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Orban surfe sur le Brexit avec un référendum anti-migrants

Publié le 1 juillet 2016,
par Reuters.
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BUDAPEST (Reuters) – Conforté par la décision des Britanniques de quitter l’Union européenne, le Premier ministre hongrois Viktor Orban entend organiser dans son pays un référendum sur l’immigration, une initiative que des diplomates européens perçoivent comme de nature à alimenter la poussée populiste en Europe.

Au pouvoir depuis 2010, Orban s’est à plusieurs reprises heurté aux institutions de Bruxelles sur divers sujets comme l’indépendance de la justice en Hongrie ou la manière dont il a géré la crise des migrants en faisant construire une barrière à la frontière sud du pays.

Orban, qui est vent debout contre le projet de la Commission européenne de répartition par quotas des réfugiés entre les Etats membres de l’UE, accuse les instances européennes d’usurper l’autorité des institutions nationales.

« Nous devons nous battre pour démontrer aux gens qu’il est possible de mettre sur pied une politique migratoire européenne conforme aux intérêts nationaux de la Hongrie », a dit Orban.

« Cela va être une longue lutte pour laquelle j’aurai besoin d’un mandat solide et celui-ci ne peut pas être garanti sans un référendum », a-t-il poursuivi.

Viktor Orban a réussi à faire des émules parmi ses homologues d’Europe centrale et notamment en Slovaquie où le Premier ministre Robert Fico souhaite que les pouvoirs de la Commission européenne soient limités après le Brexit.

Le référendum sur l’immigration en Hongrie devrait avoir lieu à l’automne et coïncidera avec la succession à la tête du Parti conservateur britannique et donc le début de la procédure de divorce entre Londres et Bruxelles.

« Les partis eurosceptiques se servent de cette histoire de Brexit afin de renforcer le récit qu’ils proposent (à leurs électeurs) au niveau national », explique Otilia Dhand, analyste chez Teneo Intelligence.

« Orban explique que c’est l’échec des politiques migratoires européennes qui a poussé les électeurs du Royaume-Uni à voter pour la sortie – minimisant le fait qu’on parle de deux questions migratoires totalement différentes : des réfugiés syriens sur le continent et des travailleurs polonais au Royaume-Uni », rappelle Otilia Dhand.

Viktor Orban soutient que la crise migratoire va pousser de nouveaux pays à vouloir sortir de l’Union européenne. Son gouvernement entend poser la question suivante aux Hongrois: « Acceptez-vous que l’Union européenne soit en mesure d’imposer l’installation de citoyens non-hongrois en Hongrie sans l’approbation du parlement ? ».

Jeudi, Janos Lazar, chef de cabinet de Viktor Orban, est même allé plus loin en affirmant qu’il serait favorable à une sortie de la Hongrie de l’UE avant d’ajouter qu’il s’exprimait seulement à titre personnel.

Les diplomates étrangers estiment toutefois qu’un « Huxit » est très peu probable car la Hongrie dépend fortement des subventions européennes et les années de communisme ont convaincu toute une génération du bien-fondé d’être membre du bloc communautaire.

« Je propose aux gens autour de moi : si vous rencontrez un Hongrois qui préfère retourner dans la Sibérie dont il vient plutôt que de rester dans l’UE, je lui paie le champagne et un bon repas », raconte un diplomate. « Jusqu’à présent personne n’a répondu à l’invitation ».

 

(par Gergely Szakacs. Pierre Sérisier pour le service français)