Le politilogue cambodgien Kem Ley a été tué de deux balles tirées à bout portant, dimanche 10 juillet, dans la station-service dans laquelle il avait l’habitude de prendre son café tous les matins à Phnom Penh.

Une foule de curieux s’est rapidement rassemblée autour du lieu de l’assassinat, rapporte The Cambodia Daily. Les passants choqués et hostiles aux forces de l’ordre ont empêché le corps de la victime d’être transporté dans une ambulance de la Croix-Rouge, une institution dirigée par la femme du Premier ministre Hun Sen. Ils criaient : “C’est la voiture du tueur.”

Car, si le suspect rapidement arrêté par les forces de l’ordre a expliqué vouloir régler ainsi “une dispute liée à une dette”, The Phnom Penh Post précise que “de nombreuses personnes ont évoqué un assassinat politique”, notamment la veuve de Kem Ley.

Apprécié pour ses analyses

La victime remplissait “un rôle vital en expliquant notamment à la radio l’histoire derrière les intrigues de la vie politique cambodgienne”, explique The Cambodia Daily. Il critiquait les acteurs à la fois au pouvoir et dans l’opposition.

Le Premier ministre Hun Sen a dénoncé le meurtre sur sa page Facebook.

Trois jours avant sa disparition, Kem Ley réagissait sur les ondes à la publication d’un rapport de l’organisation Global Witness. Cette dernière détaillait le patrimoine de la famille du Premier ministre, qui s’élèverait à plusieurs millions de dollars. Le politologue dénonçait le népotisme et l’accumulation de richesses dans ce pays où la majorité de la population vit dans la pauvreté.

Une procession de plusieurs milliers de personnes s’est formée spontanément dans les rues de la capitale cambodgienne pour accompagner le corps de la victime à la pagode, raconte le journaliste du Diplomat. “Les gens étaient très en colère et évoquaient le cas du militant écologiste Chhut Vuthy et du syndicaliste Chea Vichea”, tous deux assassinés respectivement en 2012 et 2004.