Tony Blair, de Premier ministre populaire à "criminel de guerre"

La publication d'un rapport met en cause la façon dont l'ex-Premier ministre a lancé son pays dans la guerre et son soutien inconditionnel à George W. Bush.

Source AFP

 Tony Blair fut l'un des Premiers ministres britanniques les plus populaires avant de voir son bilan et sa réputation ternis par sa décision d'engager son pays dans la guerre en Irak. 
 Tony Blair fut l'un des Premiers ministres britanniques les plus populaires avant de voir son bilan et sa réputation ternis par sa décision d'engager son pays dans la guerre en Irak.  © AFP

Temps de lecture : 4 min

Réformiste obstiné et énergique, Tony Blair fut l'un des Premiers ministres britanniques les plus populaires avant de voir son bilan et sa réputation irrémédiablement ternis par sa décision d'engager son pays dans la guerre en Irak. Mercredi, il a connu une nouvelle étape dans sa descente aux enfers avec la publication d'un rapport qui met en cause la façon dont il a lancé son pays dans la guerre et son soutien inconditionnel au président américain George Bush « quoi qu'il arrive ». Et à nouveau, des manifestants ont défilé à Londres en le traitant de « menteur » et de « criminel de guerre ».

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Treize ans après, l'intervention en Irak n'est pas pardonnée. Locataire du 10, Downing Street pendant dix ans, entre 1997 et 2007, le champion du « New Labour » a pourtant réussi la prouesse de se faire élire à trois reprises (1997, 2001 et 2005), dans un climat d'optimisme et de prospérité économique.

Brillant, charismatique, excellent orateur et charmeur hyperactif, Anthony Charles Lynton Blair, né le 6 mai 1953 à Édimbourg dans une famille bourgeoise, restera aussi l'homme des réformes et du renouveau du Parti travailliste. Avocat de formation, député à 30 ans, il a pris la tête du Labour en 1994. Il va rapidement le transformer du sol au plafond et faire de cette formation de gauche, appuyée sur les syndicats, un parti centriste et europhile.

Homme politique instinctif

En 1997, le Labour revient au pouvoir après 18 longues années dans l'opposition. Lui devient, à 43 ans, le plus jeune Premier ministre britannique depuis 1812. Plus pragmatique qu'idéologue, Tony Blair, homme politique instinctif qui voit la mondialisation comme une chance, se veut alors l'incarnation d'une « troisième voie », cherchant à conjuguer libéralisme économique et meilleurs services publics. Il y investit massivement, y introduit le privé et des obligations de résultat.

Les années Blair sont celles de l'indépendance de la Banque d'Angleterre, d'une plus grande autonomie pour l'Écosse et le pays de Galles, de la paix en Irlande du Nord, des unions homosexuelles et d'un durcissement des lois antiterroristes. On lui reproche un ego surdimensionné qu'un de ses ministres a résumé ainsi : « Il pense vraiment être Jésus. » Mais le charme opère. Il utilise les médias comme personne, dépoussière la classe politique avec son dynamisme et impose sa marque : le « blairisme ».

Arrivent les attentats du 11 Septembre 2001, un tournant pour les relations internationales et pour lui. Quitte à être traité de « caniche », il se veut l'allié indéfectible des États-Unis. Il envoie les soldats britanniques au front en Afghanistan en 2001 et puis en Irak en 2003. Mais la guerre est rejetée dès le départ par l'opinion publique et lui fait perdre rapidement la confiance du pays. Des millions de manifestants défilent dans les rues de Londres pour l'accuser d'avoir menti sur la présence, jamais avérée, d'armes de destruction massive en Irak.

Engagements lucratifs auprès de banques

L'an dernier, il s'est excusé pour les informations fausses données par les services secrets et les vies perdues – 179 soldats britanniques ont été tués – mais a affirmé ne pas regretter que Saddam Hussein ait été renversé.

Il est réélu en 2005, mais la joie n'est que de courte durée. Le 7 juillet 2005, Londres est à son tour frappée par des attentats qui font 52 morts. Et deux ans plus tard, il démissionne pour laisser la place à son ancien lieutenant Gordon Brown, juste avant la crise économique mondiale de 2008. Depuis, cet anglican converti au catholicisme, père de quatre enfants, marié à Cherie, avocate, apparaît comme un figurant de la scène politique britannique, y compris dans son propre parti, et passe l'essentiel de son temps à l'étranger.

Il a été plusieurs années émissaire du Quartette – composé de l'Union européenne, de la Russie, des États-Unis et des Nations unies – pour le Proche-Orient avec le mandat d'encourager le développement de l'économie et des institutions palestiniennes en vue de l'établissement d'un État. Le bilan de son mandat, qui s'est achevé en 2015, est mince dans un contexte de gel du processus de paix.

Il a également fondé des associations pour prôner le dialogue interconfessionnel et promouvoir le développement en Afrique. Les médias britanniques préfèrent retenir ses engagements lucratifs auprès de banques comme JP Morgan, mais aussi du gouvernement du Kazakhstan, qui ont contribué à une fortune personnelle estimée à plusieurs dizaines de millions de livres.

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Commentaires (6)

  • tsump

    Il en pense quoi de ses amis bush et blair...

  • guy bernard

    Nous sommes dans une époque apocalyptique dans le sens premier, celui de révélation.
    tout ce que l'on savait déjà ou que l'on soupçonnait se diffuse parce que tout simplement les sources d'enrichissement se sont taries et que les successeurs n'ont plus intérêt à cacher l'information.
    exemple : je prends la suite d'un trafic : si il se poursuit, je cache ; si il cesse, je dénonce mes prédécesseurs.

  • canalou

    C'est là le gros problème des anglais.
    Ils ne se sentiront jamais européens !
    Ils sont toujours tournés vers les us.
    Le regret d'une colonie perdue ?