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RDC

Au Nord-Kivu, reconstruire les routes pour lutter contre la pauvreté

Des habitants bénévoles et des salariés d'une association congolaise travaillent à la rénovation d'une route entre Kalimba et Kiribata dans le Nord-Kivu. Photo PAP-RDC.
Des habitants bénévoles et des salariés d'une association congolaise travaillent à la rénovation d'une route entre Kalimba et Kiribata dans le Nord-Kivu. Photo PAP-RDC.
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Une association locale du Nord-Kivu met en place un vaste plan de réhabilitation des routes et des ponts qui desservent les villages isolés de cette province rurale. L’objectif : permettre aux habitants de rejoindre plus facilement les centres de consommation pour favoriser les échanges commerciaux de produits agricoles et leur permettre d’accroître leur niveau de vie et de lutter contre l’insécurité alimentaire.

Quelques chiffres permettent de comprendre tout l’enjeu de ce projet : en 2014, la population du Nord-Kivu était estimée à environ 6,5 millions d’habitants, dont 88 % vivant en milieu rural. Selon une étude de 2015 du Fonds international de développement agricole, le secteur agricole représente 40 % du PIB de la région. Mais 54 % de la population vit sous le seuil de pauvreté et le pouvoir d’achat des populations est très faible, autour de 42 dollars (environ 38 euros) par mois pour un ménage de cinq personnes.

Cette pauvreté est notamment due à la mauvaise desserte routière de la région, qui rend les marchés plus difficiles d’accès et isole d’autant plus les habitants de ces villages qui ne peuvent ni écouler leurs récoltes, ni diversifier leur alimentation en achetant d’autres produits.

Il fallait donc désenclaver cette province afin de dynamiser l’économie locale. Et c’est ce que s’emploie à faire depuis avril 2016 l’association PAP-RDC, qui a lancé plusieurs chantiers de rénovation et de création d’infrastructures routières aux alentours du village d’Alimbongo, situé à quelques kilomètres des frontières avec l’Ouganda et le Rwanda.

L'association reconstruit notamment des ponts pour donner accès aux espaces isolés. Photo PAP-RDC.

"Les trajets sont très longs et dangereux"

Mais qui sont les personnes derrière cette association ? Pierre Kananga est le chef de projet pour PAP-RDC.

Cette région est isolée est très mal connectée aux grands axes routiers et aux centres de consommation. Pourtant, la densité de population est relativement élevée [La province connaît de nombreux conflits armés depuis 20 ans. Cernée par deux poches d’insécurité à l’est et à l’ouest, la zone d’Alimbongo, plus préservée, est alors devenue un lieu de concentration de la population, NDLR].

Notre principal objectif est de réduire l’insécurité alimentaire. Dans un premier temps, nous avons aidé les habitants à mieux cultiver, notamment en leur distribuant des semences et des outils (houes, machettes, bèches, brouettes, pulvérisateurs, râteaux). Mais il fallait ensuite leur permettre de vendre leurs produits et aussi d’acheter ceux qu’ils ne peuvent pas produire.

Pour cela, nous travaillons au renforcement des échanges commerciaux entre les villages. Nous avons notamment mis en place des centres de collecte permettant aux agriculteurs de déposer leurs produits pour qu’ils soient vendus dans d’autres zones par des associations locales de paysans. Au total, nous en avons installé 13 dans la zone de santé d’Alimbongo.

Hommes et femmes des villages alentours sont régulièrement associés aux projets. Photo PAP-RDC.

"Garantir un meilleur pouvoir d’achat"

Le plus gros de notre projet est d’améliorer les axes de communication pour faciliter le commerce. La plupart des routes sont en terre battues, il faut donc à la fois désherber, élargir la chaussée et reboucher les trous. Les cantonniers travaillent essentiellement à la main, nous n’avons quasiment aucune machine à disposition. Pour les ponts, les habitants coulent le béton avec des maîtres d’œuvre qui leur expliquent la construction. Pour le reste, les habitants peuvent quasiment tout faire seuls. Nous allons mettre en place dans chaque communauté un comité de gestion des routes qui sera chargé d’installer un petit péage ce qui permettra à chaque communauté d’être autonome et de pouvoir gérer elle-même ses routes.

