Le monde se rue en Auvergne

En 2016, le guide Lonely Planet a fait de l'Auvergne un de ses coups de cœur. Les touristes y affluent depuis le bout du monde. Restaurateurs et hôteliers se frottent les mains.

    Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme)

    De nos envoyés spéciaux

    Au cœur de la diagonale du vide, l'Auvergne (Allier, Puy-de-Dôme, Cantal, Haute-Loire) attire de plus en plus les touristes. Français, européens et même... touristes dits « long-courriers », arrivés d'un autre continent ! La région regorge d'atouts et elle sait les mettre en avant. Aujourd'hui, la chaîne des Puys espère d'ailleurs faire son entrée dans la prestigieuse liste du Patrimoine mondial de l'Unesco, aux côtés du mont Everest (Népal), du Grand Canyon (Etats-Unis) ou de la Grande Barrière de corail (Australie).

    L'Auvergne plaît tant que Lonely Planet, premier éditeur de guides de voyage au monde, véritable bible des touristes anglo-saxons (son site Internet compte 10 millions de visiteurs mensuels), l'a classée en sixième position dans son top 10 2016 des régions à visiter. L'impact a été immédiat pour les restaurateurs et les hôteliers. Chinois, Japonais, Américains, Australiens pointent le bout de leur nez. Mais surtout, le B2B — « business to business », c'est-à-dire les activités entre entreprises — se met en place à vitesse grand V. Elus locaux, hôteliers et restaurateurs préparent les offres — séjours clés en main, voyages de comités d'entreprise, visites guidées en langues étrangères, etc. — qui, d'ici quelques mois, devraient faire affluer vers l'Auvergne de nombreux visiteurs long-courriers.

    La nouvelle grande région (Auvergne - Rhône-Alpes) entend profiter de l'opportunité. Si Lyon et les Alpes bénéficient déjà d'une clientèle extra-européenne, le phénomène est nouveau pour l'Auvergne. Il nécessite des investissements, c'est pourquoi le conseil régional met la main à la poche (budget tourisme en hausse de 7 %). Restaurateurs et hôteliers, eux, se frottent les mains. Bruno Pichon, le patron de l'Alambic, un restaurant du centre-ville de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), a déjà fait découvrir « l'aligot et la truffade à des touristes chinois et coréens ». Les visiteurs venus de loin « goûtent les spécialités »... sans regarder à la dépense.

    Plus au sud, à Pailherols (Cantal), village de 160 âmes, l'Auberge de la Montagne est le plus gros employeur, avec 20 salariés. Vincent Fages, 38 ans, déborde de projets. Il vient de retaper le buron, « l'ancienne ferme d'estive dans la montagne où l'on fabriquait le salers, un fromage local ». L'ex-ruine est désormais un gîte superbe. Tout un symbole. Et d'autres burons n'attendent que ça... Il y a quelques semaines, Vincent Fages s'est rendu au salon Green France, à Clermont-Ferrand, où étaient réunis plusieurs centaines de tour-operateurs du monde entier. Son auberge et son buron y ont remporté un franc succès.

    Mais que viennent chercher les touristes en Auvergne ? « Un territoire et un terroir, la nature et l'authenticité », répond un randonneur. Bruno Avignon, le directeur de l'agence de développement économique du Cantal, insiste, lui, sur la façon dont la région a habilement su changer son axe de communication. « C'était l'Auvergne du XIXe siècle : le musée de la Faucheuse, le bougnat et le béret... J'en avais ras le bol, car je ne me sens pas plus plouc qu'un autre. Nous avons décidé de mettre en avant notre ADN : la naturalité. Ceux qui aiment le vert sont mieux chez nous qu'à Center Parcs, dans un village de nature préfabriquée à la sortie d'une autoroute... »

    Les Français aussi redécouvrent leur territoire, et plébiscitent l'Auvergne. Mais ils doivent faire vite, car ils devront bientôt la partager. Au Puy-de-Dôme, le pli est déjà pris. A la gare du panoramique des Dômes (le petit train qui monte au sommet du puy de Dôme), un immense panneau remercie les visiteurs dans les langues du monde entier : Grazie ! Takk ! Ngiyabonga ! Mèsi ! Sulpày !