Un robot peut-il devenir votre meilleur ami ?

Un robot peut-il devenir votre meilleur ami ?

??Robots de compagnie, majordomes, infirmiers, partenaires sexuels… Enquête sur la façon dont les robots vont modifier votre vie privée.

Par Geoff Watts, journaliste scientifique
· Publié le · Mis à jour le
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Les règles du jeu sont simples et adaptées pour les enfants. Elles ont été conçues pour apprendre aux utilisateurs tout ce qu’il y a à savoir sur l’équilibre alimentaire et le diabète. Je m’assois face à Charlie, mon petit compagnon de jeu. Entre nous, un écran tactile. Notre mission : identifier parmi une liste d’une quinzaine d’aliments ceux qui possèdent un taux faible ou élevé de g??lucides. En faisant glisser les images, on peut les trier et les classer par catégorie?. 

Making of

L’intégralité de cet article écrit par ?Geoff Watts est disponible sur Ulyces, notre partenaire. Ulyces est un magazine qui publie des enquêtes, des grands reportages et des interviews exclusives (vous pouvez les acheter à l’unité ou vous abonner).

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« ?Un robot peut-il devenir votre meilleur ami ?  » a été traduit de l'anglais par ?Maureen Calaber et Nicolas Prouillac d'après l'article « ?The one-armed robot that will look after me until I die  » paru dans ?Mosaic. Lisez aussi sur Ulyces ?une interview d'Elon Musk à propos d'OpenAI,qui veut empêcher les dérives de l'intelligence artificielle.?

Charlie est poli, il se lève pour me saluer lorsque je le rejoins autour de la table. Nous jouons chacun notre tour. On se félicite mutuellement lorsque nous trouvons la bonne réponse et nous faisons des commentaires à voix basse lorsque ce n’est pas le cas. Tout se passe bien. Je commence à m’attacher à Charlie?. 

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Mais Charlie est un robot, une machine électromécanique de 60 cm. Certes il peut parler mais les choses sont ce qu’elles sont : Charlie est une machine ou plutôt un robot humanoïde. Comment puis-je donc m’y attacher ?

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Ma réaction vis-à-vis de Charlie est somme toute assez banale. Au cours des dernières décennies, nous avons vu émerger de nombreux appareils industriels qui assemblent des voitures, aspirent le sol et déplacent des objets dans des entrepôts. Mais les années 2010 connaissent l’essor d’un autre type de robots – ceux auxquels nous pensons la plupart du temps lorsque nous parlons de « robots » : des machines autonomes capables de percevoir leur environnement, de s’y adapter, de s’y mouvoir et, surtout, d’interagir avec les êtres humains.

Robots aides-soignants

Beaucoup de gens sont attachés à R2-D2, Wall-E et leurs congénères moins connus. Mais le plus troublant, c’est que leurs homologues bien réels sont à notre portée. Dans la presse, certains articles peuvent sembler exotiques – les plus sensationnels étant ceux qui parlent des « sexbots » –, mais nous sommes nombreux à posséder des robots multifonctions aux fins moins hédonistes : ceux qui ont une utilité sociale et aident les personnes âgées ou en situation de handicap.

Cela m’a fait me demander comment je réagirai quand je me trouverai dans cette situation – pas pendant une heure ou une journée, mais pendant des mois ou des années. Dans un futur proche, il faudra que je m’habitue à vivre avec des robots, surtout lorsque je serai âgé et/ou infirme. Y réfléchir m’a profondément secoué.

Tony Belpaeme
Tony Belpaeme - Tony Belpaeme

Les progrès de la médecine et l’allongement de l’espérance de vie ont accru notre besoin d’encadrement social, qu’il soit à domicile ou au sein d’institutions spécialisées. Tony Belpaeme, professeur en systèmes de contrôle intelligents et autonomes à l’université de Plymouth, expose :

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« Il y a un besoin croissant de robots dans les services de soins aux personnes âgées, en partie car nous avons de moins en moins de personnes en âge de travailler. »

Les aides-soignants sont des oiseaux rares de nos jours car ils sont mal payés. Plutôt que de revoir leurs salaires à la hausse, les responsables politiques de tous bords commencent à envisager les robots comme source inépuisable de main d’œuvre, docile et peu coûteuse.

