LES PLUS LUS
Publicité

Macron veut le maillot jaune

Présent samedi dans les Pyrénées, sur la route du Tour, le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, cache de moins en moins ses ambitions. Mais garde secret son calendrier.

, Mis à jour le
Christopher Froome, Bernard Hinault et Emmanuel Macron, samedi, à l’arrivée de la 8e étape du Tour de France.
Christopher Froome, Bernard Hinault et Emmanuel Macron, samedi, à l’arrivée de la 8e étape du Tour de France. © Rodolphe Escher/Divergence pour le JDD

Le soleil écrase le col du Tourmalet. Les ­familles se cachent sous les parasols en bord de route, la caravane se fait attendre, les coureurs sont toujours en bas dans la vallée. Depuis la terrasse d'un restaurant d'altitude, Emmanuel Macron file la métaphore. ­Fondateur du mouvement En marche!, le ministre de l'Économie prépare son premier meeting : il se tiendra mardi à Paris. "Il y a plusieurs étapes, c'en est une qui a commencé le 6 avril et que je compte bien mener jusqu'au sommet", confie- t-il, rappelant la date du lancement de son tout jeune mouvement, qu'il veut transpartisan.

Publicité

Venu assister samedi au Tour de France sur les terres de ses grands-parents, Macron poursuit dans un sourire sur le même mode, celui qui alimente les spéculations sur le degré et la nature de ses ambitions politiques. "Je ne concours pas pour le maillot à pois ou le maillot blanc, ni pour le maillot vert. Quand on fait du vélo, c'est le maillot jaune… Vous connaissez beaucoup de coureurs qui commencent le Tour en disant qu'ils veulent le maillot blanc?" Meilleur grimpeur, meilleur jeune, meilleur sprinteur? Cela ne l'intéresse donc pas.

La suite après cette publicité
Star Wars 7 - 930X620
(TMZ)

Emmanuel Macron sur le Tour de France samedi. (Sipa Press)

La suite après cette publicité

Mais aujourd'hui, Macron n'est pas dans la compétition. En tout cas, pas officiellement, pas tout de suite. Mais tout près, quand même. Gérard Collomb, le sénateur et maire PS de Lyon, l'un de ses plus fervents soutiens, le dit "entré en campagne". Mardi soir, ce sera donc une nouvelle étape. Il montera sur la scène de la Mutualité, à Paris, pour s'adresser aux adhérents de son mouvement. Emmanuel ­Macron n'a jamais animé de meeting politique, hormis une réunion avec 200 sympathisants PS à Fresnes, en mars 2015. Ce sera donc son épreuve du feu.

"Ce n'est pas un homme seul"

Après des témoignages de "marcheurs", le nom donné à ses militants, il s'adressera à ses troupes pour donner son cap. Et il devrait préciser ses intentions pour 2017. Jusqu'où? Le ministre de l'Économie l'a confirmé à ses amis en fin de semaine : il n'a pas prévu d'annoncer mardi son départ du gouvernement, ni a fortiori sa candidature à l'élection présidentielle. Même si, dans son équipe, plusieurs scénarios en ce sens ont été évoqués et discutés : mi-juillet, fin juillet, à la rentrée de septembre…

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité

Beaucoup d'adhérents, tout comme les financeurs du mouvement, le pressent de prendre ­clairement ses distances avec le chef de l'État, et de se lancer. Il n'en est pas là. "La différence d'Emmanuel avec Hollande ne porte pas sur la ligne mais sur l'ambition, le champ et l'urgence des réformes à mener", explique un de ses soutiens. De quoi provoquer un clash? "Hollande ne le virera pas, il va vouloir l'utiliser jusqu'au bout", anticipe le sénateur François Patriat, ancien ministre de Jospin et, lui aussi, rallié.

En attendant, son entourage veut faire du rendez-vous de mardi "une démonstration de force". "On va voir que ce n'est pas un homme seul, que ce n'est pas un mouvement d'amateurs, qu'il y a une construction positive pour le pays", s'écrie le député Arnaud Leroy, autrefois proche d'Arnaud Montebourg. "Cambadélis réunit péniblement 250 personnes alors qu'il a douze partis politiques derrière lui, la différence sautera aux yeux."

Il consulte tous azimuts

Le programme politique est attendu à la rentrée : En marche!, qui revendique 50.000 adhérents, mène une vaste opération de ­porte-à-porte dans l'objectif de recueillir les témoignages et idées de 100.000 personnes afin d'alimenter un projet. Le mouvement recrute des permanents, des élus animent les réunions de militants, des rencontres en région sont envisagées. "Il va à nouveau venir chez moi en Normandie", s'enthousiasme le député radical de gauche Alain Tourret.

Par ailleurs, Macron continue de consulter tous azimuts. Il a vu Jean-Louis Borloo et, récemment, Jean-Pierre Chevènement - il fut actif au sein du Mouvement des citoyens pendant sa jeunesse. Il a croisé samedi au col du Tourmalet François Bayrou : ils ont discuté vélo et Pyrénées. "Ce fut cordial, cela n'efface pas les différences", résume le maire de Pau, qui soutient Alain Juppé.

 

François Bayrou et Emmanuel Macron sur le Tour de France samedi. (Sipa Press)

À l'heure du déjeuner, en haut du Tourmalet, le ministre de l'Économie s'est attablé avec des élus locaux conviés par le député socialiste Jean Glavany. "J'ai fait une table républicaine, avec des PRG, des centristes, je suis le seul socialiste", s'amuse l'ancien ministre de François Mitterrand, qui, comme Macron, fut, lui aussi, conseiller à l'Élysée avant d'entrer pour de bon en politique. Au début du quinquennat, Glavany lui avait recommandé de commencer par une implantation locale. Pas sûr que Macron suive ce conseil-là.

Source: JDD papier

Contenus sponsorisés

Sur le même sujet
Emmanuel Macron tient un discours sur l'Europe à la Sorbonne, le 25 avril 2024.
Politique

Discours de la Sorbonne : Emmanuel Macron veut dissoudre la France dans l’UE

CHRONIQUE. Emmanuel Macron a prononcé ce jeudi depuis la Sorbonne son discours sur le projet européen, envisageant une intégration supranationale au détriment de la souveraineté nationale. Son enthousiasme pour l'UE contraste avec une réticence apparente à valoriser la France, regrette l'essayiste Paul Melun.

Jean-Luc Mélenchon.
Politique

Comment Jean-Luc Mélenchon est en train de piéger ses adversaires...

CHRONIQUE. Repoussoir ? Paria ? Incendiaire ? Plus il est dénoncé comme un leader violent et manipulateur, plus Mélenchon développe un discours radical. Le dénoncer comme un homme dangereux, le traduire en justice l’empêchera-t-il d’accéder au pouvoir ? Qui peut en être sûr ?

Publicité