L’art de blaguer sur Twitter : citoyen qui rit…

Valentine Serino
3 min readJul 13, 2016

Si la moquerie est un art sur les réseaux sociaux, élus et institutions tentent, par moments, de s’approprier les codes et de faire rire les internets — et non à leurs dépens. Il faut bien avouer qu’humour et politique, ça va plutôt bien ensemble.

De l’usage de la référence culturelle

Bill de Blasio, le maire de New York, nous en donne un exemple brillant ces derniers jours, en associant capture de Pokémon et réussite de la lutte contre la criminalité dans sa commune. Oui oui, vous avez bien lu.

On ne peut pas parler de blague en tant que telle, mais ce clin d’œil donne le sourire pour quiconque a entendu parlé de la frénésie autour du lancement de Pokémon GO (si vous êtes passé entre les mailles du filet, voici de quoi vous renseigner). Le clin d’oeil pop culture, comme nous allons l’appeler ici, est un moyen bien connu pour faire passer un message en douceur (mais un message quand même…). L’internaute se marre, et retient l’information. C’est aussi simple que ça !

En communication publique, le compte de la diplomatie française avait joué sur cette même corde sensible pour assurer la promotion de la COP21 à quelques jours de son lancement :

Décidément, les politiques ont quelque chose avec les Pokémon… Pour plus de sources sur communication publique/politique et pop culture, vous pouvez aller sur le blog du SIG ou regarder le hashtag #Compop sur Twitter, où a été retranscrit un débat de Sorbonne Communication sur le sujet.

Le running gag

Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat chargée du Numérique, nous en donne l’illustration parfaite avec ses (très nombreux) parapheurs :

(Décidément, le divorce est consommé entre les élus et leurs parapheurs)

Là encore, il ne s’agit pas de blaguer pour le principe. C’est avant tout un moyen de montrer le quotidien de l’élu, ses besoins (la dématérialisation, en l’occurrence), rire des absurdités de l’administration française, du métier politique… et de partager cette expérience avec les concitoyens.

Le trolling

Ou comment décrédibiliser ses adversaires ! Rire des autres sur le ton du badinage, ça passe toujours mieux…

En France, c’est Nathalie Kosciusko-Morizet qui s’en est faite l’experte, ce qui n’est pas étonnant, sachant qu’elle est l’une des premières politiques françaises à s’être intéressée à Twitter. Ses deux derniers faits d’armes montrent une certaine maîtrise du trolling : tout d’abord ses vœux pour l’année 2016, où la candidate déambule devant des restaurants aux noms évoquant d’autres candidats à la primaire de la droite et du centre (“Le petit Bordelais”, “Le renouveau”, etc.), puis au début du mois de juin, une vidéo où ce sont tout simplement les autres candidats qui invitent à la parrainer. Ah les joies du montage !

De l’autre côté de l’échiquier politique, c’est Jean-Luc Mélenchon qui est coutumier dès qu’il y a un événement à récupérer — pardon, à commenter. Beau spécimen de trolling à l’occasion du meeting d’Emmanuel Macron à la Mutualité :

L’autodérision

C’est la forme la plus casse-gueule, souvent employée par les politiques qui ne sont déjà pas forcément appréciés sur la toile. C’est en quelque sorte la stratégie de celui ou celle qui n’a plus rien à perdre, et qui cherche vraiment/vainement la sympathie partout.

Si l’on en croit les réponses à ce dernier tweet, les internautes ont assez peu “goûté” la private joke de Thomas Thévenoud, débarqué du gouvernement en août 2014 pour impôts non payés. Et la Direction générale des finances publiques n’a donc pas hésité à… le troller.

Des tweets comme ceux-là ne vont pas fondamentalement faire changer d’avis sur la personnalité politique, soyons réalistes. Les soutiens vont adorer, les haters se moquer. Mais le buzz et les reprises média sont assurés… Que demander de plus ?

Dans un autre registre, Bruno Le Maire n’a pas hésité à répondre aux tweets moqueurs du Gorafi Sports pendant tout l’Euro de foot :

L’audience semble être restée confidentielle et les tweets partagés entre soutiens du candidat. Et si le trolling permettait aussi de souder ses propres troupes ?

Ce sera tout pour aujourd’hui, n’hésitez pas à me faire parvenir d’autres exemples pour enrichir ce billet, ici ou sur mon compte Twitter @ValentineSerino !

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