Publicité

Suicides à France Télécom : le parquet demande un procès pour harcèlement

Il revient aux juges de prononcer un non-lieu ou de renvoyer l’entreprise en procès.

Par Fabienne Schmitt

Publié le 7 juil. 2016 à 07:08

L’hypothèse d’un procès inédit pour harcèlement moral au travail chez France Télécom (Orange aujourd’hui) pourrait bien devenir réalité. Jeudi, le parquet de Paris a demandé le renvoi en correctionnelle de l’entreprise et de son ex-patron Didier Lombard, pour harcèlement moral, dans l’enquête liée à toute une série de suicides de salariés en 2008-2009.

D’après France Inter, six autres dirigeants, dont trois travaillent encore chez Orange, sont aussi concernés, pour harcèlement moral ou complicité de ce délit. Parmi eux, Pierre-Louis Wenes, ex-numéro 2 de France Télécom, et Olivier Barberot, ex-responsable des ressources humaines.

Le réquisitoire définitif du Parquet arrive dix-huit mois après la clôture de l’instruction. « Cet acte ne présume pas de la décision des juges et de ce que sera l’ordonnance de règlement, précise-t-on chez Orange, où l’on se refuse à tout commentaire sur le fond. La balle est donc désormais dans le camp des juges d’instruction. A eux de prononcer un non-lieu ou de renvoyer l’entreprise et ses anciens dirigeants en procès.

Publicité

France Télécom a été la première entreprise du CAC 40 mise en examen pour harcèlement moral. Dans cette affaire, ce sont ses méthodes de gestion d’alors qui sont pointées du doigt. L’opérateur historique est soupçonné d’avoir mis en place « une politique d’entreprise visant à déstabiliser les salariés et agents, à créer un climat professionnel anxiogène. »

Ce alors que des plans de réorganisation de l’entreprise visant à la suppression de 22.000 emplois, à la mobilité de 10.000 agents et au recrutement de 6.000 autres, avaient été mis en place. A l’époque, il s’agit d’adapter l’entreprise au goût du jour, alors que des mutations majeures, telles que le mobile, l’Internet, l’ADSL... ont eu lieu dans les vingt années qui ont précédé la restructuration.

Didier Lombard débarqué du groupe en 2010

Incitations répétées au départ, mobilités géographiques forcées, surcharge de travail... sont autant d’exemples cités qui témoignent, pour les plaignants, de la mise en place d’un système pour pousser les salariés au départ coûte que coûte. Didier Lombard, qui a été débarqué du groupe en 2010, a toujours contesté les faits qui lui sont reprochés. Son avocat Jean Veil, cité par Reuters, a jugé le réquisitoire « d’une exceptionnelle innovation au plan juridique ».

Mais pour l’une des parties civiles, la CFE-CGC, les réquisitions sont « très réductrices ». Elle demande la requalification des faits pour y inclure la « mise en danger de la vie d’autrui et l’homicide involontaire ». Pour sa part, Sud, qui a porté plainte en 2009, indique continuer à « combattre cette logique financière qui, poussée à son extrême, au plus fort de la crise sociale, avait conduit (nos) collègues à perdre leur vie à la gagner. »

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres
Publicité