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Les Grandes Gueules

Nice: "L'opération Sentinelle est inutile, cette guerre ne se gagnera pas avec des moyens militaires"

Depuis les attentats de janvier 2015, jusqu'à 10.000 militaires ont été mobilisés dans le cadre de l'opération Sentinelle.

Depuis les attentats de janvier 2015, jusqu'à 10.000 militaires ont été mobilisés dans le cadre de l'opération Sentinelle. - AFP

Après l'attaque de Nice jeudi, le général Vincent Desportes, ancien directeur de l'Ecole de guerre a dressé vendredi dans les Grandes Gueules un constat d'échec de l'opération Sentinelle, mise en place après les attentats de janvier 2015. Pour lui, elle contribue à épuiser les forces armées, qui devraient être concentrées sur les terrains extérieurs.

L'attaque de Nice jeudi soir sur la promenade des Anglais un acte "dont le caractère terroriste ne peut être nié" pour François Hollande. Juste après l'attaque, le chef de l'Etat a annoncé la prolongation de l'état d'urgence et appelé en renfort la réserve opérationnelle, constituée d'anciens militaires ou gendarmes.

Mais pour le général Vincent Desportes, la réponse au terrorisme sur le territoire national ne peut pas être militaire. La nouvelle attaque de jeudi soir en est pour lui la preuve, la mobilisation de l'armée n'est pas efficace. Il met notamment en cause l'opération Sentinelle mise en place après les attentats de Charlie Hebdo et qui a mobilisé jusqu'à 10.000 hommes.

"Elle est inutile, résume-t-il vendredi dans les Grandes Gueules. Est-ce que Sentinelle a empêché le Bataclan? Non. On a rajouté 3.000 hommes, est-ce que ça a empêché Nice? Non. Et ça n'empêchera pas le prochain attentat", prévient le militaire. 

La guerre "ne se gagnera pas avec des moyens militaires"

Pour lui, cette mobilisation en patrouille sur le territoire national n'a contribué qu'à "user l'armée". Il estime qu'au lieu d'affecter les soldats à des "missions inutiles", "les moyens militaires doivent se concentrer sur l'action extérieure au Sahel et au Levant".

"Je crois qu'il faut bien comprendre qu'il s'agit de la même guerre sur trois théâtres différents. Il y a le Sahel, le théâtre du Levant avec l'Irak et la Syrie et puis il y a le théâtre intérieur. Comme toutes les guerres, elle doit être conduite sur tous les théâtres où se trouve l'adversaire, mais pas avec les mêmes moyens", juge-t-il.

Le général Desportes en est persuadé, "la guerre sur le territoire national ne se gagnera pas avec des moyens militaires" qui sont pour lui "des réponses à court terme". 

"Il y a évidemment une faute dans l'amélioration du système de renseignement français. Les conséquences n'ont été tirées ni de Charlie Hebdo, ni du Bataclan, on a pris des mesures cosmétiques", estime-t-il.

"Il faut travailler aux sources de cette violence"

Un constat que vient appuyer le rapport parlementaire rendu début juillet et qui préconisait une refonte des différents services de renseignement. Mais il le reconnaît, même de meilleurs services de renseignement ne pourront jamais être totalement efficaces. 

"Quoi qu'il arrive, vous n'aurez pas de renseignement sur tous les gens qui peuvent commettre le genre d'attentat d'hier. Au lieu de disperser les efforts dans la recherche ponctuelle du renseignement, il faut aller travailler aux sources de cette violence: les mosquées avec des sermons radicaux, les prisons etc. On ne pourra arrêter le produit, donc il faut arrêter la production de la violence", poursuit-il.

A l'approche de l'élection présidentielle, il espère que les candidats seront à la hauteur et apporteront une réponse adaptée: "on a une année qui va être extrêmement difficile, les futurs candidats doivent arrêter de se battre".

C. B