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AFGHANISTAN

Les enfants afghans ne pourront plus jouer avec de fausses armes

Photo publiée par un journaliste afghan sur Twitter, montrant un jeune enfant avec une vraie arme à la main.
Photo publiée par un journaliste afghan sur Twitter, montrant un jeune enfant avec une vraie arme à la main.
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Les enfants ont  tendance à vouloir reproduire ce que font les adultes. Et en Afghanistan, dans un pays ravagé par la violence, il semble qu’ils apprécient particulièrement de s’amuser avec des armes en plastique. Ce qui a conduit, début juin, le gouvernement afghan à en interdire la vente.

Le ministère de l’Intérieur a ainsi demandé à la police afghane de saisir toutes les armes en plastique qu’elle pourrait trouver à la vente. Et a demandé dans le même temps aux parents d’arrêter d’acheter des armes en plastique.

Cette décision a satisfait les défenseurs des droits des enfants, qui estiment que la "culture de la violence" est tellement ancrée dans la société afghane qu’elle doit être combattue dès l’enfance. Reste à savoir si cette interdiction peut avoir des effets perceptibles, et s'accompagner d’autres mesures préventives estime notre Observatrice Zakia Ahmad, activiste du droit des enfants.

"Plus elles ressemblent à une vraie arme, plus elles ont du succès"

Au moment de la fête de l’Aid el Fitr, qui célèbre la fin du ramadan, les parents achètent des cadeaux à leurs enfants. Et en Afghanistan, les armes en plastique sont parmi les jouets les plus achetés. Plus elles ressemblent à une vraie arme, plus elles ont de succès.

En Afghanistan, les enfants jouent particulièrement avec des imitations d’arme et ça peut être dangereux. L’an dernier, au moment de l’Aid el Fitr, des dizaines d’enfants ont joué avec des pistolets à bille à Kaboul, ce qui avait causé plus de cent blessés, dont certains avec de graves blessures aux yeux.

Après plusieurs décennies de guerre et de tensions, la violence est devenue normale ici, elle fait partie du quotidien. Les gens vivent tellement avec qu’ils ne réalisent pas à quel point il serait important d’éviter au maximum que leurs enfants soient en contact avec cette culture. Quand on voit que l’EI [organisaton État islamique, NDLR] ou les Taliban parviennent à recruter de jeunes enfants, on peut se dire que la société est en partie responsable, qu’elle a en elle les racines de cette propension à se laisser embrigader.

Notre Observateur Saber Hosseini, qui distribue des livres aux enfants, essayent également de troquer des armes en plastique contre des livres.

Mais le gouvernement ne doit pas être le seul à prendre en main cette question. Ni dans les écoles ni dans les mosquées, on ne cherche à faire de la pédagogie face au niveau de violence que connait l’Afghanistan. Or ce sont les deux principaux lieux d’éducation des enfants. Il faut donc également y développer une politique de sensibilisation.

En somme, cette interdiction me semble être une bonne mesure mais elle est loin d‘être suffisante. Il y a des armes dans la plupart des foyers : imaginez combien d’enfants afghans voient leurs parents avec de vraies armes à la main, touchent une vraie mitraillette avant même d’en avoir une plastique. Nous avons fait un premier pas, mais il en faudra beaucoup plus si on veut influer sur la perception qu’ont les enfants des armes et de la violence.

Selon l'ONG Human Rights Watch, les Taliban ont accru ces derniers temps le recrutement d’enfants-soldats en Afghanistan. Ils entraînent des enfants dès l’âge de 6 ans. Le nombre d’enfants morts au combat se serait accru de 18 % en 2015, si bien qu’aujourd’hui, une victime sur quatre des violences dans le pays serait un enfant-soldat. Outre les Taliban, l’EI en Afghanistan a publié diverses vidéos dans lesquelles on peut voir des enfants être entraînés militairement, et apprendre à utiliser des armes, dans différents endroits du pays.

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