Clinton-Sanders : l'histoire d'une relation politique tumultueuse

Bernie Sanders a officiellement apporté son soutien à Hillary Clinton. Depuis des années, le sénateur a systématiquement critiqué la candidate démocrate.

Par 6Medias

Bernie Sanders et Hillary Clinton.
Bernie Sanders et Hillary Clinton. © AFP

Temps de lecture : 3 min

Avant qu'Obama ne soit élu, avant qu'Hillary ne devienne la femme de président trahie la plus connue du monde entier, avant même l'émergence d'un futur candidat républicain, Donald Trump…, Bernie Sanders et Hillary Clinton n'étaient déjà pas les meilleurs amis du monde. En avril dernier, en amont du meeting de New York, Bernie Sanders avait même déclaré : « Je ne pense pas qu'elle soit qualifiée » pour le poste. En politique, le premier est aux abords de la ligne démocrate classique, la seconde incarne l'establishment du parti. Mardi 12 juillet, dans le New Hampshire, cela n'a pas empêché le sénateur du Vermont de se rallier à l'ancienne secrétaire d'État. Un soutien attendu depuis des semaines mais qui a mis longtemps à se concrétiser. Et pour cause. Bernie Sanders a négocié chèrement son ralliement. Car, quitte à abandonner une partie de ses idées au profit d'une équipe démocrate unie et plus forte, autant essayer de persuader la candidate Clinton de se « gauchiser » davantage.

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Pour ou contre le « 1 % »

À bien des égards, Hillary Clinton fait partie de la classe privilégiée des Américains. Fortune considérable, relations plutôt aisées avec Wall Street, la candidate à la Maison-Blanche a souhaité, depuis le début de sa campagne, séduire la classe la plus riche du pays, la classe financière, ce fameux 1 %, afin d'en faire des alliés de poids le jour de l'élection venu. Hillary Clinton connaît la valeur de ces puissantes entreprises. En bonne candidate de l'establishment, sa rhétorique a toujours été délicate à leur égard. Ce qui n'est pas le cas de Bernie Sanders. Au long de ses discours et du déroulement de son programme, le sénateur n'a eu de cesse de combattre cette frange la plus riche de la population. Son créneau est celui du petit peuple, étranger aux considérations des grosses multinationales. Pendant la campagne des primaires démocrates, il n'a d'ailleurs eu de cesse de critiquer sa rivale, jugeant qu'elle n'était pas assez « sociale » et qu'elle n'était pas la candidate du peuple. En 2008, notamment, à la suite de la crise financière, Bernie Sanders avait voté contre le rachat des banques privées de Wall Street, à l'inverse d'Hillary Clinton.

L'assurance maladie, un point de friction depuis vingt ans

En 1993, Hillary Clinton travaillait ardemment à un projet de réforme de santé voulu par son époux, Bill Clinton. Dans ce cadre, elle a débattu à plusieurs reprises avec Bernie Sanders, lui aussi rêvant d'une réforme dans ce domaine. Problème : les deux démocrates ne se sont jamais entendus sur la façon dont ils souhaitaient réformer ce système. Bernie Sanders étant un fervent défenseur d'un système 100 % financé par des fonds publics, et un accès totalement gratuit aux soins. Un système auquel Hillary Clinton ne croit pas, car il est impossible à mettre en place, selon elle, et très peu pratique.

Réalisme politique vs utopie

Car c'est bien là toute la différence entre Bernie Sanders et Hillary Clinton. Le premier a l'expérience d'un sénateur apprécié, tandis que la seconde a celle d'une ancienne secrétaire d'État doublée d'épouse d'ancien président. Le fossé qui existe entre les deux démocrates réside donc principalement dans une mise en pratique possible d'un programme en phase avec la conjoncture économique actuelle. Hillary Clinton s'est toujours affichée comme opposée à des dépenses budgétaires trop importantes, justifiant sa position par le fait qu'il faudrait nécessairement couper dans d'autres budgets ou relever les taux d'imposition. De son côté, Bernie Sanders est partisan d'une dépense plus importante dans le but de financer notamment sa réforme de l'enseignement et celle de santé. Mais Bernie Sanders est un utopiste, un démocrate socialiste et progressiste dont l'idéal de système social ressemble davantage à un système européen.

Hillary Clinton, elle, est une figure de ce que le journaliste américain Ezra Klein appelle « le réalisme politique ». La candidate démocrate ne s'est jamais imposée comme l'image du changement politique, du révolutionnaire qu'ont pu être Obama en 2008 ou Sanders en 2015. Elle est l'image d'un pragmatisme politique et reste consciente qu'alors que le Congrès est détenu par les républicains toute tentative de réforme éducative, ou sociale, reste limitée. Elle se pose donc comme la démocrate du compromis. Et c'est en cela qu'elle et Bernie Sanders sont essentiellement différents, malgré leur nouvelle unité dans la campagne.

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Commentaire (1)

  • nixnuttz14

    Cette fois c'est lui qui doit passer sous la table, sincères condoléances Sanders.