Ravagée par la guerre dans les années 1990, la Bosnie-Herzégovine a perdu près d’un habitant sur cinq, les Bosniaques (musulmans) représentant désormais plus de la moitié de la population du pays, selon un recensement.
Ce recensement, le premier depuis 1991, a rencontré une vive opposition des responsables serbes de Bosnie. Selon eux, 200 000 personnes, essentiellement des Bosniaques, résident en fait à l’étranger et n’auraient pas dû être recensées, ce qui ferait passer la part de cette communauté sous 50 %.
L’ancienne république yougoslave, indépendante depuis 1992, est peuplée de 3 531 159 habitants, contre près de 4,4 millions en 1991, un an avant l’éclatement du conflit intercommunautaire (1992-1995) qui avait fait 100 000 morts et plus de 2 millions de réfugiés et de personnes déplacées à l’intérieur du pays.
Le pays a perdu 19,3 % de sa population
En vingt-deux ans, le pays a donc perdu près de 824 000 habitants, soit 19,3 % de sa population d’avant le conflit. Divisé par les accords Dayton (Etats-Unis) en deux entités, l’une serbe (Republika Srpska) et l’autre croato-musulmane, le pays balkanique compte désormais près de 1,8 million de Bosniaques (musulmans, 50,11 %), près de 1,1 million de Serbes (chrétiens orthodoxes, 30,78 %) et 544 780 de Croates (chrétiens catholiques, 15,43 %), selon le recensement. En 1991, il y avait 43,47 % de Bosniaques, 31,21 % de Serbes et 17,38 % de Croates.
Les résultats portant sur les entités ne font que confirmer les conséquences du nettoyage ethnique et du déplacement de la population pendant le conflit. Ainsi, 81,5 % des habitants de l’entité serbe sont serbes, et 70,4 % des habitants de l’entité croato-musulmane sont bosniaques.
Toutefois, le Parlement de la Republika Srpska a adopté le 21 juin un acte refusant à l’avance les chiffres de ce recensement, une décision qui risque de générer une nouvelle crise politique et le blocage des institutions, alors que le pays venait à peine de reprendre son rapprochement de l’Union européenne, après plusieurs années de stagnation.
Pieter Everaers, haut responsable de l’office européen des statistiques Eurostat, a déclaré en mai que la méthodologie adoptée par l’Agence bosnienne des statistiques pour faire le décompte était « conforme aux recommandations » internationales.
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