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« Poutine veut prendre sa revanche sur l’Occident »

Dans un entretien, le directeur de l’Ifri, Thomas Gomart, commente les différends actuels entre l’Otan et la Russie.

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Thomas Gomard, directeur de l’Institut français des relations internationales, estime que le comportement du régime russe a remis en question la stabilité de l’Europe

Par Jacques Hubert-Rodier

Publié le 14 juil. 2016 à 17:41

« La Russie est à la fois un adversaire et un partenaire. » Alors que l’Otan a tenté de renouer un dialogue avec Moscou mercredi, Thomas Gomart, le directeur de l’Ifri (Institut français des relations internationales) estime qu’« il ne peut pas y avoir de sécurité européenne sans la participation de la Russie. Mais le comportement de la Russie a remis en cause la stabilité en Europe. » Que ce soit en Ukraine et en Géorgie, que ce soit face aux pays de l’Otan avec des survols sans avertissement préalable au-dessus de la mer Baltique et de la mer Noire. Ce comportement plus agressif prend aussi la forme « d’ingérences politiques dans certaines capitales étrangères », notamment à travers des partis politiques.

Fondamentalement, en Russie il existe « le sentiment d’un déclin de l’Occident, qui se traduit par des anticipations sur la non-viabilité du projet européen et sur un affaiblissement des Etats-Unis », ajoute Thomas Gomart. Et le Brexit ne peut que conforter ce sentiment. Pour les Russes, « la domination du monde occidental sur les affaires mondiales est révolue ». Mais ces interprétations, erronées notamment sur les Etats-Unis, peuvent devenir une « source d’erreur de calcul et d’anticipation ».

Le déploiement de systèmes de défense antiaérienne et de missiles comme les missiles sol-air S-400 à Kaliningrad, l’enclave russe située aux confins de la Pologne et de la Lituanie, « démontrent que les Russes sont capables de faire du déni d’accès et d’entretenir une forme de confusion stratégique ». En tout cas, depuis la crise ukrainienne, en mer Noire « la puissance dominante est la Russie. C’est un sacré revers pour l’Otan, qui, après son élargissement à la Bulgarie et la Roumanie, pensait s’imposer dans cette zone. En Baltique, la situation est différente, mais Vladimir Poutine pourrait toujours être tenté de tester la crédibilité de l’organisation par des actions non linéaires, et donc la solidité de l’article 5 sur la solidarité collective des 28 ».

Nouvelle situation militaire

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Et il y a une raison bien plus profonde : « Le Kremlin a remis en cause l’ordre né après 1991, car il n’accepte pas que les Etats-Unis puissent se considérer comme les vainqueurs de la guerre froide. S’il arrivait, d’une manière ou d’une autre, à prouver que l’Otan n’était pas si forte qu’elle le prétend, le président russe prendrait une revanche historique. » Militairement, la situation a changé. « L’Al­liance atlantique a été ainsi surprise par la montée en puissance des forces spéciales, aériennes et navales russes ». Sans oublier que « la campagne de Syrie a permis à Moscou de démontrer son savoir-faire militaire et de faire valoir son armement ».

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