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Comment vit-on aujourd’hui en HLM ?

Les locataires de logements sociaux estiment leurs conditions de vie globalement satisfaisantes, selon une étude de la Confédération générale du logement. Mais les résultats diffèrent fortement selon les départements.
par Lara Roques
publié le 7 juillet 2016 à 14h51

Connaître la vie en logement social de l’intérieur, donner la parole au vécu. Une association de défense des locataires, la Confédération générale du logement (CGL), publie ce jeudi une étude sur le cadre de vie en HLM, évalué par les locataires eux-mêmes. Près de 1 300 foyers de 39 départements ont participé à cette enquête, en répondant à des questions sur la propreté de leur bâtiment, la vie de leur quartier, la sécurité, le montant de leur loyer, entre autres.

Zones très concentrées

On découvre des locataires majoritairement satisfaits de vivre en HLM. Parmi eux, 70% apprécient leur cadre de vie et 58% trouvent l'entretien de leur immeuble bien fait, rompant avec l'image habituelle du logement social. «Très souvent, l'idée d'un habitat social associé à un environnement dégradé est colportée. […] On est loin de cette situation. L'habitat social est aussi synonyme de qualité de vie», précise l'étude de la CGL. Michel Fréchet, président de la Confédération, ajoute : «Ce rapport, on pourrait le renommer "je vis bien en HLM" !» Le loyer des logements sociaux (en moyenne 30% moins chers que dans le privé) est également apprécié des habitants. Parmi les personnes interrogées, 66% estiment leur montant correct.

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Mais le rapport met aussi en exergue des disparités entre départements, notamment au niveau du sentiment de sécurité dans les quartiers d'habitat social. «Bien sûr que le locataire d'un HLM dans le Cantal n'aura pas le même avis que celui de Seine-Saint-Denis», commente Clément Allègre de Consommation, logement et cadre de vie (CLCV), une association de défense de droits des consommateurs. En Seine-Saint-Denis justement, 55% des locataires de HLM ne se sentent pas en sécurité dans leur quartier, pendant que 57% des habitants du département voisin des Hauts-de-Seine s'estiment bien chez eux. La faute à la configuration des résidences et à l'investissement dans les bâtiments, ou non, par les bailleurs, selon la CLCV. Clément Allègre explique : «Il y a des zones HLM très concentrées et des zones plus pavillonnaires. Quand vous vous éloignez des centres urbains, ce ne sont plus les mêmes préoccupations pour les locataires : quand on vit dans une petite maison neuve, on ne va plus regarder la vie de quartier de la même manière.»

«Assignés à résidence»

Pour autant, 58% des locataires interrogés n'envisagent pas de déménager. Alors que d'autres, habitant dans des «quartiers délaissés par les bailleurs et les pouvoirs publics, se sentent abandonnés, comme "assignés à résidence", et pensent rester toute leur vie au même endroit», raconte Clément Allègre. C'est souvent le manque de revenus qui empêche les familles qui le souhaitent de déménager. La Confédération générale du logement souligne la paupérisation des locataires en HLM, de plus en plus de logements étant attribués à des ménages ayant des revenus très modestes ou en dessous du seuil de pauvreté, qui n'ont pas les moyens d'accéder au parc privé, où les loyers ont flambé depuis le début des années 2000.

La CGL attend du projet de loi «égalité et citoyenneté», en cours d'examen au Parlement, des mesures de solidarité nationale afin de ne pas «ghettoïser» les quartiers de logements sociaux. Michel Fréchet s'inquiète : selon lui, avec ce phénomène de concentration de familles pauvres dans certains quartiers d'habitat social, «on est en train de fabriquer des bombes à retardement».

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