“C’est devenu le pain culturel quotidien pour les Saoudiens et les habitants du Golfe en général, écrit le site Ewan24. “Ils en mangent chaque jour à l’heure de la rupture du jeûne, puis le digèrent – ou le recrachent, c’est selon – lors des soirées passées en famille, entre proches, ou sur les réseaux sociaux.”

Il est question de l’émission Selfie, une série de petites fictions d’une demie-heure diffusée pour la deuxième année consécutive sur la chaîne saoudienne MBC à l’occasion du ramadan. Elle prend à bras le corps les sujets les plus brûlants de la société saoudienne : le terrorisme, les relations sunnites-chiites, la place de la femme…

Ce qui lui vaut un retentissement considérable, à la fois dans les médias saoudiens et parmi les observateurs étrangers. Un retentissement que le commentateur juge excessif :

Beaucoup présentent ce programme comme s’il était l’unique lieu d’expression critique. Or il y a en réalité d’autres courants [politiques] et culturels qui formulent des critiques autrement plus substantielles.

Toujours selon le commentateur, la fonction de Selfie consiste en réalité à borner les débats à l’intérieur d’un périmètre bien délimité. “A chacun de se conformer au cadre des sujets abordés par l’émission.” En bref, si Selfie encourage à “critiquer la société”, il ne peut être question de parler “des dirigeants qui contrôlent cette même société”.

Et d’illustrer son propos en citant un des épisodes : “Il met en scène un représentant du ministère de la Culture lors de la foire du livre de Riyad, où il est pris en tenaille entre extrémistes religieux d’un côté, un intellectuel libéral de l’autre. Le représentant de l’Etat apparaît comme s’il ne faisait que réagir” et comme si son rôle se limitait à arbitrer entre des acteurs plus ou moins radicaux, dans une lutte idéologique qui le dépasse.

“Comme si la police religieuse ne dépendait pas de l’Etat et comme si celui-ci n’avait joué aucun rôle pendant de longues années” dans l’encouragement de l’extrémisme religieux, conclut le site.