Jordanie: quelque 60 000 Syriens bloqués à la frontière sans eau ni nourriture

Avec notre correspondante à Amman,  Angélique Ferat

Depuis l’annonce par le gouvernement, il y a dix jours, que la zone était désormais une zone militaire, les ONG internationales ne peuvent plus acheminer nourriture, soins et eau vers les 60 000 Syriens bloqués à la frontière avec la Jordanie.

Unicef a réussi à faire parvenir de l’eau au début de la semaine, mais il n’est plus question d’un approvisionnement quotidien. Les livraisons se font au coup par coup. Elles sont accompagnées par l’armée jordanienne et il faut renégocier chaque jour. Aujourd’hui, dans ce camp, les réfugiés manquent de nourriture.

La Jordanie met en avant des questions de sécurité intérieure

Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés se contente d’expliquer : « Nous sommes en négociations avec les autorités jordaniennes. » Les Jordaniens mettent en avant leur sécurité intérieure. Depuis le début de l’année, il y a eu le démantèlement d’une cellule de l’organisation de l’Etat islamique au nord du pays.

Au début du mois, un poste de police a été attaqué près d’Amman, et récemment un petit fortin des gardes-frontières a été attaqué, à la frontière syrienne justement.

Le porte-parole du gouvernement a déclaré : « Les ONG devront trouver d’autres solutions pour faire parvenir l’aide à ces personnes. Tout en sachant qu`un transfert de vivres côté syrien est quasi impossible. Il faut traverser des zones tenues par l’armée libre, Jabhat al-Nosra et des zones tenues par le régime. »

Un passage unique vers la Jordanie pour les réfugiés syriens

Amnesty International et Human Rights Watch ont rappelé que la Jordanie était responsable de ces Syriens coincés en plein désert. Des chefs tribaux ont aussi appelé les autorités jordaniennes à revoir leur position.

Depuis deux ans, ce passage en plein désert était le seul moyen pour les réfugiés syriens d’entrer en Jordanie. Le royaume limite le nombre de syriens autorisés à pénétrer sur son territoire. Les réfugiés attendaient plusieurs mois avant de pouvoir poser un pied sur le sol jordanien. Cinquante à cent personnes entraient tous les deux ou trois jours. Résultat : un camp s’est développé, sans qu’aucune ONG ne soit présente.

Aujourd’hui, 60 000 personnes s’entassent dans les dunes. Une fois arrivées là, les familles syriennes n’ont souvent plus un sou. Elles ne savent pas comment retraverser le désert dans l’autre sens. L’été arrivé et les températures dans ce désert grimpent très vite au-dessus des quarante degrés. Il y a aussi des blessés qui sont acheminés à cet endroit.

Il semble que, malgré tout, chaque jour, quelques familles découragées repartent vers l’intérieur de la Syrie.