La visite de François Hollande dans la Silicon Valley, mercredi 12 février, a constitué un moment-clé du périple américain du chef de l'Etat. Il en a profité pour proclamer sa foi dans les entreprises innovantes et les start-up, mais aussi sa disposition à accueillir en France les géants américains de l'Internet.
Symbole de cette lune de miel : le hug (« accolade ») qu'il a accordé à Carlos Diaz, un entrepreneur français à l'origine du mouvement des « pigeons », une révolte de patrons contre la hausse un temps envisagée de la taxation des plus-values sur les cessions d'entreprises.
Cet acte de réconciliation, une « preuve d'amour » aux entrepreneurs, selon la ministre déléguée chargée des PME, de l'innovation et de l'économie numérique, Fleur Pellerin, a servi de tremplin à M. Hollande, qui a ensuite fait une série d'annonces devant le French Tech Hub, un incubateur d'entreprises financé notamment par le conseil régional d'Ile-de-France.
« PASSEPORTS TALENTS » ET « FINANCEMENT PARTICIPATIF »
« La France doit reconnaître le dynamisme de ses entrepreneurs » et favoriser « l'esprit d'initiative », a notamment lancé le président devant quelques dizaines de patrons de start-up françaises.
Il a promis « une nouvelle impulsion » au « financement participatif », avec l'adoption, « le mois prochain », d'une ordonnance pour que ce dispositif devienne en France « aussi incitatif qu'aux Etats-Unis ». « Un projet pourra recueillir jusqu'à 1 million d'euros de prêt sur une plateforme de financement participatif » pour la création d'entreprises, a-t-il détaillé.

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Le chef de l'Etat a également appelé le président du Medef, Pierre Gattaz, qui l'accompagnait, à explorer avec les grands groupes français la « piste » d'offres d'embauche similaires à celles proposées en Californie pour trois ans aux étudiants en fin de cycle. Elles leur permettraient de « disposer d'une sécurité pour développer leur propre entreprise », a-t-il expliqué.
Parmi les idées lancées, celle de « passeports talents » donnerait aux créateurs, innovateurs et entrepreneurs étrangers la possibilité de recevoir plus facilement un visa français. « Entre 5 000 et 10 000 personnes » pourraient en bénéficier chaque année, a-t-il précisé.
Observant que pour attirer les talents dans les start-up il fallait aussi les rémunérer à hauteur de ce qu'offrent les grands groupes, « ce qui n'est pas simple quand une entreprise se crée », M. Hollande a évoqué l'idée « d'améliorer le régime des attributions gratuites d'actions et de bons de souscription de parts de créateurs d'entreprises ».

« SUR INTERNET, QU'EST-CE QUI EST VRAI ? »
S'il a loué l'esprit des entrepreneurs du numérique, M. Hollande n'en reste pas moins sceptique lorsqu'il s'agit du Web. Comme l'a rappelé Le Parisien jeudi, il reste « un homme de l'écrit » qui cultive une véritable méfiance vis-à-vis des nouveaux médias.
« Il y a une forme d'addiction à tout ça dont il faut absolument se prémunir », aurait-il déclaré. François Hollande aurait également dénoncé la « violence » et la « propagation des rumeurs » en ligne. « Sur Internet, qu'est-ce qui est vrai ? Le pire, ce sont les attaques privées… » Ces déclarations n'avaient pas échappé à la presse américaine qui, à l'image du Washington Post, prédisait des « discussions tendues » entre François Hollande et de nombreux tycoons de l'Internet avec qui il a déjeuné, dont Eric Schmidt (Google), Sheryl Sandberg (Facebook), Jack Dorsey (Twitter) ou Mitchell Baker (Mozilla Foundation).
M. Hollande leur a lancé le message suivant :
« Nous n'avons peur de rien, pas peur de mettre nos meilleures entreprises dans la Silicon Valley, pas peur non plus d'attirer des talents ou des investisseurs étrangers dans notre pays (…) Nous devons accepter une émulation favorable à l'emploi dans notre pays, c'est pour ça que j'ai dit à ces grands groupes : “Venez investir en France, venez créer des emplois, (…) venez aussi soutenir les start-up françaises.” »
Il n'a toutefois pas abordé avec eux la question qui fâche : leurs pratiques d'« optimisation fiscale » qu'il avait jugé « pas acceptables » à quelques jours de son départ pour les Etats-Unis.
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