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Raciste déclaré, le président de Radio Courtoisie, Henry de Lesquen, est prié de démissionner

Candidat à la présidentielle de 2017, M. de Lesquen défend le négationnisme et lutte contre « la musique nègre ». « Ça devient plus extrême que le FN », s’inquiète un responsable d’émission.

Par  et

Publié le 28 juin 2016 à 12h13, modifié le 04 juillet 2016 à 17h07

Temps de Lecture 3 min.

Logo de Radio Courtoisie, radio associative lancée en 1987.

Le ton monte à Radio Courtoisie. La « radio libre du pays réel », carrefour de toutes les droites, en particulier des plus radicales, est traversée par une fronde contre son président, Henry de Lesquen, qu’une partie de ses troupes appelle à la démission. Une lettre lui a été adressée en ce sens le 22 juin. Un premier appel à la démission avait été lancé, le 11 juin, par une dizaine de responsables d’émission, sur le blog catholique traditionaliste Le Salon beige.

Candidat déclaré – et fantaisiste – à l’élection présidentielle de 2017, M. de Lesquen, ancien conseiller municipal à Versailles (Yvelines), porte un programme ouvertement raciste et révisionniste : défense d’un « racisme républicain », lutte contre la « musique nègre » ou contre la « religion de la Choah » [sic], etc. L’homme s’est aussi affiché au banquet du journal antisémite Rivarol le 9 mai, durant lequel il a chaudement applaudi le négationniste Robert Faurisson.

De quoi inquiéter certains acteurs de Radio Courtoisie qui craignent que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) ne décide de retirer sa fréquence à la radio ou que des invités ne se détournent de son studio. Hors de question d’entamer la respectabilité de cette radio associative, lancée en 1987, qui a connu un regain de popularité à l’occasion de la mobilisation contre le mariage pour tous.

« Comment un invité peut-il assumer de parler dans une radio dont le président justifie le rétablissement de l’esclavage ? On ne peut pas inviter les gens, on les grille, s’alarme Paul-Marie Coûteaux, ancien compagnon de route du Front national, qui animait il y a encore un mois une émission sur l’antenne de Radio Courtoisie. C’était la radio des droites, là, ça devient plus extrême que le FN ! » Le conseiller régional FN de PACA Thibaut de la Tocnaye, à la tête d’une émission depuis huit ans, a lui aussi désavoué Henry de Lesquen dans un communiqué.

Mise en demeure du CSA

De son côté, le CSA dit surveiller Radio Courtoisie « avec une vigilance toute particulière ». Interpellée par des citoyens sur le contenu du compte Twitter d’Henry de Lesquen, l’autorité a répondu qu’elle n’était compétente que sur les propos tenus à l’antenne. Mais certaines phrases prononcées récemment sur la radio sont en cours d’examen.

Radio Courtoisie est déjà sous le coup d’une mise en demeure, confirmée en novembre 2015 par le Conseil d’Etat, concernant des propos tenus en mai 2013 dans le « libre journal » d’Henry de Lesquen à propos de l’islam et du mariage pour tous. Si la récidive est avérée, Radio Courtoisie risque une « sanction », allant d’une simple amende à une suspension, limitée, du programme ou à un retrait d’autorisation d’émettre, temporaire ou définitive.

Lundi 27 juin, Henry de Lesquen a connu un nouveau coup dur avec la défection de son ami de quarante ans Jean-Yves Le Gallou, qui a assuré ne pas être certain de reprendre son émission à la rentrée. Les deux hommes se sont connus à l’ENA, au début des années 1970, et ont fondé ensemble le Club de l’Horloge, rendez-vous « national-libéral » d’une partie des élites de droite et d’extrême droite.

« Nazis néopaïens et antichrétiens »

« Depuis quatre ans, il s’est fourvoyé avec TV Libertés », peste M. de Lesquen, qui voit la main de cette webtélé d’extrême droite derrière la crise en cours à Radio Courtoisie. Ces derniers jours, le « paysage audiovisuel de la réinformation », comme l’appellent certains, s’est en effet agrandi avec le lancement de Radio Libertés, une radio en ligne qui appartient au même groupe que TV Libertés. « Ce lancement concomitant est malheureux », note un responsable d’émission de Radio Courtoisie.

Henry de Lesquen crie au complot, puisque Guillaume de Thieulloy, patron du Salon beige, organe particulièrement actif dans cette crise, est administrateur de TV Libertés. « La cabale des dévots de Tartuffe Thieulloy est fomentée en sous-main par les nazis néopaïens et antichrétiens de TV Libertés », a écrit sur Twitter le président de Radio Courtoisie.

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« Radio Libertés n’a pas vocation à remplacer Radio Courtoisie, assure de son côté Martial Bild, rédacteur en chef de TV Libertés. Il va de soi que les patrons d’émission pourront s’exprimer sur Radio Libertés sans difficulté s’ils le souhaitent, dans le cadre de chroniques ou d’invitations ponctuelles. Mais ils ont vocation à poursuivre leur engagement au sein d’une Radio Courtoisie apaisée. »

Quoi qu’il en soit, Henry de Lesquen n’entend pas lâcher sa place, qu’il occupe depuis 2007. « Je serai candidat à ma réélection le 13 juillet 2017, et je suis convaincu que j’aurai la majorité », assure-t-il. Et de justifier sa radicalité en se référant aux fondateurs de Radio Courtoisie. « Jean Ferré était un ancien de l’OAS et Serge de Beketch [ancien journaliste à Minute] n’était pas spécialement un modéré. Je revendique pour moi-même la liberté de penser que je reconnais aux autres. » « Pas d’ennemis à droite », proclamait Radio Courtoisie à sa fondation. Juste les meilleurs adversaires.

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