Sur WhatsApp, le marché aux esclaves de Daech

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IrakSur WhatsApp, le marché aux esclaves de Daech

Les jihadistes se livrent à un sinistre commerce avec les jeunes Yézidies, enlevées en masse en 2014, dont ils abusent sexuellement.

Lamiya, 18 ans, a essayé de s'échapper quatre fois avant d'y parvenir, en mars. Dans sa fuite, elle a été blessée par une mine antipersonnel.

Lamiya, 18 ans, a essayé de s'échapper quatre fois avant d'y parvenir, en mars. Dans sa fuite, elle a été blessée par une mine antipersonnel.

photo: Keystone/AP/Balint Szlanko

«Jolie vierge, 12 ans. Son prix a atteint 12 500 dollars.» Ce message en arabe est apparu sur la messagerie cryptée Telegram. Il a été intercepté par des membres de la communauté yézidie, dont environ 3000 femmes et enfants sont détenues comme esclaves sexuelles par le groupe Etat islamique (EI) depuis son offensive d'août 2014 dans le nord de l'Irak.

Mêlant pratiques barbares et outils ­numériques, les jihadistes négocient ces prises de guerre sur le Net. On trouve aussi les photos de jeunes Yézidies, apprêtées et maquillées, sur WhatsApp. Une mère et ses deux enfants en bas âge y sont proposés à 3700 dollars.

Plus facilement arrêtées et rendues à leur «maître»

Ces annonces servent aussi à dissuader celles qui voudraient s'échapper. Une fois leur visage publié sur le Net, les fuyardes sont plus facilement arrêtées et rendues à leur «maître». Les familles yézidies dépensent des fortunes pour payer les passeurs chargés de retrouver les leurs, voire les «racheter». «Mais les gens sont à cours d'argent. Certains se sont endettés à hauteur de dizaines de milliers de dollars», raconte Andrew Slater, de l'ONG Yazda.

Lamiya, 18 ans, a essayé de s'échapper quatre fois avant d'y parvenir, en mars. Elle dit avoir été violée et battue par ses propriétaires successifs. Elle a été blessée par une mine dans sa fuite et a perdu un œil. «Même si j'avais perdu les deux, ça aurait valu la peine: j'ai survécu à ce qu'ils m'ont fait subir», dit-elle.

(arg)

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