Dans la région, il y a de nombreux producteurs, notamment de café, d’arachide, de pommes de terre et de haricots. Le problème, c’est qu’ils n’arrivent pas à écouler leur stock et se retrouvent avec des excédents.

Les ponts sont essentiels pour les producteurs afin de livrer leur marchandises dans les villages isolés. Photo PAP-RDC.

Pour faire augmenter les revenus et garantir un meilleur pouvoir d’achat il fallait donc connecter ces villages aux grandes routes qui desservent les principales villes où sont installés les marchés. Jusqu'à maintenant, les agriculteurs ne pouvaient vendre leurs produits que dans leur communauté parce que les routes sont peu nombreuses et en très mauvais état. Du coup les trajets sont longs et dangereux : certains ponts sont presque inutilisables et en période de pluie de grands trous se forment sur les voies.

La population locale a été totalement intégrée dans le projet. Chaque communauté, aidée par les membres de l’association et des maîtres d’œuvre, participe à la reconstruction des axes routiers.

Ces Observateurs se sont engagés pour reconstruire des routes. Et vous, quel est votre engagement ? Venez nous en parler en en cliquant sur l'image ci-dessous !

"Nous offrons aux habitants un petit complément de salaire"

Notre Observateur Socrates Kambale coordonne les équipes de PAP-RDC, les maitres d’œuvre et les populations aux niveaux locaux.

Nous faisons plusieurs types de travaux : nous réhabilitons les routes existantes et nous en créons de nouvelles. Nous nous occupons également de refaire les ponts. Beaucoup sont en bois et très dangereux : nous les refaisons en béton, cela évite au passage de couper des arbres. Il y a une route nationale qui passe dans la zone de santé de Kalimbongo. Notre objectif, c’est que tous les villages aux alentours puissent être raccordés facilement à celle-ci.

La population participe au coulage du béton pour un pont à Tulihi, sur la route Kalimba. Photo PAP-RDC.

"87 kilomètres de routes"

Pour le moment, nous avons fait trois ponts en béton armé d’une capacité de 80 tonnes chacun. Nous avons également réhabilité quatre routes dont une de 17 km. Au total, c’est 87 km de routes qui ont été refaits. Nous travaillons en coopération avec la communauté locale. C’est-à-dire que ce sont les habitants qui reconstruisent tout.

Grâce aux financements que l’on a pu obtenir avec l’aide du ministère allemand des Coopérations économiques et la Diakonie [une fondation évangélique protestante, financée par des dons et par des fonds publics notamment du gouvernement allemand et de la commission européenne, NDLR], nous avons pu rémunérer les habitants à hauteur de 3 dollars (environ 2,70 euros) par jour et par personne. Cela leur faisait déjà un petit complément de salaire.

Par ailleurs, nous avons organisé des séances de formation pour leur expliquer comment maintenir les routes en bonne état et comment les reconstruire simplement en cas de problème. Pour les habitants, c’est un soulagement. Les temps de trajet sont au moins divisés par deux et ils espèrent ainsi dynamiser leur production. La sécurité est donc assurée à plusieurs niveaux : au niveau de la circulation, et au niveau alimentaire.

Les chantiers mobilisent parfois un nombre important de participants désireux de désenclaver les espaces. Photo PAP-RDC.

Bokele Joy, l’administrateur du territoire du Lubero, duquel dépend la zone de santé d’Alimbongo, a validé le projet de l’association PAP-RDC. En temps normal, c’est lui qui est chargé de la réhabilitation des routes locales.

Les routes nationales sont du ressort de l’État central, mais les routes de villages dépendent des territoires. J’ai validé le projet de PAP-RDC parce qu’il venait répondre à un besoin dont nous ne pouvions pas nous charger : nous manquons de moyens pour réhabiliter toutes ces routes. Nous trouvions intéressant de pouvoir en déléguer la gestion aux communautés de villageois. Nous visitons les chantiers de temps à autre, mais nous n’intervenons pas directement dans le projet.

Vous aimez ce projet ? N'hésitez pas à le partager ou à commenter ci-dessous ! Si vous voulez aider cette association, contactez nous à obsengages@france24.com

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