Indonésie : mythe et réalité de la certification durable
La certification
Pourtant, l’impact de ces normes reste incertain. D’un côté, elles ont des effets positifs sur l’environnement et sur le niveau de vie de certains agriculteurs qui arrivent à vendre leur production à un prix légèrement supérieur. Mais de l’autre, la grande majorité des agriculteurs demeurent très vulnérables. En effet, en Indonésie, environ 90 % des 1,24 million d’hectares de plantations de café appartiennent et sont cultivés par de petits exploitants. Ces derniers, propriétaires de parcelles d’un ou deux hectares, sont très souvent en grande détresse économique, peu au fait des cours du marché ou du mécanisme de fixation des prix et à ce titre, très souvent endettés.
Le gouvernement indonésien à la manoeuvre
Néanmoins, il reste encore à déterminer si ces normes – qu’elles soient publiques ou privées – vont permettre d’améliorer la situation économique des agriculteurs, notamment des plus vulnérables.
Les coopératives agricoles comme réponse aux maux ?
Pour les intervenants de l’atelier de 2015, le gouvernement indonésien devrait investir dans cette transformation collective – en soutenant le processus sans forcément le piloter – visant notamment à augmenter la « valeur ajoutée » des produits finis. Or, comment obtenir une augmentation de « valeur ajoutée » de ces produits ? La réponse est simple : en certifiant une plantation dans son ensemble – ou un producteur – plutôt que d’accorder une référence distincte à chaque culture. Dans ce cas, on pourrait même envisager la création d’un marché de niche pour l’Indonésie. Aujourd’hui, du fait des normes en vigueur – publiques comme privées -, ce sont les exportateurs (pour le café) ou les entreprises (pour l’huile de palme) qui prennent en charge les coûts de certification. Ils bénéficient alors de prix additionnels au détriment des producteurs qui eux sont installés dans une relation de dépendance vis-à-vis de ces commerçants.
L’une des solutions idoines pour améliorer la situation économique des agriculteurs indonésiens serait donc que le gouvernement subventionne le coût de certification auprès de ces agriculteurs. Lesquels n’auraient plus ainsi à payer d’intermédiaires. Naturellement, il ne faudrait pas oublier non plus les désirs des consommateurs occidentaux dans l’équation. Au final, en étant plus attentifs aux conditions locales et aux besoins de tous les agriculteurs, y compris les plus marginalisés (soit, ceux présents dans des zones de conflits ou dans des localités reculées), la certification « développement durable » pourrait ainsi bénéficier à un plus grand nombre de petits exploitants indonésiens.
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