Alors que les campagnes de prévention se multiplient, les homicides au sein du couple persistent. En 2015, ce sont 136 personnes qui sont décédées sous la violence de leur partenaire ou ex-partenaire (conjoint, concubin, pacsé ou "ex"). Au total, 115 femmes ont été tuées par leur compagnon ou ex-compagnon, 20 hommes ont été tués par leur compagne ou ex-compagne et 1 homme a été tué par son compagnon.

La violence féminine, différente de la violence masculine


Ces chiffres ont été dévoilés mercredi par le ministère de l’Intérieur et celui des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes dans "l'étude nationale sur les morts violentes au sein du couple". Ils mettent en lumière un écart considérable entre la violence féminine et masculine. Pour Liliane Daligand, professeure émérite en médecine légale, psychiatre et expert de justice, cela s'explique par le fait que si les hommes peuvent en venir à la violence physique, les femmes penchent plutôt pour la violence verbale.

Moins réguliers chez les couples en concubinage, divorcés ou séparés, ces homicides sont survenus majoritairement au sein de couples mariés (62,50%), dont les auteurs ou victimes étaient surtout âgés entre 41 et 50 ans. "Le mariage n'exclut pas la violence. Même si ces hommes violents se sentent prisonniers du mariage, ils veulent garder leur femme sous leur coupe, qu’elle leur soit soumise. C'est au fil des années de vie commune que la violence devient souvent plus fréquente, plus grave, pouvant parfois aller jusqu'à la mort", note Liliane Daligand.

Alors que les hommes et les femmes utilisent principalement une arme dans le cadre d'homicides (75% des cas), ils n'ont pas le même mode opératoire : les hommes utilisent plutôt une arme à feu, les femmes une arme blanche. La raison, d’après Liliane Daligand :

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Alors que l'homme, lui, veut l'asservir et la posséder, la femme qui est l'auteure de l'homicide est souvent dans une situation de défense. Elle se sert du premier couteau tombé sous sa main, dans la cuisine, pour se protéger.

Car dans près de 9 cas sur 10, l'homicide est commis au domicile du couple, de l'auteur ou de la victime.

Comment faire de la prévention lorsque l’on sait que 48 victimes avaient déjà subi au moins une forme de violence et que plus d'un tiers des auteurs d'homicide étaient connus des services de police ? Pour notre professeure, il est effectivement difficile de prévenir le passage à l'acte. "Les victimes de violences conjugales se disent que cela devrait finir par s'arrêter avec le temps. Mais ce n'est pas le cas."

C'est souvent au moment où la femme veut partir que la violence augmente.

"L'homme, qui trouve insupportable de perdre sa compagne, veut mettre son emprunte physique sur elle. C’est comme un toxicomane qui ne veut pas et ne peut pas se séparer de sa drogue. Mais certaines victimes de violences, font le choix de partir grâce à leurs enfants. Comprendre que la seule solution est la séparation, est un long processus. Et parfois, hélas, elles partent parce que l'enfant est, lui aussi, victime de violences." En 2015, 11 enfants ont été tués par leur père, concomitamment au décès de leur mère.

Pour en savoir plus : "Violence féminine" et "Violences conjugales en guise d'amour" de Liliane Daligand

Car dans près de 9 cas sur 10, l'homicide est commis au domicile du couple, de l'auteur ou de la victime.