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Tour de France

Mark Cavendish sous haute surveillance

Tour de France 2016dossier
Le vainqueur de la 13e étape du Tour de France samedi, le sprinter le plus titré de toute l’histoire, est régulièrement soupçonné de s’accrocher aux voitures dans les cols. Son entourage dément.
par Pierre Carrey, Envoyé spécial sur le Tour
publié le 16 juillet 2016 à 22h14

Sur ses sprints, il n'y a rien à dire. Mark Cavendish (Team Dimension Data), est l'homme le plus rapide du peloton actuel et l'un des sprinteurs les plus prolifiques de l'histoire du Tour de France, comme il l'a démontré ce samedi en remportant la 13e étape entre Montélimar (Drôme) et Villars-les-Dombes (Ain). Il s'agit de son 4e succès dans le Tour 2016 depuis le départ du Mont Saint-Michel il y a deux semaines, son 30e succès d'étape au total. C'est mieux qu'Hinault, moins bien que Merckx. «Je suis comblé», a déclaré Cavendish, le coureur originaire de l'île de Man, 31 ans.

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Cette domination sur les étapes plates s'accompagne toutefois depuis cinq ans de rumeurs de tricheries dans la montagne, que le sprinter et son équipe entendent combattre. Plusieurs coureurs et directeurs sportifs dans le peloton actuel du Tour ont indiqué à Libération qu'ils «s'interrogent sur la façon dont Cavendish grimpe les cols». Ils pointent en particulier l'étape Pau-Luchon de 8 juillet, où le sprinter était distancé du gruppetto, le peloton des attardés, mais était parvenu à revenir en bonne place, évitant ainsi de terminer hors délai.

«On voit à son visage qu’il se fait vraiment mal dans la montagne»

Cavendish est régulièrement accusé de monter les cols «accroché à un bidon» depuis le Tour d'Italie et le Tour de France 2011, en particulier par les coureurs de l'équipe espagnole Movistar. Le champion britannique a toujours contesté ces allégations. L'acte de se faire tracter par un véhicule, accroché à la portière ou à un bidon est sanctionné par le règlement de l'Union cycliste internationale, les cas les plus graves (longue distance, tricherie répétée) pouvant déboucher sur une exclusion de la course. L'Italien Vincenzo Nibali (Astana) avait été mis hors course du Tour d'Espagne 2015 pour cette violation du règlement. Pour l'heure, il n'existe aucune preuve que Cavendish utilise le moindre de ses procédés. L'un de ses concurrents déclare à Libération de «pas avoir de doute», soulignant : «On voit à son visage qu'il se fait vraiment mal dans la montagne».

Pas de constat de tricherie non plus de la part des commissaires de l'UCI qui, selon nos sources, placent systématiquement une moto de surveillance aux côtés du Britannique dans la montagne, en raison de sa «réputation».

«Ces insinuations sont ennuyeuses»

Le Team Dimension Data, à laquelle appartient Cavendish, affirme vouloir «protéger l'image de [son] coureur et celle du Tour de France» en filmant chaque ascension de col. Le directeur Roger Hammond précise ainsi à Libération : «Je reste derrière Mark dans chaque col et je tourne des vidéos. Ainsi, si quelqu'un émet le moindre doute sur sa sincérité, nous pourrons visionner les bandes. Ces insinuations sont ennuyeuses et pourraient donner lieu, pourquoi pas, à des plaintes en diffamation».

L'équipe, basée en Afrique du Sud, souligne par ailleurs qu'elle «sacrifie» dans la montagne quatre de ses neuf coureurs pour rester aux côtés de Mark Cavendish : Bernhard Eisel, Edvald Boasson Hagen, Steve Cummings et Reinard Janse Van Rensburg. «Pourquoi détacher quatre coureurs auprès de Mark s'il roule vraiment abrité derrière une voiture ou s'il s'accroche à un bidon ?», poursuit le directeur sportif.

Cavendish, qui a rendez-vous dimanche avec une étape difficile dans le Jura (la double ascension du Colombier), sera donc épié par ses concurrents et les arbitres de l’UCI la semaine prochaine au cours des trois journées alpestres. Le Britannique espère passer la montagne pour atteindre les Champs-Elysées, gonfler son palmarès d’encore deux étapes de plus. Et polir, sinon restaurer, sa réputation de champion cycliste.

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