LES PLUS LUS
Publicité
Publicité

"Hollande a ressorti les mêmes recettes"

Georges Fenech (second à partir de la gauche) lors d'une visite au Bataclan le 20 juin dernier.
Georges Fenech (second à partir de la gauche) lors d'une visite au Bataclan le 20 juin dernier. © BENOIT DOPPAGNE / BELGA MAG / BELGA / AFP
Interview Adrien Gaboulaud

Le député Les Républicains Georges Fenech, président de la commission d'enquête parlementaire établie après les attentats du 13 novembre 2015, estime que le gouvernement est incapable de revoir sa politique en matière de renseignement, malgré la menace.

Paris Match. Quelques heures après l’attaque du 14 juillet à Nice, vous avez eu des propos sévères contre le gouvernement. Pourquoi?
Georges Fenech. Le président de la République nous a ressorti les mêmes recettes. Etat d’urgence, force Sentinelle et frappes aériennes, on avait déjà entendu cela au mois de novembre. J’ai présidé une commission d’enquête parlementaire qui a travaillé pendant cinq mois, en dehors des clivages politiques. Nous avons remis des conclusions, fait des préconisations, et personne ne nous entend. Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, s’est contenté de faire une note de douze pages pour nous dire «circulez, il n’y a rien à voir».

Publicité

Couverture: A Nice, la tragédie (n°3505)

La suite après cette publicité

Vous déplorez une «guerre des polices». A quoi ont servi les réformes menées depuis dix ans?
Il y a des services qui sont très attachés à leur identité, ce que je peux comprendre, mais l’état de la menace est tel qu’il va bien falloir qu’on unife nos forces. On n’a plus le droit, aujourd’hui, de travailler sans véritable coopération. C’est valable pour la France mais aussi pour l’Europe. L’affaire Salah Abdeslam le prouve. Le 14 novembre 2015 à 9 h 10, il est interpellé par des gendarmes à Cambrai, qui interrogent un fichier belge dans lequel le nom d’Abdeslam est présent pour des faits de droit commun mais rien sur les informations dont disposait la Belgique sur sa radicalisation. Il faut qu’il y ait un véritable renseignement européen.

La suite après cette publicité

L’armée doit-elle continuer à jouer un rôle de sécurisation, comme elle le fait dans le cadre de l’opération Sentinelle?
Les militaires sont faits pour faire la guerre, pas de la sécurisation civile. Le moral des troupes est très bas. Ces militaires que l’on voit dans les gares, surarmés, n’ont même pas le droit de faire usage de leur Famas [fusil d’assaut]. On l’a vu au Bataclan: huit militaires de Sentinelle étaient là, qui n’ont pas reçu l'ordre de tirer, alors que les terroristes utilisaient des kalachnikovs. Un policier de la Bac a même voulu emprunter une de ces armes, mais un militaire ne peut pas abandonner son fusil. A quoi sert cette force de 10 000 hommes? Uniquement à tranquilliser? Il serait peut-être plus utile de recruter 2000 à 3000 gendarmes et policiers supplémentaires.

"

Daech a déjà anticipé sa chute et se prépare à réapparaître sous une autre forme

"

La prolongation annoncée de l’état d’urgence verra le retour des perquisitions administratives, réalisées sans l’autorisation d’un magistrat. Qu’en pensez-vous?
Nous allons voter cette mesure. Les perquisitions administratives ont une utilité les premiers jours, même s’il est vrai que celles réalisées après le Bataclan ont abouti à davantage d’affaires de droit commun que de terrorisme proprement dit.

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité

François Hollande a de nouveau évoqué des frappes contre Daech. Faut-il, selon vous, intervenir au sol en Syrie et en Irak?
Ça peut présenter plus d’inconvénients que d’avantages. Si on met des troupes au sol, on va alimenter l’idée selon laquelle il s’agit d’une croisade. Le problème doit être réglé par les sunnites et les chiites, avec l’appui de nos forces aériennes. De toute façon, Daech va tomber, c’est une question de quelques mois. Ça ne veut pas dire que les attentats vont cesser, car ils ont déjà anticipé la chute et se préparent à réapparaître sous une autre forme.

A lire: Couac entre Cazeneuve et Hollande

Jusqu’où est-il possible d’aller en matière de lutte antiterroriste sans renier les libertés fondamentales de la république?
Nous sommes face à une situation exceptionnelle qui réclame des moyens exceptionnels. S’il faut modifier la Constitution, on le fera. Il faut maintenant anticiper le retour des 2 000 djihadistes partis en Syrie. On ne peut pas les lâcher dans la nature, il faut des centres fermés pour ces gens endoctrinés, dont certains ont pu commettre des choses épouvantables. Je crois qu’il faut sacrifer un peu de sa liberté au profit de la sécurité.

Contenus sponsorisés

Publicité