Maladies cardio et neuro-vasculaires : le lourd tribut des plus pauvres

Hospitalisations ou décès, les différences sont nettes pour les infarctus du myocarde, les accidents vasculaires cérébraux et l'insuffisance cardiaque.

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En France, la réduction des inégalités sociales concernant les maladies cardio-neuro-vasculaires constitue un véritable enjeu de santé publique
En France, la réduction des inégalités sociales concernant les maladies cardio-neuro-vasculaires constitue un véritable enjeu de santé publique © BAZIZ CHIBANE/SIPA

Temps de lecture : 3 min

Les conclusions de deux études publiées ce matin dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) sont sans ambiguïté : il existe bien un lien entre les hospitalisations pour maladies cardio et neuro-vasculaires (infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral, insuffisance cardiaque et embolie pulmonaire) et le milieu socio-économique. La même relation est retrouvée en ce qui concerne la mortalité liée à ces mêmes pathologies.

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Selon le travail de Camille Lecoffre et de deux de ses collègues de Santé publique France (*), la survenue de nombreuses maladies chroniques est inversement associée à la position socio-économique. Dans leur article, elles montrent que, tous âges confondus et quel que soit le sexe, le taux de patients hospitalisés pour de tels problèmes est significativement plus élevé au sein des 20 % de la population la plus défavorisée par rapport aux plus nantis pour l'infarctus du myocarde (109,1 pour 100 000 parmi les plus démunis, contre 90,9 pour les 20 % les plus favorisés), l'AVC (180,2 contre 159,1) et l'insuffisance cardiaque (314,4 contre 245,2), mais beaucoup moins pour l'embolie pulmonaire.

La France plus touchée que les autres pays européens

Les trois mêmes personnes se sont intéressées à la mortalité causée par ces pathologies. Une fois encore, elles montrent que le risque augmente avec le désavantage social pour les quatre principales causes de décès cardio-neuro-vasculaires dans notre pays. C'est particulièrement net pour les infarctus du myocarde (32,4 décès pour 100 000 personnes chez les 20 % les plus défavorisés, contre 25,7 parmi les 20 % les plus favorisés) et les accidents vasculaires cérébraux (respectivement 54,3 et 43,9 pour 100 000). « Bien que moins étudiée, la mortalité liée à l'embolie pulmonaire a également été décrite comme plus élevée dans les populations les plus défavorisées socio-économiquement », écrivent-elles. En revanche, pour l'insuffisance cardiaque, l'association ne concernerait que certaines populations. Elles notent aussi que, dans l'Hexagone, les inégalités sociales de santé sont plus marquées que dans la plupart des autres pays européens et qu'elles ont tendance à augmenter.

La réduction des inégalités sociales est un enjeu de santé publique

Dans les deux cas, les conclusions des auteurs sont identiques. « En France, la réduction des inégalités sociales concernant les maladies cardio-neuro-vasculaires constitue un véritable enjeu de santé publique de par l'ampleur de ces inégalités et la fréquence élevée de ces maladies dans la population », écrivent-elles. Leurs résultats soulignent la nécessité de mettre en place des mesures de prévention vis-à-vis des principaux facteurs de risque cardiovasculaire dans les populations les plus défavorisées. Elles doivent concerner à la fois la prévention primaire (réduction du tabagisme, plus fréquent chez les plus démunis, promotion d'habitudes de vie favorables à la santé…), secondaire ou tertiaire (amélioration de la prise en charge, éducation thérapeutique du patient…). Sans oublier l'amélioration de l'environnement professionnel et résidentiel (accès aux soins, réduction des nuisances…) ainsi que le soutien social.

Enfin, ces actions « devront s'orienter prioritairement vers les moins de 65 ans, qui sont les plus impactés par le désavantage social, quelle que soit la maladie ». Très logiquement, les auteurs estiment indispensable la surveillance épidémiologique des inégalités sociales de santé concernant ces pathologies, afin d'en estimer les évolutions et de mieux concevoir, piloter et évaluer les actions de santé publique mises en œuvre.

(*) La nouvelle agence créée le 1er mai 2016 regroupe l'Établissement de préparation aux urgences sanitaires (Eprus), l'Institut national de veille sanitaire (InVS) et l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes)

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Commentaires (9)

  • sixtequint

    Une seule solution pour favoriser l'accès aux soins des plus défavorisés qui peuvent regarder à deux fois avant d'aller chez le généraliste : le tiers payant généralisé... Ah non ! Nos amis médecins de ville refusent tout net ! Trop de tracasserie !

  • libertarien

    Ne savait on pas déjà qu'il vaut mieux être riche et bien portant que povre et mal en point ?

  • tartuffe75

    Sachant qu'un traitement contre l'hépatite C est désormais disponible en France (cout 40 000 € /an ) cela risque cde créer des vocations pour la France ) sans compter le reste ( allocatioon logement... ) et apres on debaltere sur els fonctionnaires payés 18 000 € apr an qui réinjectent 95% de leurs revenus dans l'économie française
    C'est très bien de soigner mais la France ne peut pas se permettre d'accueillir toute la misère du monde et de soigner tous les déshérités de la terre