Ecotaxe : la facture s'alourdit

L'abandon, fin 2014, de l'écotaxe pourrait coûter 1,2 MdEUR, soit 50 % de plus que prévu. En cause, notamment, des contentieux juridiques.

L’abandon du prélèvement sur le transport de marchandises par poids lourds va coûter finalement beaucoup plus cher que les 800 M€ prévus.
L’abandon du prélèvement sur le transport de marchandises par poids lourds va coûter finalement beaucoup plus cher que les 800 M€ prévus. (LP/Olivier Corsan.)

    L'écotaxe, ses portiques, ses Bonnets rouges et... sa lourde facture. Décidé par Ségolène Royal, l'abandon de ce prélèvement sur le transport de marchandises par poids lourds va coûter finalement beaucoup plus cher que prévu. Annoncée à 800 M€, elle pourrait en réalité grever de 1,2 Md€ les finances publiques.

    Pour bien comprendre, un petit retour en arrière s'impose. Souvenez-vous, c'était en 2013. La Bretagne était à feu et à sang. Les Bonnets rouges manifestaient en masse contre l'écotaxe. Décidé sous la présidence de Nicolas Sarkozy, ce nouveau prélèvement devait toucher les poids lourds circulant sur les routes nationales. Objectif : récupérer des fonds (1,2 Md€ par an) pour financer le développement des infrastructures de transport. Pour y arriver, le gouvernement de François Fillon avait fait le choix d'un partenariat public-privé (PPP). En clair, à la suite d'un appel d'offres, la société d'origine italienne Ecomouv' a été choisie pour collecter cette taxe, à l'aide de boîtiers GPS embarqués dans tous les camions et de portiques sur les routes. En échange, elle devait recevoir 200 M€ par an...

    Un bras de fer engagé avec des sociétés de télépéage

    Après d'innombrables rebondissements (reports, suspensions, etc.), le gouvernement annonce, le 31 décembre 2014, la résiliation du contrat qui le lie à Ecomouv' pour un coût de 800 M€. Sans le crier sur les toits, il a transmis aux parlementaires des documents actualisant la facture à 967,6 M€. Si, dans l'entourage de Ségolène Royal, on évoque des écritures comptables (notamment de remboursement de TVA) pour justifier ce surcoût, l'analyse de la Cour des comptes est plus nuancée. Pour les sages de la rue Cambon, c'est aussi l'indemnisation des banques qui étaient intervenues dans ce PPP qui a alourdi la facture.

    Pire, selon un rapport du député PS Olivier Faure, « les coûts de sortie du contrat pourraient dépasser le 1,2 Md€ ». Soit un dépassement de 50 % du coût initial ! En cause, un bras de fer juridique engagé avec des sociétés de télépéage. Ces dernières fournissaient les boîtiers GPS aux routiers et elles souhaitent aujourd'hui être remboursées. « Le ministère n'a pas voulu négocier, nous avons donc eu recours au tribunal administratif et nous réclamons donc 300 M€ d'indemnité », explique Philippe Duthoit, président d'EP France, qui représente ces sociétés.