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Santé

Pour l'ONU, l'épidémie de Sida risque de rebondir à cause de la Russie

80% des nouveaux cas de Sida enregistrés ces 5 dernières années ont été signalés en Russie, où les pouvoirs publics préfèrent se focaliser sur le traitement du sida que sur sa prévention.
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En 2015, le nombre de séropositifs en Russie a dépassé la barre du million
En 2015, le nombre de séropositifs en Russie a dépassé la barre du million
(c) Afp

L'épidémie de sida, qui régressait régulièrement depuis de nombreuses années dans le monde, risque de rebondir en raison notamment d'une nette augmentation des nouveaux cas en Russie, a averti l'ONU dans un rapport. Selon ce document de 286 pages rendu public mardi par l'Onusida, on évalue à 1,9 million le nombre des adultes qui ont été contaminés par le VIH chaque année entre 2010 et 2015. Malgré un déclin constant de l'épidémie depuis son "pic" atteint en 1997, il y a encore 36,7 millions de personnes dans le monde qui vivent avec le virus, la plupart en Afrique sub-saharienne. En revanche, la contamination chez les enfants a été réduite de plus de 70% depuis 2001 et continue de reculer. L'ONU s'est fixé pour objectif de mettre fin à l'épidémie en 2030. Mais depuis 2010, le mouvement de baisse a atteint un palier et s'est même nettement inversé dans certaines régions. "Cette situation me fait peur et nous devons agir rapidement", a déclaré Michel Sidibé, directeur de l'Onusida, au cours d'une conférence de presse à Genève. "Sinon, l'épidémie pourrait une nouvelle fois causer des pertes humaines et économiques énormes".

KAZATCHKINE. Sur ce sujet, retrouvez également l'entretien accordé en novembre 2015 à Sciences et Avenir par Michel Kazatchkine - "La santé, une question éminemment politique" -, ancien directeur du Fonds global pour la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme était à Budapest pour le World Science Forum, entre le 4 et le 7 novembre 2015.

La Russie montrée du doigt

C'est en Europe de l'Est et en Asie centrale que le nombre des nouveaux cas a explosé (+57%) ces cinq dernières années : 80% d'entre eux ont été signalés en Russie et 10% en Ukraine. Les pouvoirs publics russes préfèrent en effet se focaliser sur le traitement du sida que sur sa prévention. La Russie a ainsi banni la méthadone, substitut à l'héroïne qui, pour nombre de spécialistes, réduit le risque de contamination chez les toxicomanes. Moscou réprime également l'homosexualité. En 2015, le nombre des séropositifs en Russie a dépassé la barre du million, et plus de 200.000 d'entre eux sont déjà morts, selon le Centre fédéral russe de la lutte contre le sida. Le rapport de l'Onusida rappelle que les personnes les plus exposées sont les homosexuels, les prostituées et leurs clients, les transsexuels, les consommateurs de drogues injectables et les prisonniers.

"Si vous ne contrôlez pas l'épidémie au sein de ces groupes, parce que vous les marginalisez, parce que vous les excluez, parce que vous les criminalisez (…) vous allez avoir l'infection qui va s'étendre à l'ensemble de la population", a mis en garde M. Sidibé. Le nombre des cas de VIH a également augmenté dans les Caraïbes (+9%), au Moyen-Orient, en Afrique du Nord (+4% dans ces deux régions) et en Amérique Latine (+2%) entre 2010 et 2015. Il a en revanche diminué de 4% en Afrique de l'Est et australe et de 3% en Asie-Pacifique, alors que la baisse restait marginale en Europe occidentale et centrale et en Amérique du Nord. Depuis l'apparition de l'épidémie il y a plus de 30 ans, 35 millions de personnes sont mortes de maladies liées au VIH.

La prévention en attendant un vaccin

La prévention est la seule façon de juguler l'épidémie, en attendant un vaccin ou un traitement, souligne le rapport. L'Onusida estime que les hommes qui ont des relations homosexuelles et les toxicomanes qui s'injectent des drogues ont 24 fois plus de risques d'être contaminés que le reste de la population. Les personnes qui se livrent à la prostitution ont quant à elles un risque multiplié par 10. "Mais si des gens ne se sentent pas en sécurité ou ne peuvent pas avoir accès aux services de prévention, nous ne viendrons pas à bout de cette épidémie", a averti M. Sidibé. Le rapport souligne sur ce point que les trois quarts des nouveaux cas enregistrés parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans en Afrique sub-saharienne concernent des adolescentes ou des jeunes femmes, qui n'ont pas accès aux services de lutte contre le sida et sont stigmatisées. "Nous avons une fenêtre d'opportunité de cinq ans. Si nous la manquons, nous allons assister à un rebond de l'épidémie et nous ne serons pas capables d'y mettre fin d'ici à 2030", a souligné M. Sidibé.

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