », citant le plafonnement des indemnités prud'homales. Il a également redit que l'article 2, accordant la primauté de l'accord d'entreprise sur la branche en terme d'aménagement du temps du travail, était « la dernière chose intéressante » qui demeurait dans le texte.

Compte pénibilité : « On a un problème »

Concernant le compte pénibilité, Pierre Gattaz a répété qu'il était « inapplicable » après avoir dit la veille que le patronat ne l'appliquerait pas. « La pénibilité, c'est une loi qu'on ne sait pas appliquer. Ce n'est pas qu'on ne veut pas, c'est qu'on ne sait pas faire. Je lui ai dit (à Manuel Valls, NDLR) : écoutez on a un problème », a-t-il expliqué.

Le compte pénibilité, issu de la réforme des retraites de 2013, permet aux salariés du privé ayant exercé des tâches pénibles de cumuler des points afin de partir plus tôt à la retraite, se former ou travailler à temps partiel. Six nouveaux critères de pénibilité, portant le total à dix, s'appliquent à compter de vendredi, même si, dans les faits, les entreprises n'auront à faire leurs déclarations que début 2017 et pourront les modifier jusqu'en septembre 2017, voire 2019 si la modification joue en faveur du salarié.

« Cette loi a été faite dans un bureau »

« Ce qu'il faut faire c'est se mettre autour d'une table pour rendre applicable cette loi, supposée s'appliquer dès le 1er juillet. On ne sait pas faire, les chefs d'entreprise ne savent pas faire, cette loi a été faite dans un bureau », a dénoncé le patron des patrons. « On a essayé d'appliquer, on a essayé de créer ces référentiels, on ne sait pas, c'est trop compliqué (...) Ça fait des semaines et des mois qu'on prévient », a-t-il plaidé, alors que l'exécutif a fait feu sur ses propos et questionné la bonne foi du patronat.

« Je n'ai pas appelé à la désobéissance, je n'ai pas demandé à ce qu'on désobéisse, j'ai dit qu'on ne savait pas faire », a nuancé le patron des patrons. Selon lui, Manuel Valls ne lui a « rien répondu » et l'a seulement « écouté gentiment ».

Le Premier ministre, on s'en doutait, ne partage pas l'avis du président du Medef. Au terme de ses rencontres bilatérales avec les syndicats et le patronat, il a jugé que « jamais un gouvernement n'a fait autant pour les entreprises, pas pour le patronat, pour les entreprises ».

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation
Lire la charte de modération

Commentaires (27)

  • jmr974

    C'est lui et ses potes qui créent les emplois (et qui les anéantissent).

  • Domi42

    Je pense connaitre le résultat rien qu'à vous lire. C'est le problème en France, c'est que beaucoup de gens (Valls et Martinez les premiers) parlent de choses dont ils ne connaissent absolument rien.
    Je ne suis pas fan du gouvernement loin s'en faut, mais l'esprit initial de la loi était en faveur de l'embauche de chomeurs et surtout via les PME et TPE ; il y avait à redire peut-être mais l'esprit initial n'était pas mauvais, les syndicalistes dans les entreprises concernées etaient globalement favorables ; mais toute une caste de personnes n'ayant rien à voir (Salariés du public, centrales syndicales, retraités, lycéens, ) ont bloqué et l'ont fait réduire à rien du tout.
    Ce sont les chomeurs qui sont pénalisés, mais du moment que Martinez garde son poste et ses subventions, il s'en moque comme de ses premières chaussettes.

  • indra

    Comme je vous comprends, et c'est hélas représentatif de la clientèle de tous ces partis de gôche, de cette culture de haine de l'entreprise et en même temps de bêtise crasse, car ils crachent sur ceux qui les engraissent. Voilà aussi pourquoi nous ne nous en sortirons pas, car il sera laborieux et long de déraciner ces mentalités ancrées dans notre pays depuis des décennies.