Un des robots champion du monde de l'équipe de France.

Battre les champions du monde humains d'ici 2050, pas impossible. En photo: Mowgly, l'un des quatre robots de l'équipe française Robhan.

Rhoban/CNRS/Université de Bordeaux/Bordeaux INP

Faut-il y voir un signe avant la finale de l'Euro 2016 face au Portugal? Le 4 juillet, la France a déjà décroché un titre, celui de championne du monde de football robotique en s'imposant lors de l'épreuve "soccer humanoïde taille-enfant" de la RoboCup 2016. Cette compétition internationale, la plus importante du genre, réunissait 32 universités internationales. Clin d'oeil à la victoire des Bleus face à la Mannschaft, elle se déroulait à Leipzig, en Allemagne.

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Mais cette fois encore, "à la fin, ce sont les Français qui ont gagné". Ou plus exactement l'équipe Rhoban du laboratoire bordelais de recherche en informatique (Labri), dirigée par Olivier Ly. Grâce à leurs quatre footballeurs cybernétiques de 60 à 80cm de haut, les ingénieurs français ont remporté la finale aux tirs au but (5 à 4) face aux Chinois.

Voir ci-dessous le résumé de la compétition 2016:

"Ce qui nous a fait gagner face aux Chinois, c'est une technologie équilibrée, analyse le leader de Rhoban, interrogé par L'Express. Ils avaient clairement de meilleurs robots côté motricité, mais sur le terrain ils étaient paumés. Nous avions une meilleure technologie de localisation".

Le positionnement et la stratégie, clés d'une victoire footballistique? Une analyse qui devrait faire plaisir à Didier Deschamps. "Ah, mais je ne suis pas du tout légitime pour donner des conseils en football", se défend en souriant Olivier Ly. Il a, en revanche, de très sérieuses compétences en robotique.

Des caractéristiques calquées sur celles des humains

"Nous avons deux modèles de robots différents, explique-t-il. SygmaBan, 60cm de haut, et qu'AlphaBan, le plus récent, qui mesure 80cm". Les deux modèles sont équipés d'une seule caméra dont les images sont envoyées en temps réel à des ordinateurs embarqués. Une fois analysées, elles permettent au robot de reconnaître la balle et les autres joueurs, de calculer sa position, prendre les décisions adéquates etc.

"Il existe des contraintes, ajoute le maître de conférences. Nous ne pouvons par exemple pas installer de caméra 360° parce qu'il faut rester le plus proche possible des caractéristiques humaines". Et c'est tout le défi de la compétition.

Battre les champions du monde humains d'ici 2050

Le but de la RoboCup est, à terme, de développer une équipe de robots humanoïdes capables de battre les champions du monde humains. Le tout en suivant les règles officielles de la Fifa. Les plus optimistes espèrent y arriver d'ici 2050, mais "le chemin est encore long", glisse Olivier Ly.

Pour l'instant, si les petits robots jouent de manière totalement autonome, ils se déplacent encore sur un terrain de neuf mètres sur six seulement. Leur démarche est saccadée, leur vitesse... "relative": les culbutes et autres chutes ne sont pas rares.

Robot foot euro robotique intelligence artificielle

Mowgly, de l'équipe française, est encore pataud, mais il est peut-être l'ancêtre du futur CR7 robotique.

© / Rhoban/CNRS/Université de Bordeaux/Bordeaux INP

"Les principaux défis sont l'intelligence motrice -mécatronique [ensemble de discipline scientifique, NDLR], équilibrage, etc.- et l'intelligence artificielle, indique Olivier Ly. L'une des obsessions des participants est de réussir à les faire vraiment marcher, voire courir, un jour. Mais nous n'avons pas d'équivalent des muscles: les moteurs électriques sont bien moins puissants et les moteurs hydrauliques beaucoup plus lents".

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"Les robots les plus impressionnants aujourd'hui sont ceux de Boston Dynamics. Mais même là, nous sommes encore loin des capacités humaines", ajoute le chercheur. Quant à l'Intelligence artificielle, si l'on sait créer aujourd'hui des champions du monde d'échec, de Go, voire de simulation de combat aérien, mais pas de foot. Car "il y a un problème d'incertitude constante sur les positions: de la balle, des adversaires et même du joueur".

Cristiano Ronaldo et Antoine Griezmann n'ont pas (encore) à redouter des tacles assassins de robots de plusieurs centaines de kilos. "D'ailleurs, c'est une vraie problématique pour le futur, nous ne pourrons pas faire des robots d'1m80 et 300 kilos pour jouer contre des humains", souligne Olivier Ly. Il faudra d'abord trouver de nouvelles solutions: matériaux composites ultralégers etc. Bref, vivement 2050!

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