Parler avec les robots

Belpaeme explique que les robots déjà mis en production sont principalement conçus pour assister les personnes âgées et celles en situation de handicap. D’autres, plus simplement, leur tiennent compagnie tout en réalisant les tâches physiques les plus élémentaires.

« Il serait évidemment mieux que de vraies personnes leur tiennent compagnie », avoue Belpaeme, mais, pour toutes sortes de raisons, cela n’est pas toujours possible. « Par ailleurs, plusieurs études montrent que les gens ne voient pas d’inconvénient à avoir des robots à qui parler chez eux  », remarque-t-il.

« Demandez aux personnes âgées qui ont participé à ces études si elles aimeraient que les robots restent un peu plus longtemps chez elles : la réponse est presque toujours oui. »

Les bénéfices du lien homme-animal

Pensez aux relations que nous entretenons avec une autre entité non-humaine : les animaux. Les liens qui existaient jadis entre nous – comme la chasse, le transport ou la protection – sont passés au second plan. La fonction prédominante des animaux domestiques dans les sociétés industrialisées modernes est tout bonnement de nous tenir compagnie.

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Le robot Sunflower
Le robot Sunflower - Thomas Farnetti/Mosaic

Lorsque les chercheurs ont commencé à s’intéresser aux effets des animaux domestiques sur la santé de leurs propriétaires, ils ont découvert une multitude de conséquences bénéfiques, aussi bien physiques que psychiques.

Même si certains contestent ces résultats, on y trouve par exemple la réduction du stress, de l’anxiété, du sentiment de solitude et de la dépression, ainsi qu’une hausse de l’activité physique. Les animaux de compagnie semblent également minimiser les risques d’accidents cardiovasculaires en réduisant, par exemple, la triglycéridémie et l’hypertension artérielle.

Evolution

Le plaisir que nous prenons à avoir ces animaux et la détresse qu’on éprouve lorsqu’ils disparaissent sont des sentiments qui nous paraissent évidents aujourd’hui. Des études menées au Japon ont révélé que cette relation était basée sur des facteurs biologiques et évolutionnaires, du moins pour un certain type d’animaux de compagnie.

Les scientifiques japonais ont réalisé une expérience simple sur des maîtres et leurs chiens : ils ont tout d’abord mesuré séparément le taux d’ocytocine présent dans le sang de chacun, puis ils les ont placé face à face pendant plusieurs minutes avant de renouveler les tests.

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Robots
Robots - Thomas Farnetti

Si vous savez déjà que l’ocytocine est l’hormone associée au lien qui unit une mère à son enfant, vous devez vous douter des résultats de cette expérience. La longue période de domestication des chiens n’a pas été sans conséquence : leur psychologie et leurs attributs physiques ont été sujets à une intense sélection.

À l’issue de leurs expériences, les chercheurs japonais ont ainsi découvert que les périodes de contact visuel entre un animal et son maître faisaient grimper le taux d’ocytocine chez chacun d’entre eux. Pour résumer : ils ont trouvé la preuve physiologique de l’amour qui vous lie à votre chien.

Le robot, pas si différent du chien ?

Que ce soit ou non pour des raisons chimiques, les propriétaires d’animaux de compagnie les considèrent souvent comme des membres de leur famille. « Cela ne veut pas dire qu’ils les considèrent comme des êtres humains », nuance le professeur Nickie Charles, sociologue à l’université de Warwick et spécialisé dans l’étude des relations entre les animaux et les hommes.

Charlie
Charlie - Thomas Farnetti/Mosaic

Les relations étroites qu’on entretient avec les animaux ne se font pas au détriment des relations familiales et amicales, au contraire, elles sont complémentaires.

« Certains maîtres affirment que les animaux de compagnie sont plus faciles à vivre que les humains. »

Suggérer que nous sommes susceptibles de nous comporter de la même manière envers des objets sans vie comme les robots peut nous laisser dubitatif. Et pourtant, il se pourrait bien que ce soit le cas?.

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