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A l'ombre du Stade de France, la nostalgie des Portugais de Saint-Denis

REPORTAGE - En lieu et place du Stade de France, se tenait dans les années 1960 un vaste bidonville concentrant la deuxième plus grande communauté portugaise de France. Beaucoup sont restés sur place, même si Saint-Denis a bien changé.

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Un drapeau portugais flottant dans le quartier du Franc-Moisin, à Saint-Denis.
Un drapeau portugais flottant dans le quartier du Franc-Moisin, à Saint-Denis. © GV/JDD

Sur le Cours du Ru de Monfort, qui traverse la cité du Franc-Moisin à Saint-Denis, les drapeaux portugais flottent aux fenêtres. Une tente et quelques chaises sont installées près du parking du supermarché local : dimanche soir, le quartier aura sa propre fan-zone à moins de 200 mètres du Stade de France. Et les Bleus, qui affronteront le Portugal en finale de l'Euro , n'y seront pas forcément les plus soutenus.

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Le Franc-Moisin a toujours eu une histoire compliquée. A la fin des années 1960, s'y étendait l'un des plus grands bidonvilles de France, habité par la deuxième plus grande communauté portugaise du pays, après celle de Champigny-sur-Marne. Brasseries et épiceries portugaises s'alternaient le long des trottoirs. "C'était sale, il faisait trop froid ou trop chaud, mais c'était chez nous", se souvient Rosa, résidente du quartier depuis 1962. Elle a vu la "seconde capitale portugaise" se transformer en profondeur : "Les étrangers sont toujours en majorité ici, mais les Portugais, eux, sont devenus riches. Et ont quitté le Franc-Moisin pour les beaux quartiers."

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Un court-métrage documentaire datant de 1969 témoigne de la vie des Portugais dans ce bidonville :

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Les Portugais ont conquis tout Saint-Denis

Rue Danielle Casanova, le patron du Transmontano, qui a pignon sur rue depuis 1964, confirme. "L'Etat a rasé le bidonville après deux vastes incendies en 67 et 70 pour construire la cité, raconte Diogo Antonia qui habite sur place depuis 45 ans. A force de travailler, la plupart des Portugais ont réussi à quitter les lieux." Lui reste, "malgré tout". "Nous avons réussi à transformer un bidonville en un beau quartier et, aujourd'hui, les nouveaux arrivants dégradent tout ce travail!" Une référence aux violences ou aux trafics qui bousculent la vie de cette cité sensible.

 

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Diogo Antonia, devant le bar Le Transmontano, ouvert depuis 1964.

Les Portugais n'ont pas quitté Saint-Denis pour autant. Ils se sont à peine éloignés du Stade de France pour conquérir le reste de la Plaine-Saint-Denis ou L'Ile-Saint-Denis. A tel point que plusieurs banques portugaises se sont implantées en ville. "Une bonne part de nos clients sont Portugais, mais aussi Capverdiens ou Angolais. Du coup, nous sommes tous trilingues et nous devons nous adapter à des familles divisées entre deux pays", explique Micael Da Silva Ferreira, l'un des conseillers de l'agence CIC Iberbanco, lui-même Portugais naturalisé Français il y a trois ans.

Le dilemme d'"une finale de rêve"

Nombre d'entre eux se retrouvent non loin du parc central de la Légion d'honneur, aux 5 Quinas, vaste brasserie bilingue qui ne désemplit pas. Le football y est religion, le restaurant ayant même sa propre équipe amateur, le FC 5 Quinas. Le patron José Nunes, 40 ans, porte fièrement le maillot de l'équipe du Portugal. "Cet Euro allie ma passion et nourrit mon travail, même si la fan zone officielle, très proche, m'enlève de la clientèle." Son pronostic? "La Seleçao va l'emporter! Nous n'avons jamais gagné d'Euro ni de Coupe du monde, nous le méritons!" 

Lire aussi : Pourquoi France-Portugal ne sera pas un match comme les autres

Tous ne soutiendront pas "les Verts et Rouges" pour autant. Une finale France-Portugal, c'est un dilemme auquel beaucoup ne s'attendaient pas. "C'est une finale de rêve, mais comment choisir entre sa famille d'origine et sa famille d'adoption?", résume un jeune supporter. "Si on gagne dimanche soir, ça fera du bien, c'est sûr. Mais en tant que Français, je serai content quoi qu'il arrive", assure Micael Da Silva Ferreira. Au Transmontano, le tenancier, lui, décide de ne pas prendre parti : "Etre pour tout le monde, c'est toujours mieux pour le business!"

Rivlin Israël Israel
(Reuters)

Cours du Ru de Monfort, au centre du Franc-Moisin : une tente et des chaises installées pour le match... pourtant joué dans le Stade de France, à 200 mètres de là (crédits photos : GV/JDD)

Source: leJDD.fr

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