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François Hollande : "Le pays avait besoin de se retrouver"

VERBATIM - Une écharpe tricolore autour du cou, le président de la République François Hollande est, depuis le 10 juin, le premier supporter des Bleus. Ses confidences au JDD.

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Manuel Valls, Noël Le Graët et François Hollande jeudi au Stade Vélodrome de Marseille.
Manuel Valls, Noël Le Graët et François Hollande jeudi au Stade Vélodrome de Marseille. © Sipa press

"Quand j'avais rencontré les Bleus lors de leur stage de préparation à Clairefontaine, j'avais trouvé qu'il y avait une excellente ambiance entre eux : un entraîneur-sélectionneur très respecté, une joie qu'ils dégageaient déjà, un sérieux, une concentration qui laissait augurer un très beau parcours. Ils n'étaient pas dérangés par les polémiques existantes. Ils sont de plusieurs générations, certains ont connu Knysna , les plus jeunes n'ont pas cette mémoire douloureuse. Ils étaient protégés car ils avaient décidé de se protéger.

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Depuis le début, ils ont de l'envie. Certains joueurs avaient envie de prendre une revanche sur les déconvenues qu'ils ont connues en équipe de France ou dans leurs clubs, Giroud n'a pas toujours été aussi aimé qu'il l'est aujourd'hui, Payet avait eu des difficultés également. Il y avait eu des blessés. Ils avaient quelque chose à démontrer, et ils l'ont fait. Ils l'ont démontré collectivement et ça a fait leur succès. Ils ont réussi, étape après étape, à faire osmose, harmonie, à faire équipe. Ils ont fait une équipe, ils sont une équipe.

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On a connu des équipes de France avec une très forte personnalité, il y a eu Platini, Zidane. Eux ont énormément de talent, mais ils sont tous à leur place. Deschamps y est pour beaucoup , il les a protégés, il n'est pas affecté par quoi que ce soit, il les entraîne. Et il y a Lloris, un capitaine très discret et très sûr, très sûr en tant que gardien et très sûr en tant que personne. Il rassure. C'est un capitaine très sage, très humain et très bon! Un gardien, c'est essentiel. Une seule action peut être décisive, c'est lui qui donne la sécurité à l'équipe.

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Les Bleus, c'est l'équipe de France

J'ai assisté à tous les matches, les familles ont été présentes tout le temps. C'est une longue séparation et c'est important que les joueurs aient été entourés depuis un mois. Les Koscielny viennent de Tulle, je les connais bien, ils sont venus par leurs propres moyens, à chaque match. Et puis le public français très exigeant a toujours soutenu l'équipe. Il n'y a pas eu de critique, de mise en cause, de contestation.

L'ambiance de l'Euro est bonne, les gens sont contents. Mesut Özil est formidable, son message [de félicitation] au peuple français est extraordinaire, il pourrait être triste que l'Allemagne ait perdu , se lamenter contre le penalty. Mais non, il dit : "Merci, la France", c'est rare. Il faut que les Français en soient convaincus, leur pays est aimé, il faut qu'ils l'aiment. Au sommet de l'Otan, d'où je viens, tout le monde m'a parlé de l'Euro, des Bleus. Les chefs d'État et de gouvernement manifestent une très grande sympathie pour cette équipe, très brillante. Griezmann est le visage de l'équipe de France, mais ils ont tous acquis une grande sympathie.

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Les Bleus, c'est l'équipe de France. On n'a plus à parler de leurs origines, de leur couleur de peau. Le progrès, c'est qu'on n'a plus besoin de dire "Black/Blanc/Beur" comme en 1998. La France est mélangée, c'est un fait. Il n'y a pas besoin de faire de leçon, le pays les soutient. Cette équipe est très marquée par les attentats. Le 13 novembre, ils jouent sans savoir qu'à côté il y a des bombes, sans savoir qu'à Paris des terroristes abattent 130 personnes, leurs familles sont touchées.

Les attentats sont identitaires pour eux, ils se sont forgé leur propre conscience. Ils ont la conviction qu'il faut donner de la joie aux Français éprouvés par ces épreuves. Ils veulent donner du bonheur. Deschamps leur a transmis cette volonté de rendre les gens heureux. Ils savent que le moment n'est pas banal. Il y a du monde dans les rues depuis le début de l'Euro, tout se passe très bien.

L'Euro emporte tout, c'est le rassemblement

Les Français avaient besoin de se retrouver. On l'avait vu au moment des attentats. On s'était retrouvé dans les drames, il y avait un réel besoin de se retrouver dans la joie, se retrouver ensemble. Le sport permet ce rassemblement alors que la politique, elle, divise. Le sport permet ce dépassement, géographique - on est tous du même pays -, dépassement des origines, des parcours. Cela permet d'échapper à toutes nos préoccupations. L'Euro emporte tout, c'est le rassemblement. La vie reprendra son cours après. Je soutiens l'équipe de France, je viens à tous leurs matches, mais je ne veux pas utiliser le sport pour la politique . Ce n'est bon ni pour le sport, ni pour la politique."

Source: JDD papier

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