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Pourquoi dans mon pays on continue de s'immoler?

Cinq ans révolus depuis l'immolation tragique de Mohamed Bouazizi, la première étincelle du soulèvement populaire suivi de la fuite inopinée de Ben Ali.
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Cinq ans révolus depuis l'immolation tragique de Mohamed Bouazizi, la première étincelle du soulèvement populaire suivi de la fuite inopinée de Ben Ali.

Certains discréditent la révolution tunisienne la désignant de coup d'État avec la complicité de mains étrangères. D'autres continuent à s'accrocher à une révolution plus ou moins trahie par les propres enfants de la patrie.

Ce que nul n'est en droit de contester, c'est qu'il est impossible de composer avec la colère grandissante d'un peuple. Il est impensable de pouvoir longtemps la contenir lorsque rien n'appelle à la vérité et à la garantie de non-répétition du passé.

Un constat terrible peint notre quotidien. Un malaise général sans fin va en grandissant et un immense sentiment d'impuissance tente de nous faire définitivement baisser les bras.

Les mêmes impasses sociales. Un taux de chômage de plus en plus élevé. Une inflation des prix sans précédent. La corruption bat son plein comme jamais auparavant. Les ordures, la saleté, les rixes et le vol noient le quotidien du Tunisien.

Des parents démissionnaires devant la violence en recrudescence des jeunes qu'on ne comprend plus. Drogues à l'actif, addiction, sports violents et un taux élevé d'échec scolaire. Engrenages, conduites à haut risque avec un commerce juteux des réseaux de l'immigration clandestine vers de faux Eldorados européens ou pire encore vers les zones de trouble et l'endoctrinement sous la bannière de Daech.

«Et l'on comprend aisément pourquoi ce peuple s'acharne ainsi contre lui-même et se punit. Convaincu que c'est la seule liberté qui lui reste!»

Mon pays compte parmi les plus hauts exportateurs de migrants clandestins, toutes destinations confondues.

Un malaise qui n'a pas cessé d'enfler sous différentes formes où la société tunisienne est en train de perdre au change femmes, hommes et enfants.

Beaucoup de suicides, toutes tranches d'âge confondues, mais un passage à l'acte encore plus marqué chez les jeunes.

Des formes de suicide des plus violentes où le suicidé semble vouloir défrayer par la violence de son acte la chronique de ce jour et des jours à venir. L'immolation reste de loin la plus dramatique.

Un break down généralisé. Pertes d'idéaux et de valorisation. Islamisme d'une société musulmane en régression. Faux problèmes et complots qui acculent et détournent de l'essentiel la majorité. Un paysage politique effarant où les loups se cherchent, mais ne se désavouent jamais.

Des citoyens déroutés, déstabilisés, tourmentés par de sordides enjeux purement politiques, des intérêts cupides et des rapports de force hideux.

Un douloureux sentiment d'avoir été piégés par un libre arbitre houleux. Un sentiment d'usure, de fatigue, de laissez- aller, d'angoisse permanente et d'impuissance est le maître mot.

Et l'on comprend aisément pourquoi ce peuple s'acharne ainsi contre lui-même et se punit. Convaincu que c'est la seule liberté qui lui reste!

Ce billet de blogue a initialement été publié sur Al Huffington Post Tunisie.

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