Abdul Sattar Edhi, en 2005 © Belga Image

Décès d’Edhi, ascète et petit père des pauvres du Pakistan

Le Vif

Abdul Sattar Edhi, décédé vendredi à l’âge de 92 ans, était révéré au Pakistan pour son dévouement au service des plus pauvres, qui l’avait amené à créer un empire caritatif comprenant moult ambulances, orphelinats et centres de soins.

Cet ascète peu éduqué, dont la valeur principale était « l’humanitarisme », avait plusieurs fois été proposé pour le prix Nobel de la paix.

Né en Inde britannique dans une famille de petits commerçants musulmans, il était arrivé au Pakistan lors de sa création en 1947 et « pensait trouver dans cette nouvelle nation musulmane un Etat-providence, mais c’était tout sauf cela », expliquait récemment à l’AFP son fils cadet, Faisal.

Animé par une quête spirituelle de justice, Edhi s’était attelé à combler la faillite de l’Etat dans le domaine social, créant à Karachi en 1951 son premier dispensaire sur ses deniers personnels. Convaincu que tout homme mérite d’avoir accès à des soins, quelles que soient sa religion ou son ethnie, il avait affronté d’abord l’hostilité des chefs féodaux de sa propre communauté, les Memons, et plus récemment celle de groupes intégristes tentant de lui faire concurrence.

Au fil des ans, il avait ouvert dans tout le pays des maternités, morgues, orphelinats, asiles, maisons de retraite, et surtout une flotte de 1.500 ambulances réputée pour son efficacité sur les lieux d’attentats, et devenue le symbole de la Fondation Edhi.

Son épouse Bilquis gère à l’heure actuelle les foyers pour femmes et enfants. Le couple, qui a élevé cinq enfants, a aussi servi de parents de substitution à des centaines d’orphelins.

Les lieux d’accueils sont spartiates, et leur gestion très conservatrice, mais pour beaucoup de Pakistanais, ils représentent la seule planche de salut en cas d’accident de la vie.

Enfants ou personnes âgées abandonnés, femmes battues, handicapés, drogués, 5.700 personnes vivent actuellement dans les 17 foyers de la fondation Edhi.

Son budget annuel de 1,5 milliard de roupies (20 millions d’euros), provenant principalement de dons des classes moyennes et ouvrières, continue de croître selon Faisal Edhi. Ce dernier a été nommé administrateur de la Fondation début 2016 par son père, devenu trop faible pour la gérer.

Malgré sa notoriété, Edhi continuait à vivre très simplement. Il avait refusé d’être soigné à l’étranger, préférant un hôpital gouvernemental alors que les dirigeants pakistanais se rendent régulièrement en occident pour y être opérés. « J’ai beaucoup travaillé. Je suis satisfait de ma vie », déclarait-il à l’AFP en avril dernier, apparaissant déjà très affaibli.

« Il y a eu peu d’hommes qui aient fait autant de bien qu’Abdul Sattar Edhi », a réagi le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif dans un communiqué peu après l’annonce de son décès. « Malgré tous ses succès, il est toujours demeuré humble, vivant une vie simple dans une petite maison à peine assez grande pour contenir son gigantesque coeur ».

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