14 JUILLET - C'est l'ultime fête nationale avant l'élection présidentielle. François Hollande donnera ce jeudi la dernière interview traditionnelle du 14 juillet de son quinquennat en répondant pendant 45 minutes, sur TF1 et France 2, aux questions des journalistes Gilles Bouleau et David Pujadas, depuis la salle des portraits de l'Elysée.
Plombé par ses records d'impopularité et la crise politique qui sévit à gauche, le chef de l'Etat ne pourra esquiver les questions sur son ambitieux ministre de l'Economie Emmanuel Macron, qui le défie de plus en plus ouvertement. Il devra également s'expliquer sur le psychodrame législatif autour de la loi Travail.
Mais le président de la République ne manquera pas de consacrer un large volet de cet entretien aux sujets internationaux, et tout particulièrement au Brexit qui menace l'avenir de l'Union européenne.
La question de la sortie de l'UE du Royaume-Uni, et de ses conséquences sur la construction européenne, devrait en effet occuper une bonne partie de l'été de François Hollande. Ce dernier a d'ores et déjà calé une mini-tournée européenne. Du 19 au 21 juillet, le président se rendra au Portugal, en République tchèque, en Autriche, en Slovaquie et en Irlande, "afin de poursuivre le travail engagé" en vue de "donner une nouvelle impulsion à l'Europe à 27" d'ici la rentrée. A la fin de l'été, un sommet se tiendra en Italie avec la chancelière allemande Angela Merkel et le président du Conseil italien Matteo Renzi pour arrêter une position commune.
François Hollande devrait donc se saisir de son entretien de ce mercredi pour s'affirmer en défenseur d'une Union européenne plus solidaire, plus efficace et plus démocratique. Un costume qu'il avait déjà revêtu il y a exactement un an, lors de sa dernière interview du 14 juillet.
Surfant sur le Grexit, Hollande voulait un parlement de l'Eurogroupe
Le contexte était certes bien différent. A l'époque, l'Europe sortait à peine du Grexit, un accord conclu entre Athènes et et ses créanciers ayant mis fin aux spéculations sur une sortie de la Grèce de la zone euro. "Si la Grèce sortait de la zone euro, c'était la moitié de ce qui avait été prêté à la Grèce par la France qui était perdu", s'était félicité le chef de l'Etat lors de son interview du 14 juillet en plaidant pour une nouvelle étape dans la construction européenne.
Tirant les leçons du Grexit, François Hollande promettait alors de faire des "propositions" pour la création d'un "gouvernement économique européen", avec un "budget" et un "parlement" de la zone euro. "Ce qui nous menace, ce n'est pas l'excès d'Europe mais son insuffisance", écrivait-il quelques jours plus tard dans une tribune publiée dans Le JDD, avançant l'idée d'une "avant-garde" de la zone euro.
Un an plus tard, ces chantiers n'ont peu ou pas du tout avancé, faute d'une véritable entente entre la France et l'Allemagne. Le Brexit a-t-il changé la donne? Il se pourrait au contraire qu'il attise les divergences. Le SPD allemand a certes rejoint François Hollande et les institutions européennes sur le principe de transformer la Commission européenne en "un véritable gouvernement européen". L'idée d'une intégration renforcée plus flexible sur la question des déficits séduit évidemment la France et l'Italie mais se heurte aux réticences de fond d'Angela Merkel. "L'heure n'est pas aux grandes conventions et réformes des traités", a tranché la chancelière qui se dit "opposée aux grands plans de dépenses publics".
Depuis le coup de tonnerre de la victoire du "Leave" outre-Manche, la Commission européenne et l'Eurogroupe n'ont donc rien changé de leurs habitudes. L'Espagne et le Portugal sont depuis directement visés par des sanctions financières inédites faute de progrès suffisant dans la maîtrise de leur déficit budgétaire. Une stricte "application des règles" soutenue par Berlin et critiquée par Paris.
Faute d'avoir réussi en 2015, François Hollande devra redoubler d'habileté s'il veut relancer l'Europe dans le peu de temps qu'il lui reste.