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Le journaliste biélorusse Pavel Cheremet assassiné à Kiev

Le directeur exécutif du site Ukraïnska Pravda, l’un des médias du pays les plus critiques vis-à-vis des pouvoirs politique et économique, est mort mercredi dans l’explosion de la voiture qu’il conduisait.

Par  (envoyé spécial à Moscou)

Publié le 20 juillet 2016 à 10h51, modifié le 20 juillet 2016 à 13h05

Temps de Lecture 2 min.

Investigateur infatigable, célébré pour sa droiture et son professionnalisme, le journaliste Pavel Cheremet est mort à Kiev, mercredi 20 juillet, à 7 h 45, dans l’explosion de la voiture qu’il conduisait. Le séisme que risque de provoquer cet assassinat est à la hauteur de la carrière de Cheremet. Journaliste de 44 ans, d’origine biélorusse, il avait longtemps travaillé en Russie avant de choisir de s’exiler en Ukraine, où il avait repris son rôle favori, celui de poil à gratter des pouvoirs en place, politiques autant qu’économiques.

Mercredi matin, le président ukrainien, Petro Porochenko, a évoqué une « terrible tragédie » et un « choc », pendant que la cheffe de la police ukrainienne, Khatia Dekanoidze, proche de la victime, assurait faire de cette enquête « une question d’honneur ». Pour l’heure, la police se dit seulement capable de confirmer la thèse d’un « assassinat prémédité », évoquant une bombe placée sous le siège du conducteur.

Le journaliste Pavel Cheremet est mort à Kiev, mercredi matin 20 juillet, dans l’explosion de la voiture qu’il conduisait.

Grande figure du journalisme ukrainien

L’enquête s’annonce d’autant plus difficile que la voiture, qui a explosé en plein centre de Kiev, à 7 h 45, après avoir parcouru quelques dizaines de mètres, n’appartenait pas à Pavel Cheremet, mais à sa compagne, Alena Pritoula. Celle-ci est une autre grande figure du journalisme ukrainien, directrice du site Internet Ukraïnska Pravda, l’un des médias du pays les plus critiques vis-à-vis du pouvoir, et dont les enquêtes écorchent régulièrement la réputation des grands oligarques du pays.

Pavel Cheremet travaillait pour cette publication et animait également une émission matinale sur la radio en langue russe Vesti.

Mme Pritoula avait cofondé Ukraïnska Pravda en 2000 avec Gueorgui Gongadze, dont l’assassinat, la même année, avait profondément bouleversé l’Ukraine et constitué l’un des ingrédients du déclenchement de la « révolution orange », en 2004. Quelle que soit la direction que prendra l’enquête, l’ombre de Gongadze pèsera sur celle-ci, ainsi que la perspective d’une crise politique d’importance en Ukraine.

Pavel Cheremet animait également une émission matinale sur la radio en langue russe Vesti.

Sinueuse carrière aux nombreuses distinctions

Avant de travailler pour Ukraïnska Pravda, dont il était devenu le directeur exécutif, Pavel Cheremet aura connu une longue et sinueuse carrière. Né en 1971 à Minsk, il a longtemps travaillé, après l’indépendance de 1991, pour la télévision biélorusse et pour le bureau local de la télévision d’Etat russe. En Biélorussie, il se trouve rapidement en butte avec le pouvoir d’Alexandre Loukachenko, qui l’emprisonnera brièvement en 1998, avant de le priver de sa nationalité en 2010.

En Russie, le journaliste rejoint les cercles libéraux, devenant notamment l’ami du dirigeant d’opposition Boris Nemtsov, assassiné en février 2015. Il collabore au journal Ogoniok et à la télévision REN-TV, alors encore indépendante. La détérioration du climat politique en Russie le pousse à un nouvel exil en 2012. A partir de 2014, il commence sa collaboration avec Ukraïnska Pravda. Vif, de caractère joyeux mais entier, Pavel Cheremet avait reçu de nombreuses distinctions, célébrant notamment son courage professionnel.

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