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Les auteurs des attentats-suicides de l’aéroport Atatürk identifiés

Les assaillants étaient originaires de Russie, d’Ouzbékistan et du Kirghizistan. Une vaste opération policière dans les milieux djihadistes liés à l’EI a également été menée jeudi à Istanbul et à Izmir.

Par  (Istanbul, envoyé spécial)

Publié le 01 juillet 2016 à 07h02, modifié le 01 juillet 2016 à 11h29

Temps de Lecture 4 min.

Capture d’écran d’une vidéo de surveillance obtenue par le journal turc « Haberturk », montrant les kamikazes qui ont attaqué l’aéroport d’Istanbul le mardi 28 juin 2016.

Les autorités turques ont déclaré, jeudi 30 juin, avoir identifié les trois auteurs des attentats-suicides qui ont fait 44 morts, mardi, à l’aéroport Atatürk à Istanbul, comme étant des ressortissants russe, ouzbek et kirghiz.

Les forces de sécurité qui ont investi l’appartement occupé par le groupe dans la nuit de mercredi à jeudi y ont découvert le passeport d’un de ses membres. Selon les déclarations de la police, son détenteur, Osman Vadinov, un Tchétchène de nationalité russe originaire du Daghestan, une république à majorité musulmane du Caucase du Nord, était entré en Turquie un mois auparavant avec son passeport russe. Il y avait déjà été repéré en 2015, venant cette fois de Rakka, la « capitale » autoproclamée de l’organisation Etat islamique (EI) en Syrie.

D’après les témoignages recueillis par le quotidien turc d’opposition Cumhuriyet, l’appartement du district de Fatih à Istanbul, où la cellule terroriste s’était discrètement installée, avait été loué il y a trois mois.

Vaste opération policière

Une vaste opération policière dans les milieux djihadistes liés à l’EI a également été menée jeudi à Istanbul et à Izmir. Elle s’est traduite, selon les déclarations des responsables turcs, par la mise sous les verrous de vingt-cinq suspects, parmi lesquels se trouvent trois étrangers dont les nationalités n’ont pas été spécifiées.

Si l’attentat de l’aéroport Atatürk n’a toujours pas été revendiqué, le premier ministre turc, Binali Yildirim, a désigné dès mardi l’EI comme responsable de l’attaque.

A l’exception d’un terroriste étranger non identifié, les auteurs des attentats antérieurs survenus en Turquie depuis l’été 2015 et attribués par les autorités à l’EI avaient tous été identifiés comme des ressortissants turcs. Ce n’est cependant pas la première fois que des individus originaires du monde russophone sont impliqués dans des affaires de terrorisme en Turquie. En janvier 2015, un attentat-suicide attribué à l’EI avait été perpétré dans un quartier touristique d’Istanbul contre un poste de police par Diana Ramazova, une citoyenne russe, Tchétchène du Daghestan comme Osman Vadinov.

L’attaque, qui avait provoqué la mort d’un policier, avait été menée par la jeune femme, âgée de 18 ans, après que son époux – un combattant de l’EI aussi d’origine tchétchène, qu’elle avait rencontré en Turquie – eut été tué au combat en Syrie.

La communauté transsexuelle d’Istanbul visée

Plus récemment, le 22 juin, la police turque avait déclaré à l’agence Dogan avoir arrêté deux suspects originaires du Daghestan lors d’une opération antiterroriste contre une cellule de l’EI qui aurait projeté de perpétrer un attentat, le 19 juin, contre un événement organisé par la communauté transsexuelle d’Istanbul. Des ceintures d’explosifs avaient alors été saisies.

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Les combattants originaires du Caucase russe et des ex-républiques soviétiques d’Asie centrale et notamment d’Ouzbékistan ont été représentés de manière précoce et importante dans les rangs de l’EI. Pour les djihadistes du monde russophone, comme pour nombre de combattants étrangers, la Turquie a longtemps constitué une voie de transit privilégiée vers la zone syro-irakienne. Les ressortissants russes et d’Asie centrale peuvent y entrer sans visa, les vols sont peu onéreux et les mouvances islamistes de l’ex-Union soviétique y disposent de relais bien ancrés.

Le pays est une terre d’accueil pour les turcophones d’Asie centrale, et Istanbul, une base arrière et un refuge historiques pour les insurgés du Caucase russe. Depuis 2003, et pour la dernière fois en novembre 2015, plusieurs personnalités issues de mouvements tchétchènes y ont été visées par des assassinats susceptibles d’avoir été commandités par le Kremlin.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Entre les Kurdes et l’EI, Ankara s’enferre dans le piège syrien

Salafistes poussés à l’exil sur le Bosphore

A partir de 2013, de nombreux salafistes originaires du Daghestan se sont installés sur les bords du Bosphore, poussés à l’exil par une répression accrue de la part des autorités russes à l’approche des Jeux olympiques d’hiver de Sotchi.

D’après un rapport publié en mars par l’International Crisis Group, les réseaux de l’EI et d’autres organisations djihadistes ont pu recruter au sein de ces communautés exilées, conservatrices et opposées à la Russie, bien que la majorité de leurs membres aspirent à s’installer durablement en Turquie et ne souhaitent pas s’impliquer dans les conflits de la région.

Depuis janvier 2015, et d’autant plus depuis l’attentat de l’aéroport Atatürk, le laxisme dont les autorités russes accusaient la Turquie à l’égard de ces réseaux ne semble plus de mise. Survenue alors que Moscou et Ankara amorcent la normalisation de leurs relations après sept mois de crise liée à leurs positions radicalement opposées sur le conflit syrien, l’attaque du 28 juin pourrait encore rapprocher les deux pays sur le dossier des filières islamistes issues du monde russophone et actives en Turquie.

En présentant ses condoléances à la Turquie pour les victimes de l’attentat de mardi, le président russe, Vladimir Poutine, n’a pas manqué de rappeler « la nécessité d’intensifier la coopération internationale dans la lutte contre les menaces terroristes ».

Rien n’indique encore pourtant que les deux pays pourront s’accorder parfaitement sur la définition de ce terme qui désigne encore, vu du Kremlin, nombre d’alliés d’Ankara sur le terrain syrien.

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