Nucléaire : l’ASN suspend un réacteur de Fessenheim
Le réacteur n°2 est maintenu à l'arrêt en raison d'une anomalie détectée sur un générateur de vapeur de la centrale nucléaire présentant une irrégularité de fabrication.
Par Anne Feitz
Nouveau revers pour EDF et Areva. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a suspendu mardi le certificat d’aptitude d’un générateur de vapeur de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin), suspendant de fait l’exploitation du réacteur correspondant. Cette décision fait suite aux irrégularités découvertes dans les processus de l’usine du Creusot. La fabrication d’une pièce du générateur, la « virole basse », « n’a pas été menée conformément au dossier technique remis à l’ASN et aux règles de l’art. […] La connaissance de cette non-conformité, sans justification particulière, aurait conduit l’ASN à ne pas délivrer de certificat d’épreuve », explique l’autorité dans son communiqué.
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Cette suspension est prise à titre de précaution, en attendant qu’Areva justifie la conformité de son générateur de vapeur à la réglementation. L’ASN a demandé à l’équipementier de lui présenter la démarche qu’elle compte adopter pour cela.
Areva prend acte
Dans un communiqué séparé, Areva a pris acte de la décision de l’ASN. Le groupe a indiqué que, si les analyses techniques conduites jusqu’à présent montraient « que l’anomalie n’était pas préjudiciable à la sûreté », une pièce similaire venait d’être coulée et forgée au Creusot afin d’effectuer les tests nécessaires et « valider ses caractéristiques mécaniques et chimiques ». Ces tests pourraient durer « jusqu’à fin août », précise une porte-parole d’Areva. Il faudra ensuite le temps à l’ASN d’instruire le dossier afin de délivrer le certificat.
EDF avait arrêté le réacteur correspondant mi-juin, suite aux premières études ayant suivi la découverte de falsifications au Creusot. Le groupe précise qu’un arrêt de tranche était de toute façon programmé cet été pour maintenance, avec une reprise prévue fin août. Ces nouveaux déboires pourraient en retarder le redémarrage de « quelques semaines », explique-t-on dans le groupe.
Contrôle des injections d’argent public
Par ailleurs la Commission européenne a annoncé l’ouverture d’une enquête approfondie sur le financement de la restructuration d’Areva par l’Etat français. « La Commission se doit d’examiner attentivement si son plan de restructuration est solide et si les aides d’Etat ne faussent pas indûment la concurrence dans le marché unique », a précisé Margrethe Vestager, la commissaire européenne à la Concurrence. Il s’agit essentiellement de « vérifier si les hypothèses du plan de restructuration » sont « suffisamment réalistes dans le long terme » pour qu’Areva continue ses activités « sans injections continues d’argent public ». D’autre part, il souhaite s’assurer que le groupe lui-même contribue aux coûts de sa restructuration. Enfin, Bruxelles veut être sûr que les aides d’Etat octroyées par la France ne créent pas des distorsions de concurrence.