
« L’Arctique se réchauffe deux à trois fois plus vite que le reste du globe »
Entretien avec Éric Rignot, glaciologue à l’université de Californie à Irvine.
Une équipe vient de quantifier le rôle joué par les algues rouges dans la fonte des glaciers de la région Arctique. Une nouvelle donnée à prendre en compte dans les modèles climatiques.
Si vous avez prévu un voyage au pôle Nord pour vous rafraîchir en ce début d’été, n’espérez pas vous retrouver face à des étendues de neige immaculée : le blanc a cédé sa place à la « neige rouge ». Durant les mois les plus chauds, l’algue des neiges, autrement appelée « sang des glaciers », recouvre la majeure partie des glaces de l’Arctique. Cette algue rouge, qui assombrit les glaciers, joue-t-elle un rôle dans le réchauffement climatique ? Oui, répondent Liane G. Benning, du centre allemand de recherche en géosciences (GFZ), et des collègues anglais.
L’algue des neiges est particulièrement adaptée au froid ; on ne la rencontre qu’à haute altitude et latitude. Alors qu’elle est en dormance durant tout l’hiver boréal, elle se réveille le printemps venu : l’eau de la fonte des glaces et l’ensoleillement stimulent son développement. De l’Alaska à la Finlande, en passant par le Groenland, le pigment rouge du « sang des glaciers » assombrit la neige et diminue ainsi son albédo. Or, pour la même raison qui vous fait préférer les vêtements blancs aux foncés durant l’été, plus une surface est sombre, plus elle absorbe de lumière, et par là, de chaleur.
C’est un effet boule de neige ! Plus la glace fond, plus les algues rouges se développent et assombrissent la surface, qui se réchauffe, ce qui accélère encore la fonte... Avec son équipe, Liane G. Benning a calculé que les algues rouges sont ainsi responsables d’une diminution d’en moyenne 13 % de l’albédo des glaciers de la région Arctique durant la saison de fonte.
Une donnée à prendre en compte par les climatologues dans la modélisation du réchauffement climatique.
Stefanie Lutz et al., The biogeography of red snow microbiomes and their role in melting arctic glaciers, Nature Communications, 22 juin 2016.
Entretien avec Éric Rignot, glaciologue à l’université de Californie à Irvine.
On savait que la fonte des glaces, entraînée par le réchauffement climatique, contribue en retour à ce dernier. On a maintenant estimé de combien : sur le long terme, ce cercle vicieux contribuerait de 0,43 °C à l’augmentation de la température moyenne globale.
Le changement climatique modifie considérablement la vie au sommet du globe.
Des champs de neige rouge dans les montagnes, des averses pourpres, des traces sanglantes de pas sur un tapis neigeux immaculé… Au
Les oies de l’Arctique, perturbées par le réchauffement climatique, ont réduit leur temps de migration vers le Nord, ce qui augmente la mortalité des jeunes oisillons.
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