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IRAN

À Téhéran, des affiches anti-américaines suscitent les moqueries

Une banderole affichant : "Un Américain sur 110 est en prison"
Une banderole affichant : "Un Américain sur 110 est en prison"
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"Une Américaine est battue toutes les neuf secondes". "Un Américain sur 110 est en prison". "Aux États-Unis, deux enfants sur cinq sont nés hors mariage". "Les États-Unis sont le pays le plus belliciste sur Terre".

C’est le genre de messages que les habitants de Téhéran ont pu lire sur de grands panneaux d’affichage, la semaine dernière juste avant la fête de Qud, une célébration religieuse très importante qui se déroule le dernier vendredi du Ramadan.

Le projet a été mené par Owj Art, une entreprise connue pour ses sympathies avec les ultra-conservateurs iraniens. Mais si le but était de décrédibiliser les États-Unis, le projet a rapidement été la cible de moqueries sur les réseaux sociaux.

"Une Américaine est battue toutes les neuf secondes"

 

Ces affirmations sont-elles justes ?

Tout d’abord, regardons si les messages sont justes. 

"Toutes les neuf secondes, une Américaine est battue." Ce chiffre est effectivement utilisé par de nombreuses ONG américaines de lutte contre les violences domestiques, et est régulièrement repris dans les médias américains.

"Un Américain sur 110 est en prison." Pas tout à fait. Les derniers chiffres sur la population carcérale aux États-Unis sont clairs : le pays a le taux d’emprisonnement le plus élevé du monde, avec 716 détenus pour 100 000 Américains. Soit un Américain sur 140.

"Aux États-Unis, deux enfants sur cinq sont nés hors mariage." Selon les données du Pew Research Center, un important think tank américain, 41 % des enfants naissent de parents non mariés aux États-Unis, ce qui, effectivement, fait deux enfants sur cinq.

Balayer devant sa porte

Que ces données soient justes ou non, beaucoup de résidents de Téhéran ne les ont guère appréciées. Le journal réformiste Shargh Daily a fait un micro-trottoir dans les rues de la capitale. Et voici quelques-unes des réactions qu’il a recueillies auprès d’Iraniens qui conseillent à Owj Art de balayer devant sa porte.

"Quelqu’un a établi des statistiques sur la violence domestique dans notre pays ? Et pourquoi ne sont-elles pas publiques ?", "Et nous devrions fermer les yeux sur les mères toxicomanes en Iran, qui donnent naissance à des bébés dépendants à la drogue, qu’elles vendent à des étrangers, et à la place, compter les enfants américains nés hors mariage ?" ou encore "Combien de jeunes drogués et de voleurs y’a-t-il en Iran ?".

De nombreux internautes ne se sont par ailleurs pas privés de critiquer également ces affiches, sur Facebook et Twitter. Avec ironie, certains ont suggéré au maire de Téhéran de nouveaux messages à inscrire sur les panneaux.

Saviez-vous que les maires américains sont élus au suffrage universel direct ?" En Iran, les choses sont un peu plus compliquées : les électeurs votent pour les élus du conseil municipal, qui désignent ensuite le maire, lequel doit être approuvé par le ministre de l’Intérieur et le gouverneur local).

"Saviez-vous que les Iraniennes n’ont pas le droit d’entrer dans les stades pour soutenir leur équipe ?"

"Saviez-vous qu’en Iran les travailleuses du sexe vendent leurs bébés ?" Les médias iraniens se sont plusieurs fois faut l’écho de ce genre d’histoires. Comme dans beaucoup de pays, les parents qui souhaitent adopter cherchent souvent à avoir des nouveau-nés.

Qui est derrière ces messages ?

Owj Art a été particulièrement active depuis l’élection en 2013 du président modéré Hasan Rohani. Ils ont fait plusieurs campagnes publicitaires du même genre, notamment au moment de la signature de l’accord sur le nucléaire iranien entre Téhéran et le groupe 5+1. Ils avaient alors réalisé des affiches s’en prenant au président américain Barack Obama mais aussi au ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif. Owj Art semble avoir le soutien des dignitaires les plus conservateurs du régime iranien, qui leur ont permis d’utiliser des espaces d’affichage normalement réservés à l’affichage municipal. Les nombreuses réactions à cette campagne ont néanmoins entraîné le décrochage de plusieurs banderoles au centre-ville de Téhéran.

Owj Art n’est pas le seul organisme à avoir profité de la fête de Qud pour diffuser des messages anti-américains. Plusieurs groupes ultra-conservateurs ont déclaré la semaine de Qud la "semaine des droits de l’Homme américains" et ont publié un rapport sur ce qu’ils estiment être des violations des droits de l’Homme aux États-Unis.

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